Hier à Alger, au cours d'une rencontre informelle avec quelques
journalistes, le PDG de la holding Sonelgaz, Nouredine Boutarfa, a longuement
évoqué le fonctionnement et les différentes pressions que subit le service
public de l'électricité et du gaz.
Quelque peu excédé par les critiques de boulangers et autres relatives à
des coupures de courant et relayées par la presse, le PDG de ce holding, qui
compte 34 entreprises, a fait remarquer qu'il n'y a «pas de zéro coupure». Cela
n'existe dans aucun pays, a estimé M.Boutarfa en notant que les 6 millions et
demi d'abonnés sont dans l'ensemble satisfaits. Selon ses statistiques, les
incidents de distribution d'électricité peuvent affecter entre 2 000 et 10 000
abonnés, en moyenne annuellement. Ce qui est presque insignifiant,
proportionnellement au nombre d'abonnés. Pour les gestionnaires de la
distribution, la réduction de ces incidents est une tâche quotidienne qui
s'ajoute aux innombrables autres tâches.
De lourdes charges
Les présidents-directeurs généraux de la Société de Distribution d'Alger
(SDA), Abdelkader Boussourdi, de la Société de Distribution du Centre (SDC),
Yacine Redha Redouane, et de l'Opérateur Système Electrique, Abdelaali Badache,
qui entouraient M. Boutarfa, ont exposé les mille et une charges et contraintes
qui pèsent sur eux. Il y a celles, naturelles, inhérentes à leurs charges et il
y a celles qu'impose l'environnement global.
En plus des milliers de postes de distribution publique d'électricité
qu'elles gèrent, la SDA ou la SDC, qui regroupent 12 wilayas, sont constamment
sollicitées sur tous les chantiers ouverts à travers le pays, qu'ils soient
publics ou privés. Lorsque l'on connaît seulement le volume considérable des
investissements dans le domaine des infrastructures durant ces dernières
années, on imagine que les principales entreprises de la holding Sonelgaz n'ont
pas chômé. A titre indicatif simplement, environ 200 pylônes ont été déplacés
dans le cadre de la réalisation de l'autoroute Est-Ouest. Mais de nombreux
projets sont bloqués, notamment à cause des obstacles à l'accès au foncier.
Même quand l'entreprise de distribution de l'électricité et du gaz obtient les
autorisations requises pour installer un poste de distribution, souvent il y a
des oppositions en justice. Alors les projets restent en suspens, parfois
jusqu'à devenir obsolètes. Par ailleurs, bien qu'il s'agisse d'ouvrage
d'utilité publique, on rechigne souvent à recourir à la force publique pour
éviter des troubles à l'ordre public. En même temps, lorsque surviennent des
coupures ou qu'un équipement tombe en panne, on assiste – de plus en plus – au
recours à la rue pour protester, parfois en s'attaquant à des agents de la
distribution ou à des ouvrages publics. Au sein de la holding Sonelgaz, on le
déplore et on se refuse à travailler avec ce type de pression.
La distribution en reconstruction
Tout en réitérant que le «zéro coupure» n'existe pas, M. Boutarfa
souligne que «la distribution est en train de se reconstruire». Pour la
capitale, par exemple, il faudrait doubler le nombre des postes de distribution
publique, soit seize nouveaux et pour chacun, il faudrait au moins 1 500m² de
surface. Or, il n'y a pas de terrains pour le faire. Même problème dans la
wilaya de Tizi Ouzou pour le programme «gaz» qui ne parvient pas à dépasser les
30% de réalisation. Pour la wilaya de Ghardaïa, un programme de réalisation en
attente depuis 2009 vient d'obtenir le feu vert et un accord de principe pour
pouvoir ouvrir des tranchées et travailler.
Sur un autre plan, la holding Sonelgaz est en train de mettre un terme à
l'externalisation de certaines activités dont celles des petites interventions
(dépannage). La demande est forte au point où on envisage d'ouvrir deux
nouvelles écoles de formation. Les écoles existantes, qui ont failli être
définitivement fermées, affichent complet. Le PDG de la SDC, M. Redouane, a
indiqué à ce sujet que d'ici début 2012, le dépannage reviendra complètement
sous la coupe des sociétés de distribution du secteur. La finalité de cette
stratégie est d'assurer un service de qualité à la clientèle domestique ou
industrielle, souligne-t-on. Que ce soit au plan de la gestion ou des
équipements, la distribution devrait progressivement s'améliorer au plan
qualitatif après que le parc de production national a été renforcé pour
dépasser, à présent, les 7 000 mégawatts.
Un confort qui coûte de l'argent
Du coup, la consommation des ménages a doublé, voire triplé. On attribue
ce changement à l'accès «au bien-être de la climatisation». Cela est
particulièrement notable pour le Sud ou l'abonné «domestique» consomme 5,2% de
plus qu'un abonné du Nord, en termes de consommation moyenne annuelle
d'électricité. Si l'accès au confort que procure l'électricité s'est
popularisé, on peut presque en dire autant du vol de l'électricité (branchement
illicite, trafic de compteurs…). En valeur, cela représente environ 10
milliards de dinars. Enorme.
A côté de ces pertes, la holding estime à 43 milliards de dinars le
chiffre des créances exigibles, dont celles auprès des collectivités locales.
La question du tarif de l'électricité, le plus bas du bassin méditerranéen, a
été posée au cours de cette rencontre de presse avec le PDG Nouredine Boutarfa.
Rien de nouveau. Le tarif demeure gelé et les problèmes de trésorerie de
Sonelgaz et de ses filiales sont une réalité. L'Etat a gelé le découvert et en
septembre, le point de la situation doit être fait avec les représentants du
ministère des Finances. Parallèlement, les investissements financés,
directement ou indirectement, par l'Etat continuent. Les sociétés du groupe
avec leurs 65 560 salariés (dont 3 000 recrutés l'an dernier) demeurent sous
les feux de la rampe, tant l'électricité se confond avec confort et que tous
les Algériens, quelle que soit leur condition sociale, ne peuvent s'en passer
aujourd'hui. Du gaz non plus.
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Posté Le : 28/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com