Sétif

Au niveau des arcades du théâtre municipal de la capitale des Hauts plateaux, la monnaie européenne a toujours la côte. Après une légère baisse, les 100 euros sont échangés contre 16 000 DA.Cette hausse n'arrange pas les affaires des candidats à une Omra, des malades obligés de se soigner à l'étranger, ainsi que les personnes ayant l'habitude de passer la fin d'année à l'étranger, devant la maigre allocation touristique ne dépassant guère les 130 euros. Celle-ci ne règle pas, faut-il le préciser une nouvelle fois, les frais d'une journée d'hôtel pour une seule personne.Les candidats au voyage sont donc dans l'obligation de faire appel à ces cambistes. «Le taux de change est soumis à l'offre et à la demande. Comme la demande est plus importante, l'euro continue à grimper. Le seuil d'un euro pour plus de 160 DA sera probablement atteint en cette fin d'année, durant laquelle les algériens voyagent beaucoup», diront des professionnels du change parallèle. Interrogés sur leur activité décriée par des clients qui trouvent pour tant leur compte, nos interlocuteurs s'insurgent.«Les pouvoirs publics ont, à un certain moment, décidé de réglementer l'activité, mais l'installation de bureaux de change tarde à venir. On veut bien travailler dans de meilleures conditions et avoir en sus une couverture sociale, mais rien ne se profile à l'horizon. En attendant, nous sommes obligés de subir les aléas du temps et d'un métier difficile, car il nous arrive de rentrer les mains vides à la maison», déclarent-ils. Du côté des clients, le son de cloche est presque le même.«On ne doit pas se voiler la face, les liasses qui alimentent nos comptes en devises proviennent du marché parallèle. C'est grâce à cette astuce que des milliers d'Algériens arrivent à voyager. Au lieu de s'attaquer à ces gens qui nous rendent service, l'Etat doit réglementer l'activité et revoir la misérable allocation touristique», dira Ahmed, un fonctionnaire qui venait d'échanger une certaine somme pour l'envoyer à son fils, poursuivant des études de médecine en Roumanie.