L'opposition a proposé hier samedi, à la veille de l'élection
présidentielle au Sénégal, l'organisation d'un nouveau scrutin «dans un délai
de six à neuf mois», sans le président sortant Abdoulaye Wade,
dont la candidature est contestée, dans le cadre d'un dialogue avec la mission
de l'UA. Cette proposition survient alors que le
secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit
hier «inquiet» de la situation au Sénégal, espérant que l'élection serait
«pacifique et transparente».
Proposée par le Mouvement du 23 juin (M23) – coalition de partis
d'opposition et d'organisations de la société civile –, elle constitue, selon
l'opposition, une réponse à la «feuille de route» proposée par l'ex-président
nigérian Olusegun Obasanjo,
chef de la mission d'observation de l'Union africaine. Celui-ci aurait suggéré
qu'Abdoulaye Wade, 85 ans, quitte le pouvoir dans
deux ans s'il est réélu dimanche, pour mettre fin aux violences au Sénégal. Une
information non confirmée par la mission d'observation de l'Union africaine. La
durée du nouveau mandat présidentiel est de sept ans. «Le M23 remercie
chaleureusement le président Obasanjo pour ses
efforts inlassables consistant à consulter tous les acteurs politiques et à les
inviter à un dialogue constructif pour préserver la paix, la sécurité et la
stabilité du Sénégal», a expliqué la coalition dans un communiqué. Le M23 a
ensuite présenté ses propres propositions, dont la première prévoit
l'organisation d'une nouvelle «élection présidentielle, élection à laquelle le
Président Wade s'engage à ne pas se présenter, dans
un délai de six à neuf mois». Il demande la mise en place au cours de cette
période d'un Conseil constitutionnel et d'une Commission électorale
indépendante, deux institutions aujourd'hui très décriées par l'opposition, ainsi
que la nomination d'un «ministre de l'Intérieur apolitique» et une révision du
code électoral.
A Paris, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a estimé que «la
durée excessive de l'exercice du pouvoir peut poser problème» au Sénégal, où
Abdoulaye Wade est au pouvoir depuis douze ans, dans
un entretien au magazine Jeune Afrique à paraître lundi. «Il y a dans toute
démocratie des moments où il faut bien organiser un passage de générations», a-t-il
souligné, précisant que «la décision appartenait au peuple sénégalais».
La nouvelle candidature de M. Wade, au pouvoir
depuis douze ans, est jugée «illégale» par l'opposition, pour qui il a épuisé
ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses
partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001
et 2008 lui donnent le droit de se représenter. Les violences liées à la
candidature d'Abdoulaye Wade ont fait depuis fin
janvier au moins six morts et des dizaines de blessés. Le M23 a parlé de «15
morts, 539 blessés». Le M23 a appelé à voter massivement dimanche, de même que
le collectif de jeunes «Y'en a marre», qui a donné comme consigne: «Tout sauf Wade». Plusieurs candidats, dont le socialiste Ousmane Tanor Dieng et l'ex-Premier
ministre Macky Sall, ont
demandé à leurs militants de «sécuriser» leur vote pour éviter toute fraude
avant la publication des résultats, faisant craindre des troubles autour des
bureaux de vote. Le président Wade lui-même a demandé
aux jeunes de son parti de «protéger» ses bulletins pour que l'opposition ne
puisse pas «saboter le scrutin», pour lequel 5,3 millions de Sénégalais sont
appelés aux urnes. Le camp présidentiel semble convaincu de l'emporter dès le
premier tour dimanche, une perspective jugée «mathématiquement impossible» par
l'opposition et qui pourrait enflammer les jeunes militants opposés à «Gorgui» (le vieux en wolof).
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Posté Le : 26/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Thibauld Malterre De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com