Algérie

Service public



Service public
«Si la mort était un service public, il y aurait des listes d'attente.» Jean Baudrillard
Connaissez-vous la revanche des pauvres gens' C'est celle de voir les gens qui les ont méprisés descendre de leur piédestal et être humiliés à leur tour. La sagesse populaire dit tout simplement: «La roue tourne.» Et elle ne finit pas de tourner. Faut-il attendre la visite d'un Premier ministre ou d'un autre «Revizor» pour voir les mauvais gestionnaires mis à la porte de ce qu'ils considéraient comme leur bien personnel' A quoi ont servi alors les innombrables articles de presse qui dénonçaient les dérives d'une gestion' Surtout dans le secteur public. La notion de service public est assez précise dans les pays développés; elle est perçue comme le respect d'un cahier des charges écrit ou implicite. Cela suppose un certain nombre d'obligations que le titulaire du service public doit accomplir au bénéfice des consommateurs. Evidemment, il ne faut pas confondre service public avec institution, puisque le service public peut être assuré par un établissement étatique comme il peut être géré par le secteur privé. Il n'en demeure pas moins que, quel que soit son statut juridique, le service public doit être assuré au bénéfice des citoyens sans discrimination aucune.
Seules, peut-être, les relations commerciales peuvent présenter des caractères restrictifs, puisque les mineurs ou les incapables, comme chacun le sait, ne doivent en aucun cas accomplir un acte commercial sans la présence de leur tuteur. En théorie, les associations de consommateurs protègent, dans les pays développés, les abus constatés en matière de prix ou de qualité du service proposé. Cela a amené, évidemment, une amélioration constante de la qualité du service public dans ces pays où le civisme n'est pas une denrée rare. Il en va autrement sous d'autres latitudes où la notion de service public n'a jamais été le souci de ceux qui sont chargés de légiférer, ni de ceux qui sont chargés d'appliquer ces lois. Petit à petit, on assiste dans ces pays du Sud à une déliquescence du service public dans tous les domaines.
Mais il y a plus grave, c'est quand le soi-disant service public est accaparé par une classe de parasites: on assiste alors à un service public à deux vitesses, l'un fonctionnant à plein rendement pour une certaine classe de privilégiés et l'autre qui croupit dans la médiocrité puisque réservé à la majorité silencieuse ou muette. Cela peut être constaté dans tous les secteurs: la santé, l'enseignement, le téléphone...
Mais il y a pire, notamment quand le service public est détourné de sa mission première. Ainsi, on comprend mal qu'une société chargée de distribuer l'électricité et le gaz se voit affublée d'un rôle de perceptrice chargée de collecter la redevance de la télévision sur des critères discutables liés au niveau de consommation du client qui, peut-être, ne possède pas de téléviseur et peut-être ne regarde pas la chaîne nationale. La télévision elle-même service public, chargée d'informer, de divertir et d'éduquer une large frange de la population, se détourne de ses missions pour se mettre au service d'une classe politique déterminée à réduire au maximum l'espace de la liberté d'expression.
Le transport public, lui aussi, est loin d'être au service des usagers, puisque seule la rentabilité est prise en compte par le secteur privé qui a accaparé la quasi-totalité du transport routier. L'absence de contrôle, de sanctions contre les contrevenants relègue ce secteur aux années obscures des «services des marchés», quand les voyageurs descendaient du bus pour aider un car poussif à gravir une côte. Il n'y a que le secteur du téléphone qui connaît une certaine amélioration grâce à l'initiative privée. Mais à quel prix!
Ce qui s'est passé hier dans la santé, peut-être se passera-t-il dans le secteur des transports. Tout dépend de Tou.


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