Servir le peuple selon le député FLN

On croit connaître le FLN, on a beau nous faire une idée de cette machine du pouvoir, mais l'ancien parti unique ne finira jamais de nous étonner.
Lors de la présentation dimanche de la liste des candidats FLN de Batna et en aparté, Tahar Khaoua qui postule pour un troisième mandat parlementaire, a développé une étrange conception de la députation. Selon lui, le système politique algérien est un système présidentiel et non pas parlementaire, par conséquent on ne peut en vouloir aux députés de lever tout le temps le bras et approuver les projets du président de la République. L'exposant comme une intime conviction censée le dédouaner du sport de levage de bras, M. Khaoua rejette toute responsabilité quant à cette pratique, liée selon lui à la nature du système qu'il admet comme tout militant discipliné.
De quoi est responsable un député alors ' Quel est le sens de la souveraineté du peuple, soulignée par la constitution, si la volonté du Président passe avant ' Pourquoi ce peuple doit-il aller voter pour le FLN, si le FLN avoue servir le Président d'abord ' Franchement, l'idée n'encourage pas au vote. Se dédouaner de cette manière est trop facile. En outre, M. Khaoua oublie peut-être que c'est lui et son parti qui ont voté l'amendement de la constitution en 2008, pour faire basculer justement ce système parlementaire en système présidentiel, et sans demander l'avis du peuple, trahissant de fait sa confiance.
N'est-ce pas ce genre de conception qui est à l'origine de la clochardisation de la fonction parlementaire ' Car n'importe qui peut faire ce que M. Khaoua croit être une mission humble et ardue: lever son bras ! Avec en prime, l'immunité (impunité), des salaires mirobolants et des privilèges scandaleux ! Beaucoup de gens à Batna aimeraient bien être à la place des députés pour jouir de ces privilèges en contrepartie de l'allégeance au plus fort, mais beaucoup aussi, tiennent en aversion cette nouvelle classe sociale clientéliste, pauvre en compétences, qui sert à retarder le changement démocratique en Algérie.
Rien d'étonnant alors de voir le FLN présenter à Batna une liste de poids mouche qui, en temps normal, n'a aucune chance de gagner. D'ailleurs, cette liste, accouchée aux forceps, a été présentée dimanche, brièvement, sèchement et même de manière soporifique. Les organisateurs se sont même trompés de terminologie en annonçant une conférence de presse alors que les journalistes n'ont pas pu poser leurs questions.