Algérie

Seloua, une étoile s'éteint



La grande chanteuse de hawzi et de variété algérienne Seloua ? Fettouma Lemitti de son vrai nom ?, qui a fait les beaux jours de la chanson algérienne dans les années 1970 et 1980, est décédée jeudi à l'âge de 86 ans, des suites d'une longue maladie, annonce l'Office national de la culture et de l'information (Onci). Seloua avait débuté sa carrière en 1952 à Radio-Alger pour animer une émission destinée aux enfants, avant de se rendre à Paris pour devenir l'animatrice de la première émission dédiée aux femmes arabes à la radio française.Après sa rencontre avec le compositeur Lamraoui Missoum, elle enregistre son premier titre en 1962, Lalla Amina, qui sera classé troisième des ventes de la célèbre maison de disque Pathé Marconi. Sa voix d'exception et sa culture musicale lui permettront de se perfectionner et de percer dans la chanson au lendemain de l'indépendance, où elle a collaboré avec Mahboub Bati et Boudjemia Merzak qui deviendra son époux. Elle est également connue pour avoir animé la première version de l'émission "Alhan oua Chabab" avec Maâti Bachir. Son talent dans l'interprétation du hawzi l'a imposée comme la digne héritière de Fadhila Dziria après son décès. À l'annonce de sa disparition, la ministre de la Culture et des Arts, Wafa Chaalal, a affirmé que l'Algérie "perd une figure de proue de l'art algérien" avec la disparition de l'artiste Seloua, décédée jeudi. Dans un message de condoléances adressé à la famille de la défunte et à la famille artistique algérienne, la ministre a exprimé ses sincères condoléances et sa profonde compassion suite à la disparition de l'artiste, qui "a laissé un répertoire riche de belles œuvres artistiques ayant contribué à l'enrichissement du registre artistique national et lui a permis de drainer une large base populaire d'admirateurs". La cérémonie de recueillement sur la dépouille de la défunte devait avoir lieu hier à partir de 11h au Palais de la culture Moufdi-Zakaria pour permettre aux artistes et à ses fans de lui rendre un dernier hommage, a indiqué le ministère de la Culture. Cette disparition a provoqué l'émoi sur la Toile.
Les internautes, entre fans, artistes et membres d'associations, n'ont pas manqué de lui rendre un dernier hommage sur les réseaux sociaux. Sur l'un des posts publiés, nous pouvons lire : "Une dame qui occupait une grande place dans notre patrimoine culturel tire sa révérence dans la plus grande discrétion", ou encore : "Notre ciel des lumières vient de perdre une Etoile dénommée Seloua. Après la disparition d'autres étoiles comme Noura, Saliha, Warda, Fadhéla, Titma, Naïma, Zhor, Chérifa, Zoulikha et bien d'autres chanteuses qui ont bravé le temps et 'l'interdit' pour 'éclairer' notre morne et triste quotidien. Oui, c'est bien la 'nôtre', ciel des lumières, qui a éclairé notre génération et nous a permis de survivre pendant les périodes les plus sombres, telle la décennie noire (...)"
Pour sa part, l'écrivain Lazhari Labter a écrit : "L'étoile de la chanson de variété algérienne des années soixante-dix et quatre-vingt, la grande Seloua, Fettouma Lemitti de son vrai nom, n'est plus. Talentueuse interprète de hawzi à la voix d'or, digne héritière de la grande Fadhila Dziria, elle continuera de nous enchanter à chaque chanson écoutée. Ya Lalla Amina, sa première chanson enregistrée à Paris chez Pathé Marconi en 1952, dix ans après ses débuts à la Radio d'Alger, classée troisième des ventes, la fera connaître du public et lui ouvrira une voie royale dans sa carrière d'artiste interprète." Quant à la réalisatrice et journaliste Badra Hafiane, elle a mentionné : "Seloua pour moi, c'est aussi l'élégante coquetterie des foyers algérois, ses échanges avec Rouiched, dans Hassan Taxi. Seloua avait aussi une charge de sensualité impressionnante à l'écran, son talent inexploité au cinéma dépasse de loin celui de nombreuses actrices et comédiennes algériennes de renom. Avec une grande tristesse, on a appris le décès d'une icône de notre belle culture." "Seloua était à la fois chanteuse, animatrice, actrice, une carrière pleine et grandiose à la hauteur de sa personne, un timbre de voix impérial, une beauté divine et une présence majestueuse, elle a marqué le paysage culturel algérien avec grâce et noblesse."

R. C./APS


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