Algérie

Selon le président de l'Association des conseillers fiscaux algériens: Une amnistie fiscale générale serait une injustice


«On ne peut pas relancer l'économie sans une réforme financière profonde qui touche l'ensemble des axes de la finance en Algérie. Le financement de l'économie et l'investissement en général nécessite une réforme financière », a déclaré hier Boubekeur Sellami, président de l'Association des conseillers fiscaux algériens, sur les ondes de la radio nationale Chaîne 3.« Une réforme qui passe obligatoirement par la numérisation. Dans certains secteurs de l'économie et de la finance, la numérisation a commencé depuis très longtemps, malheureusement on n'a pas réalisé grand-chose. Le président de la République a insisté pour que cela se fasse dans des délais précis. C'est six mois pour certains secteurs. Il faut d'abord une numérisation verticale dans chaque segment de la finance avant de passer à la numérisation horizontale. Mais tous les secteurs ne sont pas au même niveau. Si on parle des douanes, des impôts, des banques… on n'est pas au même niveau de numérisation », a-t-il précisé à ce sujet.
L'intervenant considère qu'« on ne peut pas parler d'investissement et d'investisseurs sans préparer le terrain pour rétablir cette confiance. L'investisseur, jusqu'à ce jour, a une réticence. Ça fait quelques années, il y avait une absence totale d'investissements en Algérie, surtout étrangers. Il faut rétablir cette confiance à travers des réformes sur tous les segments de la finance ». Il estime qu'un des leviers de la réforme doit être la fiscalité, « surtout la fiscalité ordinaire, pour couvrir les dépenses de fonctionnement ». « Il faut élargir l'assiette fiscale, des allègements fiscaux, des formations, mais aussi des moyens pour accompagner les volontés au sein de l'administration du fisc », explique M. Sellami.
« Il faut des moyens et de la formation des agents de l'administration fiscale. Parce que le marché parallèle a pris de l'ampleur », a-t-il affirmé, estimant les pertes fiscales occasionnées à quelque 2.600 milliards de DA. « L'Etat a pris plusieurs mesures d'encouragement pour en finir avec l'argent qui circule dans le secteur informel, estimé à 90 milliards de dollars. Malheureusement, les résultats sont très faibles, puisque les acteurs refusent toujours d'aller vers les banques et la traçabilité », note l'intervenant qui a également rappelé les déclarations du président de la République qui avait évoqué « à deux reprises la possibilité d'adopter des mesures radicales ».
M. Sellami plaide en faveur du changement des billets de banque de façon, explique-t-il, à obliger les acteurs du secteur informel à passer par la banque pour régulariser leurs capitaux. « L'argent de l'informel restera dans l'informel tant qu'on n'utilisera pas cette solution», dit-il encore.
Interrogé sur la revendication de l'amnistie fiscale prônée par certains économistes, l'intervenant estime qu'une telle mesure serait une « injustice envers ceux qui s'acquittent de leurs impôts ». « Si une amnistie il y a, elle doit être au cas par cas, mais une amnistie générale est une injustice contraire au principe même de l'impôt », dit-il.
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