Le terrorisme «domestique» étant réduit et contenu, l'Algérie s'inquiète
plutôt des groupes terroristes qui prennent comme base arrière les pays du
Sahel, comme l'a expliqué le ministre de l'Intérieur et des Collectivités
locales, Daho Ould Kablia, jeudi à Alger, dans une déclaration à la presse en
marge d'une séance plénière de l'Assemblée populaire nationale.
«Ce sont plutôt les groupes
terroristes qui se trouvent à l'extérieur de nos frontières qui auraient pu
nous inquiéter», a-t-il indiqué, faisant allusion aux bandes armées qui
activent le long des frontières avec la Libye, le Mali ou encore le Niger, s'appuyant sur
les conditions d'insécurité qui caractérisent ces pays et profitant des
conflits qui s'y déroulent. Le ministre, se voulant rassurant, a affirmé que
l'Algérie, consciente du danger dû au recrutement et au surarmement de ces
groupes, a pris toutes les dispositions nécessaires pour y faire face, soulignant
que les frontières sont hautement sous surveillance et que toutes les
dispositions «sont prises pour qu'ils ne puissent absolument pas entrer dans
notre pays, que ce soit du côté du Mali, du Niger ou du côté libyen».
Il avait rappelé, à Tripoli, que
les forces de sécurité algériennes ont avorté à maintes reprises des tentatives
de trafic d'armes le long de ses frontières. A deux reprises, les éléments du
Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l'Ouest, le Mujao, ont frappé sur le territoire national. Dans la pure
ligne djihadiste puisée des préceptes d'Al-Qaïda, le Mujao est impliqué
dans l'enlèvement de trois ressortissants étrangers, membres d'ONG européennes
travaillant dans des camps de réfugiés sahraouis, près de Tindouf. Il a
également revendiqué l'attentat kamikaze contre le groupement de gendarmerie à
Tamanrasset, qui a fait 23 blessés selon un bilan officiel.
Selon des analystes des mouvements
armés islamistes, le Mujao, qui prône le jihad en Afrique de l'Ouest, serait une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, et
l'identité du kamikaze de Tamanrasset n'est pas pour démentir cette définition.
Les deux actions perpétrées par le Mujao en l'espace
de quelques mois, frappant au cÅ“ur même du dispositif sécuritaire algérien, présage
d'une force de frappe non négligeable, probablement alimentée par les armes
perdues de la Libye
et de complicités au niveau des frontières.
Et à propos justement de la
sécurisation de ces frontières et de la lutte contre le terrorisme dans le
monde arabe, à la lumière des travaux de la 29e session du Conseil des
ministres arabes de l'Intérieur qui s'est tenu à Hammamet (Tunisie), M. Ould Kablia a indiqué que
l'exemple algérien a été pris comme base de réflexion et de travail lors de
cette rencontre.
Par ailleurs, évoquant le comité
frontalier entre l'Algérie et la
Libye, le ministre de l'Intérieur précisera que sa mise en
place verra le jour lors de la visite de son homologue libyen, Faouzi Abdelali, à Alger à la fin
mars. Une initiative prise en marge de la Conférence ministérielle territoriale sur la
sécurité des frontières qui s'est tenue dernièrement dans la capitale libyenne.
« L'Algérie est favorable à la création d'un comité frontalier bilatéral avec la Libye en vue d'assurer la
sécurité et la surveillance de leurs frontières communes», avait indiqué lundi
dernier à Tripoli le ministre de l'Intérieur algérien. A propos de cette
proposition, il a rappelé que ce type d'arrangement lie l'Algérie à des pays
voisins, en citant notamment le Mali et le Niger, ajoutant que ces deux comités
frontaliers bilatéraux ont donné des résultats positifs, notamment en matière
de lutte contre la criminalité.
Partageant des frontières communes
longues d'un millier de kilomètres, Alger veut reproduire le même schéma avec la Libye pour la sécurisation
et la surveillance de ses frontières. Le ministre de l'Intérieur a tenu à
rappeler les moyens humains et matériels mobilisés par l'Etat algérien pour
sécuriser ses frontières. Il indiquera, par ailleurs, que les deux pays
tiendront «régulièrement des rencontres bilatérales» pour discuter de ce sujet
et que le comité aura des structures «décentralisées» pour plus de flexibilité
et de souplesse, sans avoir à revenir à l'autorité centrale.
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Posté Le : 17/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com