Algérie

Service public de la santé : la qualité sacrifiée sur l'autel de la gratuité Economie : les autres articles



Service public de la santé : la qualité sacrifiée sur l'autel de la gratuité                                    Economie : les autres articles
S 'il y a bien un service public dont les prestations de piètre qualité irritent au plus haut point les usagers, et dont la défaillance peut avoir des conséquences fatales, c'est bien celui de la santé.
Que ce soit au niveau des hôpitaux publics où il faut avoir le bras long pour être bien pris en charge ou au niveau des cliniques privées absoutes de tout contrôle, le constat est accablant de l'avis même des professionnels du secteur. Ce dernier a pourtant bénéficié de gros investissements. Sur le quinquennat 2005-2009 seulement, une enveloppe financière de 244 milliards lui a été allouée pour la réalisation de 800 infrastructures hospitalières et de proximité, selon l'APS.
Mohamed Yousfi, président du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) estime que ce «dysfonctionnement» ne relève pas d'une question d'argent, mais «de gestion». «La raison est qu'il n'y a jamais eu de politique nationale de santé». C'est un seul secteur «instable», malgré sa sensibilité puisqu'il a connu «8 ministres en dix ans».
Selon le Dr Yousfi, le secteur «a été mis à genoux ces deux dernières années» et pour réhabiliter ce service public, il faut «la mise en place d'une stratégie claire fondée sur la bonne gouvernance, car lorsque les droits des professionnels de la santé sont bafoués et lorsqu'on gère mal le secteur, on se retrouve avec une mauvaise prise en charge du malade.»
Les prestations de santé au niveau du secteur public sont censées être gratuites et cela pourrait expliquer le laisser-aller et la mauvaise prise en charge, mais pour M. Yousfi, «la médecine n'est plus gratuite en Algérie parce que les gens payent d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs, la plupart des analyses sont faites dans le privé, donc le malade paye quand même.» Le problème n'est pas dans la gratuité parce que le principe est «noble», dit-il, à condition qu'elle soit appliquée «convenablement». Malheureusement, souligne-t-il, «il y a eu des dérives et une mauvaise gestion de cette gratuité qui ont induit des gaspillages et détournements». Le président du syndicat explique que l'application du principe de gratuité n'est plus d'actualité aujourd'hui parce que le malade soit il est assuré soit il est pris en charge par les directions d'actions sociales lorsqu'il est démuni.
Le secteur de la santé est parmi ceux qui ont été ouverts au privé et ce dernier «a aussi sa part de responsabilité et une obligation de service public à travers le fait qu'il soit complémentaire du secteur public, en matière de permanences, des urgences, etc.», estime M. Yousfi. Malheureusement, «dans la majorité des cas, il ne respecte pas cette obligation, en-dehors d'une minorité. Les cliniques privées font ce qu'elles veulent. Car, lorsqu'il n'y a pas de réglementation pour le privé, ni de texte clair ni contrôle, c'est la porte ouverte à tous les dépassements». Par ailleurs, «la nomenclature à partir de laquelle sont remboursés les malades date de 1987, alors que la nouvelle qui est prête depuis 2007 n'a pas été appliquée et le malade se voit remboursé selon des tarifs obsolètes». Pour M. Yousfi, le rôle de l'Etat est pleinement engagé en tant que «régulateur pour le privé et acteur direct dans le public».


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