Institutionnalisé par le président Bouteflika en 2018, Yennayer, désormais partie intégrante du calendrier des fêtes nationales, fait vibrer la ville de Aïn Fouara, qui vit au rythme d'un spleen culturel manifeste.La capitale de la Petite-Kabylie aura l'insigne honneur d'accueillir les premières festivités officielles de Yennayer. Placé sous le haut patronage du chef de l'Etat, l'événement, qui fera sans nul doute date, se déroulera du 9 au 12 janvier.
Pour la réussite de cette première nationale, le comité d'organisation, chapeauté par Nacer Maski, le wali de Sétif en personne, travaille d'arrache-pied.
Pour permettre au grand public de connaître les différentes facettes de notre identité nationale, un programme riche est, selon Aziz Tahir, directeur de la jeunesse et des sports (DJS) et coordinateur du comité d'organisation, en phase de finalisation : «C'est un honneur et un privilège pour la wilaya de Sétif d'organiser les premières festivités officielles de Yennayer.
Parrainé par Son Excellence le président de la République, l'événement est préparé et suivi par le ministre de la Jeunesse et des Sports. Le wali ne ménage aucun effort pour la réussite de cette première et historique célébration d'un événement renforçant un peu plus les fondements de l'identité algérienne.»
Et notre interlocuteur d'enchaîner : «Plus de 1500 personnes des 48 wilayas du pays prendront part à la manifestation qui va, j'en suis convaincu, égayer Sétif, la ville carrefour, trois jours durant.»
Constitué de trois axes, le programme englobe un immense souk de Yennayer qui sera installé au niveau du parc d'attractions où artisans et autres garants de notre mémoire collective et de notre patrimoine, devront exposer et vendre des produits d'un terroir à la fois riche et varié.
«Devant relater l'histoire millénaire de Yennayer depuis Chachnaq jusqu'à son officialisation, une grandiose opérette est programmée à la maison de la culture.
Lieu de rencontre de milliers de citoyens des différents régions du pays, le Park Mall abritera diverses activités artistiques», précise M. Tahir, le DJS. Et de mentionner que le programme sera consolidé par d'autres activités : conférences, défilés,et probablement projection de films amazighs.
«Un arbre sans racines»
Pour marquer l'événement, un panel de ministres rehaussera, par sa présence, la célébration du premier mois du calendrier amazigh. «Après la consécration de tamazight comme langue nationale et l'officialisation de Yennayer coïncidant avec le 12 janvier de chaque année, le pays fait un grand bond dans la préservation de l'héritage identitaire collectif.
Pour la consolidation de l'unité nationale, nous devons tous ?uvrer à la généralisation de l'enseignement et de l'usage de tamazight», nous ont confié de nombreux Sétifiens, ne cachant pas leur bonheur et fierté d'accueillir le plus grand événement culturel et mémoriel national de l'année 2019.
«Même si un long chemin reste à parcourir dans la consécration de tontes les valeurs nationales, nous sommes ravis de voir enfin Yennayer, élément important de notre culture berbère, prendre sa place dans le paysage national pluriel.
Nous osons espérer que le programme concocté sera à la dimension de l'événement. Pour une meilleure transmission de notre mémoire collective, il est non seulement important d'engager le débat sur Yennayer en milieu mais de l'inclure dans les programmes et manuels scolaires de nos enfants. Car sans repères, l'Algérien de demain sera un arbre sans racines», renchérissent nos interlocuteurs, aux anges.
Même si les coutumes et les traditions diffèrent d'une région à une autre, Yennayer reste le même en Algérie et en Afrique du Nord où il est célèbré avec faste. Soulignons que Yennayer coïncidant avec le 12 janvier de chaque année est le premier jour de l'an du calendrier agraire utilisé par les Berbères depuis l'antiquité.
Reconnaissance
Il est commémoré en références aux premières manifestations de la civilisation berbère, du temps de l'Egypte ancienne, quand le roi numide Chachnaq 1er (cacnag) fondateur de la 22e dynastie égyptienne, devint pharaon d'Egypte. Composé de deux mots ? «yen» qui veut dire premier,et «ayer» signifiant mois ? Yennayer donne non seulement lieu à de grandes fêtes mais à divers rituels.
En Kabylie, dans les Aurès, en Oranie, dans l'Ahaggar, le Nouvel An berbère est marqué d'une touche locale. Pour l'illustration, du côté de Bouandas (nord de Sétif) et Bordj Bou Arreridj, la tradition veut que le repas de ce jour-là ? un couscous au poulet ? soit partagé par la famille rassemblée. Les petits garçons bouclant le premier anniversaire sont à l'occasion coiffés.
A Aït Yala (Harbil, une autre localité du nord de Sétif), la semaine précédant cette date ancrée dans les us et m?urs est marquée par des mets traditionnels. Le jour J se distingue par des chants, des danses. Pour boucler la boucle, les familles s'offrent de nouveaux vêtements, préparent non seulement du berkoukès, mais aussi tikerkabine et iftaloukasoul.
Attendu avec allégresse en Kabylie et partout ailleurs, Yennayer est une occasion pour conjurer le sort et souhaiter bonheur et santé aux uns et une année féconde et fertile à notre terre nourricière. Notons que Sétif ne déroge pas à la règle. Selon le rite, les familles préparent des crêpes traditionnelles (laghrif) et une tête de mouton rôti, une façon de garder la tête haute une année durant.
Bref, la reconnaissance de Yennayer est donc la victoire de la raison et du droit. Il est la conséquence logique d'une lutte inlassable des militants de la cause berbère, qui ont oeuvré pour que cette célébration soit inscrite en lettres d'or dans l'histoire du pays. Le 12 janvier 2019, coïncidant avec l'année amazighe 2969, sera officiellement célébré pour la première fois dans tous les coins et recoins d'une Algérie plurielle.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 21/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Beniaiche
Source : www.elwatan.com