Il ne se passe pas une journée sans que le conflit entre les médecins
résidents en grève et leur ministre de tutelle n'apporte son lot de nouveauté.
Des épisodes d'une série à rebondissements entamée, le 28 mars dernier, jour
de la proclamation d'un débrayage sous la houlette du CAMRA, le collectif
autonome des médecins résidents algériens, et qui dure toujours.
La dernière sortie médiatique du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamal Ould Abbès,
jeudi à Alger, avait pour objectif d'annoncer que le décret portant statut
particulier des médecins résidents sera promulgué avant fin juin courant. L'ancien
datant de 1996. Une annonce publique en guise d'un fait accompli puisque le
ministre a rappelé que ce même projet de loi, actuellement au niveau de la
fonction publique, avait été approuvé dans un premier temps par les grévistes
avant de se rétracter par la suite. Le Collectif autonome des médecins
résidents avait dénoncé auparavant, outre la fuite en avant de leur tutelle, le
fait qu'elle botte en touche des aspects de la profession qu'elle juge ne pas
la concerner. Le Dr Amine Benhabib, membre du CAMRA, avait,
dans une déclaration au «Quotidien d'Oran», cité en exemple justement le statut
particulier des médecins résidents, «dévié sur le terrain de la fonction
publique ou encore de la commission pédagogique, du ressort du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la
Recherche scientifique, selon la vision de Djamel Ould Abbès ». Le ministre a
d'ailleurs réitéré sa position sur ce dernier point en rappelant, jeudi dernier,
que l'aspect pédagogique est du ressort du ministère de l'Enseignement
supérieur. M. Ould Abbès
indiquera que la tutelle avait répondu à toutes les revendications exprimées
par les médecins résidents, à l'instar de l'augmentation des primes de
contagion et de permanence. Cependant, le Collectif avait estimé que, tant que
toutes les revendications portées sur leur plateforme n'étaient pas satisfaites,
la grève se poursuivra. Parmi les points de discorde, la suppression du fameux
service civil exigé par les médecins résidents. A propos de cette revendication,
le ministre a de nouveau affirmé qu'elle dépassait son département. Une manière
de déléguer les problèmes et d'éviter l'enlisement dans un conflit
insurmontable s'il restait en l'état. Cette déclaration augure-t-elle
l'implication d'une tierce partie ? Les prochains jours semblent être décisifs
pour la suite du mouvement de contestation. Quant aux ponctions sur salaires
décriées par les résidents, même si elle ne sont pas systématiques, le docteur Benhabib expliquant que «les ponctions sur salaires n'ont
pas été généralisées, quelques résidents ont été privés de l'ensemble de leur
salaire, d'autres de trois jours». M. Ould Abbès soulignera le caractère illégal de la grève, précisant
ne pas payer «ceux qui ne travaillent pas». La dernière action du CAMRA, avec
la tenue de trois sit-in régionaux à l'Est, au Centre et à l'Ouest avec des
dons de sang, a été l'occasion pour les médecins résidents de réitérer leurs
mots d'ordre et de se mobiliser davantage jusqu'à la satisfaction de l'ensemble
de leurs revendications. Pour rappel, le CAMRA avait déjà indiqué que ses
membres ne comptent pas baisser les bras jusqu'à l'agrément de toutes leurs revendications
y compris celles ayant trait au volet pédagogique. « Nous voulons des garanties
sur le point du caractère sanctionnant les examens intercalaires car, malgré
les assurances du ministre, certains directeurs pédagogiques ont clairement
affirmé ne pas suivre les instructions de Ould Abbès ». S'agissant du service civil obligatoire, dont
l'abrogation constitue la principale revendication des médecins résidents, le
ministre avait annoncé l'installation officielle d'une « commission de sages »
en vue d'une « possible » révision de cette mesure. Une déclaration qui n'est
pas du goût des contestataires qui persistent à vouloir abroger le caractère
obligatoire du service civil. Le CAMRA est plutôt favorable à l'initiative du
président de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour l'instauration d'un
moratoire sur le service civil. Outre l'abrogation des lois et décrets relatifs
au service civil obligatoire des médecins spécialistes et du service militaire,
les grévistes exigent la révision du statut actuel du résident, la réévaluation
de leur rémunération mensuelle et la révision de la prime de garde à hauteur de
4.000 DA au lieu de 690 DA.
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Posté Le : 18/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com