Algérie

Session de doute ouverte au FLN Vide organique depuis le 31 janvier 2013



Par Amirouche Yazid
Un semestre sans direction et sans le moindre cap. Tenant traditionnellement des rôles plus au moins déterminants dans l'échiquier politique, le FLN s'est réduit depuis le 31 janvier 2013 à des luttes de personnes. Six mois après la destitution d'Abdelaziz Belkhadem du poste de secrétaire général, le FLN est toujours sans direction. Il végète depuis dans des batailles techniques qui ne laissent plus de place à la politique au sein de l'ex-parti unique. Ses cadres et militants se contentèrent, dès lors, du rôle d'agitateurs organiques au gré des 'célébrations et des dates commémoratives. Jusqu'à quand va durer cette vacance '
La question demeure sans réponse, quel que soit le clan auquel appartiendrait celui qui tente d'y répondre.
Pourtant, à l'issue du vote sanction qui a «dégagé» Abdelaziz Belkhadem de la tête du parti, ses adversaires croyaient avoir réussi le plus dur en promettant une nouvelle direction dès les prochaines semaines. La suite a démontré, cependant, qu'il n'y avait pas d'alternative réelle au-delà de l'objectif affiché : évincer le secrétaire général. Une vérité désormais admise par Abdelkrim Abada, un des adversaires de Belkhadem. «Le changement pour lequel nous nous battons depuis trois ans ne s'est pas encore produit. Le départ de Belkhadem n'était pas une fin en soi», reconnaît Abada le 6 juillet dans une réunion d'une kasma d'Oran. Quels seraient donc les objectifs qui ne sont pas encore atteints six mois après la destitution par l'urne de l'ex- secrétaire général ' «Nous voulions remettre sur les rails le parti et lui permettre de redémarrer sur des bases solides. Malheureusement, ce n'est pas le cas aujourd'hui», ajoute le redresseur Abada. V'ux pas encore exaucés ! Au sein du FLN, comme en dehors de ses instances, la crise a été toujours expliquée et liée avec l'échéance présidentielle d'avril 2014. Le rendez-vous électoral du printemps était fortement évoqué systématiquement à chaque fois qu'il était question d'expliquer les mobiles du mouvement contestant l'ancien secrétaire général du parti.
L'explication n'a pas si évolué après la destitution d'Abdelaziz Belkhadem, ni encore moins à l'approche de ladite échéance que le FLN risque d'aborder sans direction élue. Un tel scénario est de plus en plus probable, selon les propos d'Abderrahmane Belayat, pour qui «il est impossible d'organiser une session du Comité central pour élire un nouveau secrétaire général». Désigné coordinateur du parti en attendant que le parti retrouve ses instances élues Belayat fait désormais un constat défavorable à toute sortie de crise. «A cause d'une violence verbale, d'un certain extrémisme dans les déclarations et de comportements irresponsables ; il est devenu difficile d'aller vers une réunion du comité central», avertit Belayat. Ce dernier n'a pas cependant une solution de rechange. Mieux, il dénie même le constat d'une situation de blocage du parti. Or, il est loisible de constater qu'elles sont plusieurs parties à parler au nom du FLN.
Des faits à la pelle attestent par ailleurs une fracture de plus en plus difficile à cacher. Car même la désignation de nouveaux responsables de structures FLN à l'APN n'a pas été épargnée par la guéguerre entre les clans. Une procédure formelle n'a pas ainsi manqué d'attiser la tension entre les deux protagonistes. La dernière bataille de clans a eu lieu au niveau de l'Assemblée où Tahar Khaoua, jusqu'au chef du groupe parlementaire du parti, contesta les nouvelles désignations du bureau politique du parti pour les structures de l'APN. Avant d'obéir aux nominations du bureau politique, le député de Batna- dont la promotion au statut de chef du groupe parlementaire tient lieu plus de sa fidélité à l'ex-chef du parti qu'à un autre critère-, avait tenté une opposition. «Je reste le chef du groupe parlementaire. Je garde mes privilèges comme la voiture et les indemnités», a-t-il riposté avant qu'il ne cède sa place au député de Médéa Mohamed Labyed. Mais aussi contestable soit-elle, la riposte du député Khaoua aura mis sur le tapis du FLN une opposition de plus en plus prononcée à l'égard d'Abderrahmane Belayat, le coordinateur du Bureau politique. «Les instances provisoires du parti ont tellement duré dans le temps qu'elles ne peuvent pas échapper aux critiques», estime un militant du FLN. Certaines voix, encore plus audibles au sein du parti, remettent en cause les attributions que s'est donné le coordinateur du bureau politique du parti. C'est ce que soutient Ahmed Boumehdi, membre du Bureau politique, qui évoque «une violation des statuts». Pour lui, «les agissements de l'autoproclamé coordinateur constituent une flagrante violation des statuts et du règlement intérieur du parti, et un accaparement de la volonté du comité central. Pis encore, un coup d'Etat contre la légitimité du bureau de la sixième session encore ouverte, seul habilité à exercer la prérogative de poursuivre ses travaux ayant pour ordre du jour un seul et unique point organique : l'élection d'un nouveau secrétaire général du parti». M. Boumehdi condamne aussi «les agissements de Belayat particulièrement l'usurpation de la qualité de secrétaire général et ses tentatives répétées visant à entraver la reprise des travaux de la session du Comité central aux fins d'élire un nouveau secrétaire général».
Au final donc, ce sont deux options qui s'affrontent. L'une temporise dans l'espoir d'un consensus autour d'une personne, et l'autre exige un retour à l'urne pour dépasser cette période de crise. Entre les deux options, le FLN, en véritable appareil du pouvoir -Belayat refuse même que le RND en détienne plus que quelques actions-, se mit à attendre un signal quant au choix des décideurs sur les élections présidentielles d'avril 2014. L'universitaire Abdelaali Rezagui, note, à ce propos, que le FLN va se stabiliser dès que l'équation des présidentielles sera tranchée.
Y. A.


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