Algérie

Septembre 2001, septembre 2008 : Les années passent, la haine s'accroît


Finalement, les calculs politiques de Oussama Ben Laden et consorts, aussi rationnels que détestables, ont bien servi le président George W. Bush. En frappant l'Amérique en plein coeur et en affolant l'Occident, le leader charismatique d'Al-Qaïda a réussi à déstabiliser «l'establishment», au point de le précipiter dans une suite d'erreurs fatales. Faux pas sur faux pas, le shérif planétaire a fini par creuser sa tombe.

Aucun zapping ne peut dissiper les désastres, qui chaque jour s'exposent sur nos écrans. Les drames perdurent: enlisement total en Afghanistan, chaos en Irak, regain de terreurs en Palestine, bain de sang ici, attentats là... Sept terribles années de malheur, de peur et d'angoisse ont succédé au 11 septembre 2001*. Sept années durant lesquelles les attentats se sont multipliés sous la houlette de la plus inquiétante nébuleuse du monde. Et que nous racontent ces désastres ? Ils nous disent tout d'abord que Ben Laden et ses affidés n'ont rien à envier à Bush dans le domaine de la férocité. Ils nous disent également qu'en dépit des mensonges éhontés de ses dirigeants et de tous les échecs militaires et diplomatiques, l'Amérique impériale se veut toujours être la garante de la sécurité dans le monde. Ils nous disent enfin que nous sommes loin d'être sortis de l'auberge. Les années passent, la haine s'accroît dans le monde. Les attentats à répétition, les violences exacerbées en tout point et dans tout pays et l'idéologie moribonde qui semble avoir le vent en poupe, sont la confirmation supplémentaire de cette marche inexorable vers le chaos.

L'Histoire nous a appris que les velléités d'émancipation des peuples débouchent souvent sur des servitudes pires que celles auxquelles ils croient avoir échappé. Ceux qui s'échinent à écarter l'esprit malfaisant de Charybde (Ben Laden) ne doivent pas ignorer que le cerveau de Scylla (G.W. Bush) est tout autant pollué. Trempons encore une fois notre plume dans l'encrier du désespoir et essayons de voir clair dans cet imbroglio politique.

Questions: sept années après, la thèse du complot est-elle encore recevable ? Ben Laden a-t-il vraiment émargé à la CIA ? Sa famille a-t-elle été protégée ? Les attentats du 11 septembre ont-ils, oui ou non, été manigancés par la Maison Blanche ou par des puissances obscures ? Le 24 juillet 2003, un rapport publié par le Congrès des Etats-Unis (Commission spéciale d'enquête sur ces attentats) précise que l'enquête a été expurgée de vingt-huit pages dans lesquelles, d'après un sénateur, seraient mis en cause certains hauts ressortissants saoudiens. Depuis septembre 2001, de nombreuses thèses ont été formulées, réfutant la version dite officielle des événements. D'autres affirment l'implication passive ou active du gouvernement américain. Toutes ces données parfaitement mises en scène (de plus en plus présentes dans l'opinion américaine) sont rarement évoquées ou analysées par les médias traditionnels (audiovisuel et presse écrite).

Les adeptes du complot, à court d'arguments, oublient ou font mine d'oublier que le G.W. Bush et ses sbires étaient incapables de mener une opération aussi sophistiquée. L'autre idée tout aussi absurde est celle qui a rendu Thierry Meyssan célèbre et riche, à la suite du succès de son best-seller «L'effroyable imposture», traduit en 27 langues. Contrairement à Michael Moore qui dans «Fahrenheit 9/11» décrit les manoeuvres électorales frauduleuses qui ont amené Bush au pouvoir, en expliquant les véritables raisons de la guerre d'Irak et en montrant comment les familles Bush et Ben Laden entretenaient d'excellentes relations, Meyssan lui prétendait qu'aucun avion ne s'était écrasé sur le Pentagone. L'idée était tellement farfelue qu'elle en est arrivée à détourner l'attention de l'opinion publique des réels complots ourdis par l'administration américaine et la CIA.

Longtemps crédité d'une bonne note, le shérif planétaire, qui n'a pas hésité à entraîner son pays et le monde dans le bourbier irakien après avoir rasé l'Afghanistan et qui a été réélu à la Maison Blanche au terme d'un bilan désastreux, a montré ses limites. Au terme de son second mandat très controversé, il tentera en vain de susciter de nouvelles peurs et de nouvelles crises internationales afin de redorer son blason de plus en plus terni. Après avoir diabolisé à outrance Ben Laden puis Saddam, considérés comme les principaux ennemis mondiaux, il s'en prend depuis quelques années au leader iranien. L'Amérique a besoin d'un ennemi permanent pour couvrir ses immorales boucheries. Saddam Hussein était tout trouvé même si ce dernier n'avait rien à voir dans les attentats du 11 septembre et qu'il n'avait aucune accointance avec Al-Qaïda. Accusé de détenir un terrifiant arsenal d'armes de destruction massive mettant en péril la sécurité des Etats-Unis, il sera physiquement éliminé après que son pays soit envahi par la soldatesque yankee. Aujourd'hui, c'est Mahmoud Ahmadinejad, qui incarne le mal absolu aux yeux des Etats-Unis, qui est en point de mire.

Les médiocres calculs politiciens du président américain donnent lieu à de piètres manoeuvres. Les preuves de comportements irrationnels s'accumulent. Crise d'excès de passion, de pouvoir ? Crise de gouvernance, de moralité et d'honnêteté ? Crise de confiance, de psychose paranoïaque ? Démence, délire, orgueil démesuré... Le journal entier ne suffirait pas à en faire un relevé exhaustif. Avec de pareils illuminés, le monde libre est en danger. En agitant de manière permanente le spectre de la peur, Bush espère masquer ses frasques criminelles. Ses discours enflammés, tour à tour alarmistes, menaçants, patriotiques jusqu'au délire ou imprégnés d'une religiosité exacerbée, témoigneront d'une indigence crasse et d'une mégalomanie certaine. Mais, il n'est pas seul à souffrir de ces symptômes. Les protagonistes des drames actuels qui s'alignent à ses côtés, souffrent du même délire paranoïaque et de la même soif de violence. Derrière sa rhétorique guerrière et ses arguments fallacieux, «Citizen Bush», toute honte bue, dévoile son inconsistance, son illogisme et ses mensonges.

Bush n'est pas le seul à mettre en cause. Washington a toujours pratiqué une politique odieuse de déstabilisation des Etats, nouant si nécessaire des alliances avec des gouvernants peu respectueux des droits de l'homme. Tout comme les vétérans du Vietnam, en 1971, les anciens d'Irak qui se manifestent aujourd'hui témoignent des atrocités qu'ils ont perpétrées dans les pays qu'ils envahissent. Le résultat est que, face aux coups de boutoir et aux injonctions atlantistes, le monde est en alerte permanente, le Moyen-Orient tétanisé et les gouvernants figés. On aurait tort cependant de faire silence sur les dysfonctionnements et les anachronismes commis par les nantis grassement nourris aux pompes du pétrole du Moyen-Orient. On aurait tort de ne pas se soucier des flagrants délits de tricheries et de malversations de ceux qui, obsédés par leur image et dévorés par des ambitions démesurées, ont fini par croire que les peuples du monde sont à leur disposition. Certes, les critiques sont nombreuses contre l'hégémonisme et l'administration américaine, mais les résistances demeurent faibles.

Sept années après la chute des tours, l'embrouille est totale et le destin des peuples ne cesse de virer au cauchemar. Les meurtres et assassinats, dont la presse fait ses choux gras, s'accompagnent d'une dégradation dramatique du climat politique, économique et social. L'exaspération profonde que suscite l'actualité nauséeuse a atteint la cote d'alerte, si elle ne l'a pas déjà dépassée.

D'aucuns ont pensé que le séisme du 11 septembre 2001 allait mettre définitivement fin à l'arrogance et à l'opportunisme dévastateur de ceux qui ont squatté le monde. Or, rien n'a changé, ou plutôt si, les choses ont empiré. Sept années ont suffi pour que tout soit pulvérisé. Le poids des censures a fini par annihiler toute velléité de liberté d'expression. L'une des conséquences des attentats du 11 septembre les plus immédiates, mais aussi les plus cachées, fut la révision du système juridique. Avec l'USA Patriot Act et l'arsenal du Homeland Security, les droits civiques ont été profondément fragilisés.

Tout cela ne fait que renforcer le sentiment grandissant que le monde actuel va à vau-l'eau. Après avoir passé sept années d'errance, nous sommes invités aujourd'hui à contempler le piètre spectacle de l'égotisme démesuré des «ténors» de la planète. Ça va mal. On l'a dit et redit. Le mouvement semble irréversible. Nous glissons sur la mauvaise pente. Les hurlements des laissés-pour-compte sont devenus inaudibles alors que les discours de John McCain et Barack Obama inondent la planète. Les bruissements en coulisses des loups-garous qui se bousculent au portillon ne présagent rien de bon. Combien de larmes, de deuils et de désespoir restent à endurer ?


- Le 11 septembre 2001, 19 terroristes d'Al-Qaïda avaient détourné quatre avions pour frapper les tours du World Trade Center à New York et le Pentagone près de Washington. Les tours jumelles du World Trade Center, les plus hauts gratte-ciels de New York, avaient été percutées à quelques minutes d'intervalle avant de s'écrouler. Un avion s'était ensuite encastré dans le Pentagone. Un quatrième appareil s'était écrasé dans un champ en Pennsylvanie (est) après une lutte entre les passagers et les pirates de l'air.




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