Algérie


Serval
En juin 2012, l'opération Serval, menée par l'armée française au Mali, s'étend à l'ensemble du territoire, alors que la ville de Kidal, au nord, se retrouve isolée, coupée de tous les moyens de communication. Aller sur place devenait une nécessité afin de rendre compte de la vie des Maliens de Kidal, sous la coupe des groupes indépendantistes.Au même moment, explose dans le désert, séparant Kidal de Gao, un conflit opposant l'armée malienne, soutenue par les soldats français et les hommes de Hadj Gamou, aux rebelles du MNLA.En arrivant à Kidal, j'avais encore du mal à y croire. Je ne suis pas partie sur un coup de tête, puisque ce voyage je l'avais préparé dès le début de la crise au Mali. J'ai essayé de m'y rendre en 2012, quand le groupe armé Ançar Eddine a annoncé l'application de la charia au Mali, puis dans leur fief, à Kidal.Des amis sur place m'informaient, quand le réseau était disponible, des exactions du groupe islamiste. Je me disais que tout devait se jouer dans cette ville, et que si je voulais comprendre et décrypter mon sujet, il fallait que je sorte de mes livres, des rapports, des dépêches d'agences et des chaînes étrangères.Je n'avais qu'un seul objectif : voir de mes propres yeux l'impact de cette guerre sur la population. J'étais loin d'imaginer ce que j'allais trouver sur la route reliant Bamako à Kidal.Après mon voyage, je ne me souvenais presque plus de ce kamikaze qui s'est fait exploser à quelques mètres de moi, ni de Serval, ni des soldats maliens ou ceux du MNLA qui n'ont pas été coopératifs.Je me répétais cette phrase dans ma tête : «Je ne suis pas chez moi. Je dois m'adapter.» Ceci m'a aidé à avancer jusqu'à ce que je rentre à Alger.Il m'arrive encore de réécouter pendant des heures mes enregistrements réalisés durant ce périple, la longue conversation avec ce notable de Kidal me racontant le début du conflit, les rires et les discussions avec les passages du bus que j'avais pris de Bamako jusqu'à Gao, la musique, les poules au-dessus de ma tête, le parfum des mangues, le crépitement de la chaleur sur le fleuve de Djoliba à Ségou, je crois que c'est le plus beau paysage que j'ai vu de ma vie.




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