Algérie

Selon le PDG d'Air Algérie: «Il n'y aura pas de départs volontaires»



Mohamed Salah Boultif, président-directeur général d'Air Algérie, s'est longuement exprimé, hier, sur le mouvement de protestation qu'a connu la compagnie le 3 janvier dernier. «Il ne s'agit pas d'une grève, mais plutôt d'un arrêt de travail», précise le premier responsable de la compagnie qui s'exprimait sur la radio chaîne 3. Les pilotes d'Air Algérie ont, en effet, observé un arrêt de travail de 8 heures pour réclamer de meilleures conditions de travail. Le mouvement de protestation a été organisé sous la houlette du Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA). Au terme de 8 heures d'interruption des vols, un accord a été conclu entre les grévistes et la direction de la compagnie aérienne publique. Les représentants du collectif des pilotes de ligne ont été reçus par le PDG d'Air Algérie. «Il n'y avait pas eu de grandes perturbations. La compagnie a assuré 30 vols durant cette période», indique le PDG d'Air Algérie. Dès son arrivée à la tête d'Air Algérie, en juin 2011, M. Boultif a eu à affronter une grève déclenchée par le personnel navigant commercial (PNC). Un autre mouvement social du genre a été déclenché en mai 2011 avant que la compagnie ne décide d'augmenter les salaires de 20%.

A l'issue de l'arrêt de travail observé le 3 janvier dernier, une plateforme de revendications axée autour de sept principaux points a été discutée entre la direction et le partenaire social. «Ces points portent sur l'élaboration d'un statut pour le personnel navigant, le respect des procédures de l'Organisation internationale de l'aviation (OACI) en matière d'organisation et de discipline», indique M. Boultif. Les autres points ont trait à la finalisation des travaux des commissions, notamment en ce qui concerne le régime de travail, l'élaboration du 9e protocole (la retraite, les salaires, etc.) et l'amélioration des conditions de travail des pilotes. «L'élaboration de la convention collective nécessite plus de temps pour examiner le projet», souligne le PDG d'Air Algérie. Une autre revendication des protestataires a trait à la discipline à bord des avions. «Une tension est certes perceptible mais cela n'est pas l'apanage d'Air Algérie. De tels problèmes existent dans d'autres compagnies de par le monde», estime M. Boultif qui lance un appel à «la sagesse pour éviter ce genres de situations.» «Sachant que la compagnie assure 80 vols par jour, c'est normal qu'il y ait de petites tensions», considère-t-il.

Le PDG a infirmé l'information selon laquelle la direction de la compagnie a mis en branle un plan pour des départs volontaires. «Air Algérie l'a fait en 2005, mais nous ne sommes pas prêts à le refaire maintenant pour éviter la déperdition des ressources humaines», assure-t-il. M. Boultif affirme que la question des retraites est en discussion avec le partenaire social. «Le but est d'aller dans le sens de l'intérêt de la compagnie», dit-il. «La loi algérienne 90-11 a fixé l'âge légal à la retraite à 60 ans. Mais en 2010, un décret exécutif a allongé cet âge à 65 ans», souligne le patron d'Air Algérie qui révèle au passage que «15 pilotes dépassant 60 ans continuent d'exercer». «Nous avons décidé de geler les recrutements et nous escomptons aller à un départ à la retraite à 60 ans», dit-il. Evoquant la situation financière de la compagnie, qui emploie 10.000 salariés, M. Boultif assure qu'Air Algérie n'accuse aucun déficit. «L'Etat nous débourse 4 milliards de dinars en moyenne chaque année de subvention pour combler les déficits sur les lignes intérieures», révèle-t-il. Et d'indiquer que «le pic a été atteint en 2009 avec 58 milliards de dinars de chiffre d'affaires avant de se replier à 55 milliards de dinars en 2010 et de se stabiliser à ce niveau en 2011».

«Ces dernières années, la concurrence est trop forte. Nous avons subi une érosion de nos parts de marchés notamment sur les réseaux français, italien et turc», admet-il. «Alors que le marché sur le réseau français a progressé de 12%, nous n'avons pas bénéficié d'un tel essor contrairement à nos concurrents», dit-il. «Pour le transport des pèlerins vers les Lieux saints, nous partageons le marché avec la compagnie saoudienne avec 18.000 pèlerins chacune», fait savoir l'invité de la radio. Et d'avouer : «Nous ne sommes pas prêts à affronter l'ouverture complète du ciel.» «Même s'il y a une ouverture, nous pouvons nous battre avec les compagnies régulières mais nous serons loin de survivre aux compagnies low-cost», explique-t-il. Sur la question des prix, M. Boultif indique que vu la forte concurrence en vigueur, sa compagnie «a été contrainte de s'aligner sur ses concurrents».

Sur le plan des dessertes domestiques, M. Boultif rappelle les différentes réductions dédiées aux tour-opérateurs pour les vols à destination du sud du pays et «ce, dit-il, pour développer le tourisme saharien». «Il y a des réductions à hauteur de 25% pour les jeunes et les familles», indique-t-il assurant que sa compagnie est en train d'étudier la possibilité de lancer davantage de promotions. «Actuellement, nous avons un taux d'occupation de 58%. Nous comptons acquérir des moyens porteurs pour nous adapter à la demande», affirme M. Boultif. Et de faire savoir qu' «Air Algérie a connu une hausse de 30% des charges alors que les prix n'ont augmenté que de 25% sur 5 ans». «Nous tablons sur le marché de transit en provenance ou à destination de l'Afrique qui ne dépasse pas malheureusement pour la compagnie les 3% de parts de marchés au moment où ce marché représente le tiers des dessertes chez nos pays voisins.» M. Boultif indique que l'âge moyen de la flotte est de 7,6 années. Et d'annoncer un projet de mise en place des filiales de la compagnie. Interpellé enfin sur les retards des vols, le PDG d'Air Algérie assure que ce volet est soigneusement pris en charge dans le cadre de l'amélioration de la qualité de service.




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