Algérie

Selon l'avis d'un diplomate : «On a le droit d'accueillir la famille d'El Gueddafi»



«Premièrement, l'Algérie est souveraine dans ses décisions. En second lieu, Safia, la femme d'El Gueddafi, sa fille Aïcha et ses deux fils Hannibal et Mohamed ne font pas l'objet d'un mandat d'arrêt international et, surtout, ils ne sont pas demandés par la Cour pénale internationale (CPI)», explique-t-il. Selon notre interlocuteur, «l'Algérie est certes la terre d'accueil, mais leur dossier sera suivi par l'ONU.»
Pour l'ancien ambassadeur, «il faut préciser que ce ne sont pas les pouvoirs publics algériens qui ont invité la famille d'El Gueddafi. Une fois aux frontières, la PAF ne pouvait pas les refouler, car aucune mesure n'est en cours à  leur encontre.» Notre interlocuteur va jusqu'à imaginer des scénarios catastrophe. «Si l'Algérie avait refusé leur entrée et que, par la suite, des rebelles, par accident, les auraient tués. A ce moment, toutes les organisations humanitaires et de défense des droits de l'homme auraient ciblé l'Algérie. Dans la foulée, des pays, connus pour leur intense activité diplomatique, accuseraient l'Algérie d'avoir été complice. Il ne faut pas oublier que le sentiment de vengeance est encore palpable en Libye. Il y a une minorité de rebelles, heureusement une poignée seulement, qui jure de tuer tous les gueddafistes.» Le diplomate, également connaisseur des politiques arabes, pense que l'Algérie a été surprise par le cours des événements depuis janvier 2011. «Alger a mal calculé la force de frappe du CNT. Soutenu par l'OTAN, il était certain qu'El Gueddafi allait chuter. A mon avis, il fallait envoyer dès le début des émissaires dans les deux camps. L'Algérie aurait pu jouer le rôle de médiateur pour éviter le bain de sang en Libye.» Le principal argument pour l'Algérie, même si elle ne l'indique pas officiellement, demeure la menace des groupes wahhabites. «En craignant une mainmise des salafistes sur le mouvement de rébellion, je pense qu'Alger n'a pas été prudente en matière de communication. D'ailleurs, je dirais qu'elle a très mal communiqué. En maintenant leur silence, et rappelant à  chaque fois leur politique de non-ingérence, les dirigeants algériens ont fait croire au CNT qu'ils soutenaient El Gueddafi. Je peux vous certifier une chose : Alger n'a jamais apprécié El Gueddafi, surtout depuis 1982. Il n'a pas cessé de créer des problèmes à  notre pays», affirme-t-il.
Par ailleurs, l'ancien ambassadeur présage une amélioration des relations de l'Algérie avec la Libye. «La realpolitik l'emportera», dit-il.

 


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