Algérie

Ses voisins affirment : «Mama n'est pas une victime ordinaire» Retour sur un drame qui interpelle la société



«Gasmi Mama est victime d'une escroquerie fomentée par un courtier qui lui avait présenté une dame qui lui avait cédé un appartement qui ne lui appartenait pas... Ceux qui l'ont poussée à ce geste dramatique de se transformer en torche humaine n'échapperont pas à la justice divine», dira K. Ali, un quadragénaire voisin de la victime qui s'était immolée jeudi dernier, quand un huissier de justice, accompagné de la force publique, est venu l'expulser de sa maison. La malheureuse était une mère de famille respectée par tous ses voisins. «Elle était effacée.
Elle travaillait et quand elle revenait à la maison, on n'entendait jamais sa voix. Ses enfants, Islam et Amine, étaient adorés. Elle vivait seule, mais cela ne l'avait pas empêchée de se montrer courageuse et de veiller à l'éducation de ses enfants», dira notre interlocuteur.
Gasmi Mama avait acquis il y a deux ans un petit appartement grâce au désistement établi par une dame que lui avait présenté un courtier.
Elle avait payé un désistement au prix fort de 210 millions de centimes. «Elle ne savait pas que cette dame lui avait cédé le pas de porte d'un appartement, bien de l'OPGI, d'où elle devait elle-même être expulsée après une action en justice introduite par l'ancien occupant des lieux».
Ses voisins sous le choc la présentent comme une femme, battante mais qui s'est sentie abandonnée à la vue de la force publique et de l'huissier de justice. «Lors du dernier ramadhan, l'imam du quartier accompagné par une délégation d'habitants du quartier avait rendu visite à l'ancien occupant des lieux pour le supplier d'accorder à la malheureuse un sursis pour lui permettre de passer dans la sérénité le mois sacré.
Il avait rejeté cette sollicitation et s'était entêté à mener jusqu'au bout son action en justice, alors qu'il n'est pas le véritable propriétaire des lieux et qu'il n'est pas dans le besoin», diront d'autres voisins rencontrés sous une tente dressée par les habitants du quartier pour organiser les funérailles de Mama.
Jeudi, quand elle avait reçu la visite de l'huissier de justice, elle l'avait supplié de lui accorder un répit d'une dizaine de jours pour trouver où habiter avec ses deux enfants, mais l'occupant des lieux avait refusé.
«Elle avait tout tenté devant les voisins qui avaient compati à sa douleur. Dans un geste de désespoir, elle avait menacé de s'immoler avec ses deux enfants. Le policier B. Djelloul, qui était présent, a voulu la raisonner mais sans résultat», dira un autre voisin. Le briquet qu'elle tenait allumé entre ses doigts est tombé à terre, provoquant un brasier qui a fait trois victimes. Transférée à l'hôpital, Mama succombera à ses brûlures malgré les soins intensifs qui lui ont été prodigués.
Le policier dont les jours ne sont pas en danger est toujours gardé en observation, au même titre que le fils de la victime Amine dont le pronostic vital est engagé. Une voisine a proposé de garder sous son aile Islam et son frère Amine.
«Du vivant de leur mère, ils venaient souvent à la maison. J'espère au moins qu'ils sauront dépasser cette épreuve», dira-t-elle en sanglotant. A notre départ, les voisins qui ont pris en charge les frais des funérailles n'ont pas manqué de nous inviter à dire que Mama n'est pas une victime ordinaire :
«Beaucoup d'éléments s'étaient ligués contre elle. Elle était divorcée et elle s'était endettée pour habiter ce petit F3 d'où elle a été expulsée par la faute d'une législation laxiste qui permet à certains de la transgresser allégrement et de vendre des appartements qui ne leur appartiennent même pas».


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