Algérie

Selon un chercheur US en études stratégiques : «Les Américains ne connaissent rien de l'Algérie»



Selon un chercheur US en études stratégiques : «Les Américains ne connaissent rien de l'Algérie»
«Les Etats-Unis sont en passe de devenir indépendants en matière d'énergies, de ce fait, leurs importations des hydrocarbures algériennes vont connaître un déclin», a déclaré hier un chercheur au Centre américain international d'études stratégiques.Il s'appelle Haim Malka, il est chercheur en études stratégiques et se dit spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient. Il était hier l'invité de l'Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) dont le siège est au ministère des Affaires étrangères. Il a fait une conférence sur «La politique étrangère américaine dans le Maghreb». Abdelaziz Bouguetaïa, le directeur de l'IDRI, a tenu à présenter le Maghreb comme étant «une région à enjeux où s'expriment diverses influences en raison de sa situation géostratégique qui le place à l'entrée de l'Afrique, il est un prolongement du monde arabe et est à proximité de l'Europe». Malka affirme, pour sa part, être «passionné de l'Algérie, de par sa culture et de son histoire».
Il commencera par expliquer à l'assistance venue nombreuse l'écouter que «la politique étrangère américaine est en train de changer dans le Maghreb et dans le Moyen-Orient». En fait, quand il poursuivra sa conférence, il s'enfoncera dans de grandes contradictions pour soutenir que «les Etats-Unis optent, désormais, pour le multilatéralisme au lieu de l'unilatéralisme où ils étaient obligés de supporter seuls les conséquences de toute initiative qu'ils entreprenaient».
Tout au début, il a mis en avant le fait que beaucoup, y compris les Américains eux-mêmes, estiment qu' «il y a une incohérence dans cette politique américaine menée dans le Maghreb en raison de l'absence de stratégie et de vision d'avenir». Il avoue lui-même qu'«une telle politique me laisse perplexe». Mais il soulignera que toute politique américaine est guidée par les intérêts. «Les priorités américaines changent par rapport à leurs intérêts en tant que puissance militaire et diplomatique dans la résolution des conflits à travers le monde».
«OBAMA A DEMANDE A MOUBAREK DE QUITTER LE POUVOIR»
Le changement dont il fait part est dicté, selon lui, par les effets de la globalisation qui a fragmenté les puissances économiques, les transitions politiques dans le Maghreb et le Moyen-Orient qui les ont rendu moins stables et plus complexes. Il affirmera que les USA ont tendance à soutenir les soulèvements populaires. Tendance qu'il juge «en contradiction avec leur soutien aux régimes stables».
Malka rappellera qu'«en 2011, le président Obama a demandé au président Moubarek de quitter le pouvoir». Importante déclaration pour les jeunes de la place Tahrir qui pensent qu'ils ont été à l'origine de la chute du Raïs. «Deux ans après, les Américains acceptent que les militaires remplacent l'islamiste Morsi», ajoute-t-il encore. Ceci étant dit, le chercheur affirme qu'«Obama soutient la démocratie mais sa priorité, c'est la préservation de la sécurité et la lutte contre le terrorisme». Le chef de la Maison Blanche met, selon lui, de côté la démocratie et le respect des droits de l'homme quand il s'agit de lutter contre le crime transnational et de maintenir la stabilité.
Le conférencier s'enfonce dans d'autres contradictions pour souligner que la dette des Etats-Unis est tellement élevée que «cela les obligent à réduire le budget de la défense de 500 millions de dollars». Dette qui a donc un impact sur la sécurité et qui le pousse à interroger «comment vont-ils faire la guerre dans l'avenir '». Il affirme même que «les USA n'ont pas intervenu dans le Mali parce qu'ils ne veulent pas d'une guerre qui leur coûtera trop cher».
«LES AMERICAINS NE COMPRENNENT ET NE CONNAISSENT RIEN DE L'ALGERIE»
D'ailleurs, il estime que c'est parce qu'ils manquent d'argent que les USA ne rentrent pas en guerre contre la Syrie ou l'Iran. Et s'ils penseraient à le faire, «ils le feront en forces combinées, d'une manière multilatérale et non unilatérale». Ce sont de tels exemples qui lui font dire que «les Américains optent aujourd'hui pour une politique moins ambitieuse et bien plus pragmatique». Il est convaincu que les USA veulent ainsi partager la gestion du fléau de l'insécurité et du terrorisme. C'est ce qu'il appelle l'interopérabilité, un terme cher à l'OTAN et qui en a fait depuis quelques années, son leitmotiv pour faire participer tous ses membres dans la lutte antiterroriste ou dans les guerres inutiles. Malka note, cependant, qu'«il est difficile que les USA mènent de grandes actions dans la région du Maghreb». Ceci, même s'ils ont lancé un dialogue stratégique avec l'Algérie et avec le Maroc. Dialogue pour s'entendre uniquement sur les moyens de lutter contre le terrorisme et de préserver la sécurité dans la région. L'Algérie prestataire de services pour le compte de Washington dans ce domaine ' Non, répond le chercheur, «les USA demandent à ce que les pays de la région fassent ce travail, un partage de tâches pour préserver des intérêts communs».
En tout état de cause, le chercheur américain est persuadé que les USA ont plus d'intérêts dans les pays du Golfe qu'avec ceux du Maghreb. Il fait savoir, entre autres, que 80.000 Saoudiens étudient aux Etats-Unis. «Ils ne connaissent rien de l'Algérie», affirme-t-il. Il déclare même que les Etats-Unis ont débloqué pour les pays du Maghreb, tous ensemble, 103 millions de dollars pour «renflouer la coopération». Et «ils ont donné 165 millions de dollars au seul Liban qui a trois millions d'habitants». Il relancera quand même l'idée de «la volonté américaine d'engager avec l'Algérie un dialogue stratégique pour construire un partenariat stratégique». Mais quel partenariat ' interroge-t-il. D'ailleurs, il se retrouve à dire que «les Américains ont découvert dans le Nord de grandes quantités de gaz de schiste. «Ils sont en passe de devenir indépendants en matière d'énergies. «En 2007, ils ont importé de l'Algérie 443.000 barils de pétrole par jour mais en 2012, ils en ont importé seulement 120.000 b/j. Il présage que «les importations américaines des hydrocarbures algériennes vont connaître un déclin». Pour lui, «les Américains ne comprennent rien de l'Algérie, ils n'ont pas d'interactions, pas d'échanges importants avec elle». Il rappelle que les Américains englobent le Maghreb dans le Moyen-Orient. Que devient le GMO (Grand Moyen-Orient) alors ' Le chercheur américain n'en dira rien. Il avait pris le soin tout au début de sa conférence qu'il ne parlait pas au nom du Centre international d'études stratégiques auquel il appartient.




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