Algérie

Ses vacances en Kabylie (6)



La famille Tifour a presque bouclé sa première semaine dans le village de Aït Voutchour, loin de la mer et des gendarmes en maillot, loin d?Alger et des complots d?été. Après quelques malentendus linguistiques et une petite émeute de force 5, la famille Tifour a commencé à s?intégrer dans cette Kabylie qui sent bon la figue molle et la contestation dure.  Hier soir, j?ai entendu parler français à côté, a dit Nadia. Tifour, bien au courant des traditions locales, a cru bon expliquer :  Ici, tout le monde parle français.  Mais non, ce n?est pas un français kabyle, a insisté Nadia, mais de banlieue française. Renseignements pris, c?est bien une famille d?immigrés qui s?est installée à côté, dans la maison d?un grand-père mort de tristesse, retrouvé pendu à un figuier. Armée d?un paquet de pâtes Sim, Nadia est allée rendre visite aux nouveaux voisins :  Bonjour, on est voisins. Nous aussi en vacances ici.  Ah, vous aussi vous êtes punis ? a demandé innocemment la femme en Nike. Nadia a tout de suite sympathisé avec la voisine immigrée, Nadia aussi voyant ces vacances dans ce village comme une punition conjugale, voire divine. Les deux femmes ont échangé leurs numéros de portable.  Et les enfants, ça va ? a demandé Nadia en pensant à sa propre progéniture, qui s?ennuie au village comme un sanglier sourd.  C?est là la sanction, a expliqué Aljia, les enfants ont eu de mauvaises notes cette année. Renseignements pris, les enfants sont de véritables cancres de banlieue et ont de mauvaises notes chaque année. De fait, ils viennent ici chaque été.  Donc vous avez vos habitudes ici ? Bien sûr. Mon mari descend au bar vers 11 h du matin pour revenir tard le soir avec une douzaine de copains ivres. Les enfants jouent à la Play Station de tête parce qu?il n?y a pas de télévision.  Et toi ?  Moi rien. C?est ainsi que Nadia et Aljia, alliées de circonstance, ont commencé à élaborer dans la cuisine rustique un plan d?évasion. A suivre


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