Même s'il s'affranchit de toute coloration politique, « Selon l'heure locale du Caire » sonne comme une hargneuse opposition à la société islamiste que les Frères musulmans s'apprêtaient à édifier, avant le « salvateur » renversement par le général et actuel président égyptien, Abdelfattah al-Sissi, porté, à bout de bras, par les défenseurs de l'Egypte éternelle, celle des Nadjib Mahfoud, d'Oum Kalthoum, de Youcef Chahine... Aux grands idéaux, les grands comédiens. Le réalisateur n'a pas lésiné sur les moyens pour donner de la mesure à son film, plusieurs fois primé dans des festivals internationaux. En mettant derrière la caméra des seigneurs du septième art égyptien, le regretté Nour Chérif en tête, Mirvet Amin, Samir Sabri... le jeune réalisateur veut frapper et il a frappé fort aussi bien sur les plans technique que thématique. Mais c'est d'abord par le scénario que s'explique l'esthétique du film qui témoigne de la solidité du cinéma « masri », trop tôt « enterré » par ses pourfendeurs et redoutables concurrents, turcs essentiellement.DiatribeAncienne gloire du grand écran, à l'automne de sa vie, Leila Essamhani (Mirvet Amin), demande à son alter égo Sameh Kamel (Samir Sabri) le « divorce » suite à une invraisemblable Fatwa d'un cheikh salafi, pour qui toute scène de mariage, tournée dans un film, est décrétée par la « Chariaâ » comme telle, donc légale. Le chagrin de la femme « repentie » est très vite tourné à la dérision par son ex-bras droit qui s'élance dans une diatribe contre les faux dévots farouchement engagés contre l'identité culturelle du pays du Nil et des pharaons. Le réalisateur, également auteur du scénario, s'interroge sur une Egypte, autrefois sanctuaire du nationalisme et de la culture arabe, aujourd'hui fragilisée par la crise politique et sécuritaire qui menace jusqu'aux fondements de la société. L'angoisse des lendemains qui déchantent frappe de plein fouet Yahia, un vieil homme atteint d'Alzheimer, parti, à l'aide d'un jeune narco-trafiquant, qu'il croise en faisant du stop, à la recherche de son premier amour mais dont il ne se rappelle ni le nom encore moins la belle frimousse.Il s'agit de la comédienne « repentie » qu'il finit, au terme d'un long périple entre Alexandrie et le Caire, par retrouver et l'aider à retrouver la voie juste de la vraie Egypte, qu'elle incarne à ses yeux et aux yeux de Ramassis. Seule note d'espoir, l'amour profond et tenace d'un jeune couple, Wail et Selma à qui la vie, et « Oum Dounia » promet un avenir on ne peut plus radieux avec quoi Amir Ramassis boucle cette grande fresque humaniste dans son film, porteur de valeurs que partagent les Egyptiens.
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Posté Le : 20/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A G
Source : www.horizons-dz.com