Si Sétif exerce un effet attractif sur de nombreux visiteurs ce n'est plus grâce à sa propreté légendaire ni à son lustre d'antan. Deux pôles seulement les attirent.Le parc d'attractions et le Park-mall. Sinon, à sortir de cet axe-là, l'on ne verra que des trous et des nids-de-poule et peu de luminance. Même Aïn Fouara, devenue inaccessible, n'ameute que quelques badauds venus d'ailleurs. Le jardin Raffaoui ex-Barral, quasiment fermé, situé à deux pas d'elle ne fait plus l'émule des amoureux de la botanique et des bains romains. La rue qui le sert ressemble à un impact de pilonnage.
On raconte que le wali et le «chef» de la commune y ont fait un tour. Cette commune aurait tout à gagner à créer une entreprise locale chargée des routes. Ici, de l'avis des enfants de la ville, il n'y a pas de mairie au sens politique. Il y a juste une présence organique d'un certain esprit de fonctionnariat débridé et obsolète. La ville est presque en gestion libre automatisée.
Le mektoub et le hasard font le reste. Les rues avec leurs crevasses, les incessants saccages pour travaux éternels commis tant sur la chaussée, le trottoir que les axes centraux urbains, carrefours, ronds-points témoignent bien d'un dérèglement managérial où la projection prévisionnelle n'a plus droit de cité. On éventre, on colmate, on recommence. La commune a engagé dans certains quartiers, en grande pompe depuis plus de 3 mois, des travaux de bitumage sous le «coup d'envoi» du wali. Depuis, on a bien raboté la chaussée, puis rien. Qu'un chantier à ciel ouvert.
La seule victoire culturelle et patrimoniale due aux instructions du wali, c'est que la chaussée ait pu garder ses bordures en pierre taillée. Les cités résidentielles qui faisaient la fierté de la ville ne sont plus fleuries aux lilas. Le quartier des cheminots, entre autres, n'est qu'un ensemble d'îlots de villas démolies sans projets de reconstruction. Certaines se sont vu recevoir des immeubles en promotion immobilière rendant la quiétude perdue en une vaste cité de X logements. D'autres, devenues des terrains libres et vagues sont livrées aux chiens et chats déambulant sous une pancarte «terrain à vendre».
La spéculation foncière facile et rapide fait ses plus beaux jours. On achète, on détruit, on attend et on revend. Et si chaque permis de démolir contenait en ses interstices une disposition impérative de déposer sine die ou dans un délai très court un permis de construire ' Ainsi l'on éviterait cette image de désolation et de destruction qui agresse l'histoire des lieux. Le mieux serait d'interdire de bâtir des mastodontes là où la logique urbaine et citadine exige des maisons individuelles sans garages commerciaux ni R plus X. Et si du moins on obligeait ces «démolisseurs» au sens intrinsèque du mot à ériger une clôture stable et réglementaire. En fait de clôtures de chantier, à quelques pas du siège de la wilaya, en plein centre-ville, au sein même de la principale rue de la ville, à coté de l'ex-cinéma ABC, en face de l'un des principaux arrêts du tramway, subsiste un chantier immobilier paraissant en voie de finition et dont la clôture qui ne se justifie plus laisse à désirer et fait honte à la beauté qui reste à l'endroit et à l'immeuble même qu'elle est censée abriter.
«Y a que le wali qui puisse ordonner sa levée et permettre de continuer la réfection du trottoir ainsi squatté et accaparé depuis longtemps» m'affirmait Hanoucha un ancien enfant de quartier. Il y a comme une habitude qui s'instaure dans la mise en place de clôtures à chaque bâti démoli pour y demeurer ad-vitam. Toutes les clôtures sont mauvaises, de surcroît celles installées dans les têtes.
Ceci n'est en fait qu'un furtif et minuscule coup d'?il et de gueule sur une belle ville qui ne l'est plus. Ce constat amer aurait à traduire ou une insouciance involontaire des gestionnaires dépassés par la grandeur des ambitions de la ville ou une incapacité d'organisation et de management pour se mettre au diapason des exigences que recommandent les mégapoles à développement rapide. Au mieux Sétif d'antan, ses hommes et ses références. Et dire qu'il y a une représentativité populaire locale. Mais quand l'on voit, a titre d'exemple plus d'une dizaine de membres de l'APW, président compris, ou de l'APC éparpillés çà et là dans des candidatures hybrides aux législatives où en cas de non-élection, ils rejoindront sans peine leurs sièges, l'on ne peut affirmer que c'est cela servir le citoyen.
Plutôt c'est le coup du gagnant/gagnant. Enfin, il y a quelques points positifs, quelques actions avenantes ; le gros demeure cependant cette nécessité impérieuse de prévoir à l'avance les travaux et de se concerter avec le gaz, l'eau, l'assainissement afin de ne plus trouer les routes, ni en faire des déchirures à chaque envie.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com