La soirée inaugurale du deuxième Festival de Djemila, dédié au Liban, a été marquée par l’émotion et la présence de grandes figures arabes qui ont tenu à faire le déplacement en guise de solidarité avec le peuple libanais meurtri.
Parrainée par le président de la République, l’édition de cette année, placée sous le slogan « Liban, résistance et défis » ,sera le festival de Baalbeck à Djemila. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a, en compagnie de Bedoui Nouredine, wali de Sétif, remis symboliquement les clés de Djemila à Abdelhalim Caracalla et Marcel Khalifa, le autres chantres de la culture du pays du Cèdre. Ce geste a été fortement apprécié par les artistes arabes présents et des Libanais notamment. Contrairement donc à la première copie, la feuille de route cuvée 2006, dont les recettes seront intégralement versées aux victimes de la barbarie sioniste, s’annonce comme le plus important événement culturel arabe de l’été. D’autant que la rencontre de Baalbeck à Djemila se distingue par l’adhésion active de grandes figures telles Samiha Ayoub, Sid Ali Kouiret, Mouna Ouassaf, cheb Bilal, El Hadj Mohamed Tahar Fergani, Lotfi Bouchenak, Bahia Rachedi, Mohamed Benguettaf, Antar Hallal, la chanteuse kabyle Karima, Ahlem Mostaghanemi, Fella Ababsa, Ahmed Zine et Marcel Khalifa, qui ont assisté mercredi à la grandiose soirée inaugurale. Faisant fi du protocole et des interprétations de certains esprits boiteux, la ministre de la Culture entame son allocution par un refrain du grand chanteur égyptien cheikh Imam, et ce en interprétant de fort belle manière Idha echemssou ghoribet... Par une telle sortie, Mme Toumi a le moins qu’on puisse dire brisé un tabou. La ministre ayant une nouvelle fois réitéré la position de l’Algérie à l’égard du Liban et de la Palestine, boucle son discours par le célèbre hymne algérien Min djibalina, transformé pour la circonstance en Min djanoubina, repris en chœur par la foule qui s’est déplacée en masse à Djemila, malgré la baisse de la température. La qualité des spectacles présentés et la justesse de la cause ont relégué le froid sibérien qui s’est abattu cette nuit sur la région des Hauts Plateaux au second plan. Avant de céder les planches aux chanteurs et au ballet Caracalla qui a été égal à lui-même, certains intellectuels (Marcel Khalifa et Ahlem Mostaghanemi) ont par des mots fustigé l’acharnement de l’armée israélienne : « La stabilité et la cohabitation d’un Liban fort par l’unité de ses différentes composantes religieuses et politiques dérangent l’Etat hébreu qui tente par cette barbarie d’égorger le Liban qui fait non seulement face, par le biais de la courageuse résistance, mais aussi par une farouche réplique culturelle et médiatique », souligne Marcel Khalifa qui salue l’initiative de l’Algérie. Pour notre interlocuteur, sa missive du 3 août 2006, exhortant les artistes à regarder en face les massacres commis en toute impunité, a été très bien reçu par le pays du million de martyrs. Ahlem Mostaghanemi appelle ni plus ni moins au boycott des produits israéliens. « On doit savoir que les exportations d’Israël vers les pays arabe ont atteint 35%. C’est avec l’argent arabe que l’ennemi sème l’épouvante. De Djemila, j’interpelle tous les pays pour boycotter les marchandises d’Israël… », souligne Ahlem qui estime qu’on doit dépasser le stade de la condamnation verbale. Avec Mahma toussaoub edababets, Fouad Ouaman donne le coup de starter à de très belles facettes. Lamari rentre en scène avec le texte à la main. Vêtue de blanc avec en sus le drapeau libanais sur les épaules, l’Algérienne du Liban, Fella Ababssa, a subjugué la foule par Le Liban sradj el arabe. Le passage de Fella a été l’autre clou de la soirée. L’artiste tunisien Lotfi Bouchenak ayant fait son entrée sous les applaudissements, présente avec brio un beau morceau : Ana El Arabi. Le Marocain Abdelouahab Doukali, qui était annoncé, n’a pas fait le déplacement, et ce, pour, semble-t-il, des raisons de santé. La deuxième partie de la soirée a été dominée par la présentation du ballet de Caracalla ayant à travers une fantaisie musicale en danses et chansons exposé de nombreux et différents tableaux retraçant la vie, les combats et les traditions du Liban. Le réalisateur et chorégraphe Abdelhalim Caracalla a dans une première introduit des couplets de chansons algériennes (tourath). De grands noms d’artistes libanais, à l’exemple de Houda Haddad (sœur de Faïrouz), Joseph Azar, Aline Lahoud, Rifaat Torbey, Simon Obeid et Tony Aad, pour ne citer que ceux-là, ont participé à la belle fresque ponctuée par un touchant message du poète Talal Haïdar, n’ayant pu faire le déplacement à cause de la guerre. Le public qui en redemandait comme certainement durant les dix jours de la manifestation de solidarité avec le Liban martyr, prend donc congé de l’antique Cuicul, à trois heures du matin. Avant cela, il a été invité à assister à la remise de cadeaux aux illustres hôtes de Djemila qui n’oubliera pas de sitôt les paroles de l’artiste libanais Ahmed Zine, qui a de fort belle manière placé ou replacé, c’est selon, le vocable « terroriste » dans son véritable contexte. Il convient de souligner que les chanteurs se sont produits en play-back. Pour réussir cet événement, la wilaya de Sétif a consacré de grands moyens. Un guide sur l’ex-Cuicul agrémenté par un texte de Mohand Akli Ikharbane et de très belles photos de Hocine Sediki (directeur de la collection Trésors de l’Algérie antique) a été offert au nombreux journalistes dépêchés pour ouvrir la manifestation. Le lendemain, les férus de la chanson sétifienne et du raï avaient rendez-vous avec Samir Staïfi, Bekakchi El Kheïr, Souad Bouali et cheb Bilal qui s’est présenté en tenue militaire avec la photo-du « Che » et le drapeau de Cuba floqués sur le pull. Avec de nombreuses chansons de son riche répertoire, Samir Staïfi enflamme la scène. En interprétant Harat Zamour el alia et Moul chache, Samir fait déborder d’un cran une ambiance déjà débordante. En prenant le témoin, Bekakchi El Kheïr, l’autre chanteur du terroir, va chauffer davantage la scène. Souad Bouali et El Hadj Maeti feront de même. Cheb Bilal qui s’est lui aussi déplacé pour le Liban mettra durant presque une heure le feu aux poudres. L’adulé des jeunes a sur insistance d’un public en délire fait un tabac. Son passage a été un show réussi d’autant que les fans avides de spectacles d’un certain niveau en redemandait et Bilal qui a marqué son passage à Djemila enchaînera titre sur titre dont les incontournables Souhila, Lakridi Habssnah et un dédié au… Liban au cœur de l’Algérie qui ne peut demeurer insensible devant tant de souffrances.
Posté Le : 12/08/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Kamel Beniaiche
Source : www.elwatan.com