«Notre foncier est malade et le plus mauvais service qu'on pourrait
rendre à un malade est celui de lui faire croire qu'il ne l'est pas !», a lancé
hier M. Benaïssa Ahmed, géomètre expert foncier, à l'ouverture de la journée
d'étude sur l'impact de l'opération du cadastre général sur le régime foncier
en Algérie.
Le conférencier a ajouté «que le dossier du foncier a besoin d'un
véritable plan Marshall car les replâtrages ne suffisent plus».
Organisée à la salle des conférences de l'Université des sciences
islamiques Emir Abdelkader de Constantine par le conseil régional de l'ordre
des géomètres experts fonciers de l'Est, cette rencontre a réuni les membres du
conseil de l'ordre des géomètres experts fonciers de 19 wilayas de l'Est et du
Sud-Est. Y ont également participé les représentants de services extérieurs des
wilayas qui ont un rapport direct avec la question.
M. Benaïssa dira que «le dossier du foncier a réellement besoin d'un
véritable plan Marshall». Il a rappelé que si la notion de frontière
territoriale est apparue au 16e siècle avec la Régence d'Alger, celle de la
propriété reste à ce jour très floue et mal comprise.
«La propriété foncière en Algérie présente trop d'incertitudes,
concernant notamment la validité des titres, l'identité des ayants droit dans
le cas des successions et les délais trop longs des transcriptions des
documents. Parmi les causes de la «maladie» du foncier détectées par cet
expert, il y a la mauvaise notion de la propriété personnelle et celle
d'autrui, l'existence d'un cadastre incomplet et mal mis à jour, des structures
d'enregistrement et de conservation administratives inadaptées, des
intervenants souvent mal formés et un marché foncier surtout basé sur
l'informel. «Conséquence de tout cela, dit-il : nos tribunaux croulent sous le
poids des contentieux liés au foncier».
Sur sa lancée, l'orateur a révélé aussi «que l'accaparement du foncier
est légion dans nos villes et villages. Le domaine public de l'Etat est presque
devenu un bien en déshérence et le domaine melk, ou privé, profite de cette
aubaine légale, offerte par les cessions dans l'indivision qui enfantent des
quartiers entiers construits dans l'anarchie.
Lancée en 1975, l'opération du cadastre est presque aussi vieille que
l'indépendance du pays. Elle est prise en charge par l'Agence nationale du
cadastre (ANC). Les territoires à cadastre, a indiqué M. Benaïssa, sont les
régions rurales qui comptent une superficie de 11 millions d'hectares et les
régions urbaines de 400.000 hectares. En 2010, la superficie cadastrée pour la
première catégorie est de 7,2 millions d'hectares, soit un taux de 65,5% ; et
pour la seconde, la même superficie est de 150.000 ha, soit un taux de
réalisation de 37,5%. «En prenant 1989 comme date de référence, explique le
conférencier, cela ferait un taux de réalisation annuel de 3% pour les régions
rurales, et il faut 11,5 années pour terminer le travail, et 1,7% de taux de
réalisation pour les régions urbaines et attendre 37 années pour terminer le
travail».
Il rappelle que le président de la République avait donné en 2009 des
instructions pour terminer cette mission dans les trois années suivantes. «J'ai
peur que l'on soit encore obligé d'attendre», estime cet expert, en ajoutant
qu'il serait presque indécent de vouloir penser à développer notre pays sans se
soucier de son foncier et de son cadastre.
A noter que cette rencontre se terminera aujourd'hui avec la tenue de
l'assemblée générale des géomètres de la région Est.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 03/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Mallem
Source : www.lequotidien-oran.com