Algérie

Selon la CIPA Les laitiers décident d'arrêter



Réunis en session extraordinaire sous l'égide de la fédération agroalimentaire de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), les délégués régionaux du centre, de l'est et de l'ouest du pays de la filière lait ont annoncé, hier, leur incapacité à continuer de produire du lait pasteurisé en sachet, du moment qu'aucune solution n'a été apportée, selon eux, aux difficultés qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur activité. Dans un communiqué rendu public hier, la CIPA, tout en annonçant la tenue d'une réunion d'urgence des délégués régionaux, a tenu à rappeler les grands problèmes qui entravent les producteurs laitiers et qui les poussent directement à mettre la clé sous le paillasson. «La litanie des mêmes problèmes récurrents du lait pasteurisé a été une fois encore évoquée. Insuffisance du niveau de la subvention (la moitié du référentiel entre le coût réel de production et le prix de vente de 25 dinars le sachet d'un litre), retard dans son règlement (4 mois ou plus), illisibilité dans la transition avec l'Office national des interprofessionnels du lait, ONIL, et communication discutable avec certaines administrations...», lit-on en préambule du communiqué. Rappelant que les producteurs laitiers sont conscients du caractère «stratégique» du lait... et des «enjeux dont il fait l'objet» durant le mois de Ramadhan et des périodes électorales, la CIPA souligne que ces mêmes producteurs, «partenaires loyaux des pouvoir publics», ont assumé jusque-là honorablement leur mission. Toutefois, indiquent les rédacteurs du communiqué, asphyxiés financièrement par le poids de leurs dettes tant bancaires que commerciales, décrédibilisés auprès de leurs fournisseurs locaux et étrangers, angoissés psychologiquement par l'absence de visibilité de leur profession et en situation de rupture imminente de leurs stocks, «les producteurs laitiers, à leurs corps défendant, déclarent unanimement leur incapacité à poursuivre cette noble mission». Dans une correspondance adressée à tous les membres de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, de l'agriculture et des pêches, dont l'objet est intitulé «Arrêt d'activité», la CIPA rappelle la tenue de cette réunion restreinte regroupant le président et les délégués régionaux, pour débattre de la situation de la filière lait. Tout en énumérant les points inscrits à l'ordre du jour, les responsables présents indiquent qu'ils ne s'interposeront pas à toute décision d'arrêt d'activité. «Devant les sacrifices consentis et en l'absence de réaction des pouvoirs publics, les représentants des producteurs et transformateurs de lait se considèrent libres des engagements pris pour stabiliser le marché local et ne s'interposent nullement pour toute décision d'arrêt d'activité motivée par les raisons sus-citées», lit-on dans cette correspondance. Les décisions prises à l'issue de cette réunion d'urgence traduisent le ras-le-bol généralisé des producteurs et transformateurs laitiers. Elles interviennent après les nombreux appels lancés par la fédération de l'agroalimentaire, la CIPA et les producteurs. Face à la menace qui pèse depuis plusieurs mois sur leur filière, les professionnels du lait n'ont cessé, ces derniers jours, d'interpeller les pouvoirs publics pour une stratégie de soutien de l'Etat, à même de leur éviter une asphyxie certaine. Avec la crise qui a touché la filière, les producteurs de lait ont exigé plus d'assurance et plus de garanties. A la suite d'une forte hausse du prix de la poudre de lait enregistrée depuis le début de l'année sur le marché international, les producteurs se sont mis à réclamer l'alignement du prix de vente public (25 dinars/litre) sur les coûts réels, ou bien un relèvement de la subvention de l'Etat à hauteur des charges supplémentaires consenties. Après une série de rencontres avec la CIPA, le Gouvernement a décidé, en mai dernier, de maintenir à 25 dinars le prix public du sachet et d'accorder une subvention de 15 dinars par litre aux producteurs avec effet rétroactif. Il a, dans le même temps, créé l'ONIL avec pour mission de réguler et d'organiser la filière, tout en approvisionnant les producteurs-transformateurs en poudre de lait. Mais les producteurs privés soutiennent que cette subvention devient insuffisante au fur et à mesure que les prix de la poudre de lait, importée en totalité, augmentent sur les marchés internationaux, et demandent que les pouvoirs publics modulent, à la hausse comme à la baisse, le montant de la subvention en fonction du prix de revient réel du sachet.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)