Algérie

Semaine cruciale pour le Mali


Le Mali ne peut pas se permettre un départ précipité de son président dans les conditions politico-sécuritaires actuelles que vivent le pays et l'ensemble de la sous-région sahélo-saharienne.Le délai accordé par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) aux 31 députés "mal élus" à l'Assemblée nationale malienne a expiré ce week-end.
Mais ces derniers refusent de démissionner, conformément aux conclusions du sommet extraordinaire de la Cédéao de mardi dernier, que l'opposition malienne a également rejetées en bloc, malgré les menaces de sanctions brandies par cette organisation régionale à l'encontre de tous ceux qui s'opposeraient à ce qu'elle considère comme un "processus de normalisation de la crise" malienne. "On ne démissionnera pas. C'est clair et net", ont affirmé les députés maliens lors d'une conférence de presse tenue à la veille de la fête de Tabaski (Aïd El-Adha au Mali), en réaction à la Cédéao. Cette décision peut entraîner la dissolution de l'Assemblée malienne, ce que la coalition du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a exigé dans son mémorandum du 30 juin dernier, outre la revendication principale qu'est la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), que la Cédéao rejette et qualifie de "ligne rouge". Autrement dit, face à ce statu quo et au refus des différentes parties de céder sur leurs revendications, malgré une pression diplomatique régionale et internationale accrue, la crise politique au Mali s'apprête à négocier un virage dangereux dans les jours à venir, après la trêve décidée par l'opposition à l'occasion de la célébration de l'Aïd, suspendant momentanément son appel à la désobéissance civile.
Pour rappel, le M5-RFP a appelé à un mouvement de désobéissance civile qui avait commencé parallèlement à la tenue du rassemblement pacifique du 10 juillet dernier. Mais la répression sanglante de ce rassemblement, qui a fait en deux jours une douzaine de morts parmi les manifestants et plus d'une centaine de blessés, a concentré l'action du M5-RFP sur l'exigence de rendre justice à ses partisans. Aussi, la forte implication de la communauté internationale dans la résolution de ce dossier a amené l'opposition à négocier une sortie de crise. Mais toutes les tentatives de médiation ont échoué, le M5-RFP maintenant le départ d'IBK comme condition sine qua non pour tout arrangement politique, ayant perdu toute crédibilité après les événements tragiques des 10 et 11 juillet.
Par ailleurs, la partialité de la Cédéao en faveur d'IBK a radicalisé la position de l'opposition malienne, qui s'apprête à reprendre son action de rue en organisant des marches dans la capitale Bamako et à travers plusieurs autres villes du pays, particulièrement celles du centre et du sud du pays.
À côté, les partisans du M5-RFP se sont montrés déterminés plus que jamais à obtenir la démission d'IBK et à empêcher la mise en place des résolutions de la Cédéao, à travers la relance du mouvement de désobéissance civile.
Si cela venait à être mis à exécution, le face-à-face opposition-pouvoir risquerait d'être sanglant, surtout que des informations relayées par plusieurs médias nationaux et étrangers ont fait état de l'acquisition par l'Etat malien d'un important matériel antiémeute, qui aurait été fourni par l'Algérie et la Guinée.
Lyès Menacer
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