Algérie

Selon un rapport établi par la Banque mondiale



L’Algérie ne possède pas les capacités pour absorber l’immense manne financière Un rapport établi par la Banque mondiale, durant les années 2005 et 2006, et récemment publié sur son site Internet, évoque les multiples dysfonctionnements qui caractérisent encore le système financier algérien, sa lenteur, son inefficacité et donne quelques indications pour améliorer sa gestion future. Ce rapport, réalisé par des experts internationaux au cours d’une enquête minutieuse, arrive au même constat déjà fait par l’ancien Premier ministre, Mouloud Hamrouche, qui disait, il y a quelque temps, que l’Algérie n’avait pas les capacités suffisantes (en termes de moyens de contrôle et de régulation des investissements) pour absorber l’immense manne financière destinée à couvrir le second plan de soutien à la relance économique (100 milliards de dollars). Hamrouche y voyait déjà la crainte d’un immense gaspillage ou des détournements. Cette large revue fait une analyse approfondie de la gestion fiscale et de la qualité des investissements publics sous le programme complémentaire de soutien de la croissance (PCSC) autour des cinq objectifs, à savoir l’évaluation et la pérennité fiscale dans le contexte du stimulus fiscal que l’important PCSC représente, la définition des hauts standards techniques pour la gestion des investissements publics, tirer des leçons du présent processus de réforme et de modernisation budgétaire afin d’accélérer la mise en place générale, la surveillance et l’évaluation des projets PCSC, l’appui à la préparation d’un cadre de dépenses à moyen terme (CDMT) et enfin l’amélioration de l’efficacité et l’économie des investissements dans quatre secteurs clés, notamment les Transports et les Travaux publics, l’Eau, l’Education et la Santé. Le diagnostic établi relève que le PCSC «est financièrement viable à moyen terme» mais note tout de même que le budget fiscal «peut temporairement soutenir de larges augmentations des investissements publics sur la période 2005-2009». Cependant, le rapport de la BM met en garde le gouvernement algérien contre trois facteurs négatifs susceptibles de remettre en cause tout le programme économique mis en œuvre pendant les dernières années. D’abord, note le rapport, les autorités algériennes devront «prendre soin de limiter les augmentations dans les dépenses courantes dérivées des investissements PCSC». Ensuite, le PCSC devra être mis en œuvre graduellement, durant toute la vie du projet. Selon ce rapport, le fait de se limiter au financement des projets «peut engendrer des dépenses inutiles et de la corruption». Enfin, lorsque le PCSC touchera à sa fin, «les autorités devront adopter des actions concrètes afin de revenir à un niveau de dépense viable à moyen terme». En conclusion, le rapport indique que l’Algérie a fait «d’important progrès en matière d’éducation publique et de santé» à l’exception, toutefois, de la «mortalité maternelle». Néanmoins, l’Algérie pourra certainement atteindre tous ses objectifs de développement du millénaire (ODM). Cependant, le rapport d’expertise identifie «plusieurs faiblesses dans le cadre institutionnel», notamment l’efficacité sectorielle et l’économie de l’investissement public. A ce titre, le système national d’investissement public a besoin d’être modernisé. Des projets «majeurs» requièrent, selon ces experts, «une supervision spécifique de la part d’une agence spécialisée». La réforme budgétaire, un outil essentiel dans la mise en place du PCSC, «progresse mais très lentement», estime la Banque mondiale qui ajoute que le niveau de compétence technique du personnel en charge de l’exécution des projets «est faible et il est improbable que ce niveau s’améliore dans un avenir proche». En ce qui concerne la gestion des grands projets d’envergure mis en chantier, ceux-ci «ne sont souvent pas conformes aux standards techniques minimes, voire aucun suivi n’est effectué étant donné qu’aucune base de données centralisées des projets PCSC n’existe». Sur la base de cette analyse, le rapport note qu’en général, «ceci donne lieu à des objectifs de projets seulement partiellement réalisés», tandis que «plusieurs projets ne devraient même pas être poursuivis». Ces problèmes sont intensifiés par une «allocation de ressources trop grande par rapport à la capacité d’absorption locale». Alors que les «coûts initiaux» sont, pour la plupart, sous-estimés, les coûts finaux sont, à l’inverse, «très souvent surestimés». C’est pourquoi, note encore le rapport «la faiblesse de la capacité d’absorption induit des risques considérables de coûts trop élevés». La revue s’attaque également au plan de développement du gouvernement et indique que la «plupart des stratégies sectorielles (excluant l’Education) sont obsolètes», une situation qui mène, selon la BM, à des concentrations stratégiques du PCSC implicitement biaisées envers les projets de construction d’infrastructures. Le déficit de budgets de maintenance, surtout pour les vastes projets d’infrastructures (routes et travaux publics), «est très onéreux», alors qu’il existe plusieurs possibilités de redressement des coûts considérables dans le domaine des barrages, de la construction d’écoles, de l’équipement médical et de la gestion pharmaceutique. Parmi les principales recommandations soulevées par la BM, «des mesures doivent être adoptées pour corriger les faiblesses du système d’investissement public». Ainsi, le rapport recommande de travailler sur les piliers de la réforme institutionnelle, à savoir la «restructuration du système national d’investissement public», nouvellement créé, et la Caisse Nationale d’Equipement pour le Développement (CNED).. Une base de données centrales des projets «majeurs» et labellisés PCSC devrait «être créée pour suivre et contrôler» avec précision les évolutions, en plus la modernisation de la gestion budgétaire devra s’accélérer. L’informatisation du budget devra être prête en 2008, afin de l’introduire l’année suivante, suggère encore le rapport. Saïd Farhi


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