Algérie

Semons du pétrole pour récolter de l’industrie



Publié le 06.06.2024 dans le Quotidien l’Expression

Après la nationalisation du secteur pétrolier en février 1971, la politique du pays était de «semer du pétrole pour récolter de l'industrie».
L'industrialisation de l'Algérie a véritablement commencé après la nationalisation du secteur pétrolier en février 1971. Cette année-là, les premières promotions d'étudiants des instituts: le CAHT créé en octobre 1964, dont j'étais le directeur général l'année de cette nationalisation, et l'IAP, créé en juin 1965, étaient prêts pour prendre la relève des techniciens étrangers qui avaient quitté le pays.

Le pays disposait alors en toute propriété du pétrole de Hassi Messaoud et du gaz de Hassi R'mel, à la fois, comme sources d'énergie pour industrialiser le pays et comme sources de financement des biens d'équipement importés pour son industrie. Et la politique d'alors était de «semer du pétrole pour récolter de l'industrie», vecteur de l'indépendance économique du pays.

Depuis lors, la stratégie industrielle poursuivie par les gouvernements successifs continue à avoir comme ligne directrice la construction de cette indépendance. Cette stratégie a toujours visé à intégrer l'ensemble des filières industrielles avec un espace réservé aux secteurs stratégiques, aux énergies fossiles et, récemment, aux énergies renouvelables ainsi qu'aux autres domaines de l'économie nationale dans le cadre d'une politique économique nationale globale qui articule l'ensemble de ces secteurs.

Cette stratégie accorde naturellement la priorité à la valorisation des matières premières pétrolières et minières, source de valeur ajoutée, à l'instar de tous les pays qui disposent de ressources naturelles et qui visent un développement endogène, ainsi qu'aux secteurs d'entraînement de toute l'économie nationale - électricité électronique, mécanique, métallurgie, matériaux de construction, pétrochimie, matériaux de construction - bénéficiant au secteur primaire de l'agriculture et au secteur tertiaire des services.

Cette stratégie met également l'accent sur l'industrie manufacturière et l'industrie agroalimentaire parce qu'elles génèrent de nombreux emplois, contribuent à l'équilibre régional du fait de leur répartition sur tout le territoire national et constituent un excellent facteur d'intégration avec le secteur pétrochimique et agricole.

Cette stratégie, ainsi définie et planifiée, n'est pas mise en oeuvre à huis clos. Pour sa réalisation, elle a eu recours chaque fois que de besoin à l'investissement étranger (direct ou en partenariat) en vue d'accéder à la technologie et aux marchés étrangers, en fixant des conditions précises: protection et soutien de la production nationale, interdiction de certains secteurs stratégiques, partenariat minoritaire dans certaines filières, obligation de formation du personnel et transfert effectif de la technologie, intégration locale et exportation totale ou partielle des produits de l'investissement avec un bilan devises positif.

Cette stratégie industrielle ne dépend pas exclusivement de l'investissement direct étranger. Car l'expérience a montré que l'investisseur étranger ne transfère pas entièrement sa technologie, qui est l'essence même de son existence et de son profit. La technologie s'acquiert et ne se donne pas.

Plus généralement, l'Algérie s'est engagée dans une transformation économique et sociale globale et durable, basée sur le potentiel national existant et axée sur la valorisation des ressources naturelles, la préservation des secteurs stratégiques, la construction d'une économie indépendante avec les moyens publics et privés nationaux, l'intégration nationale puis régionale afin de créer les meilleures conditions d'une intégration internationale progressive et contrôlée, avec un seul objectif: l'amélioration du bien-être de la population dans toutes les régions du pays.

Bien plus, se voulant en phase avec l'évolution de l'économie mondiale et des critères de compétitivité, elle s'oriente résolument vers la numérisation de ses processus de production et une industrialisation verte qui se soucie de la protection de l'environnement.

L'Etat et ses collectivités locales, renforcées par la décentralisation, les entreprises publiques et privées, soutenues dans leurs opérations d'investissement et d'exportation, les cadres nationaux et les partenaires sociaux associés dans l'action, sont les leviers principaux sur lesquels l'Algérie s'appuie pour poursuivre son épopée industrielle et la construction d'une économie nationale indépendante.

Mohand Amokrane Cherifi



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