Algérie

Selon l’architecte Yasmine Terki



Selon l’architecte Yasmine Terki


La prise en charge par l’Etat du patrimoine architectural que représente le bâti en terre ne peut aboutir sans l’implication du citoyen appelé à reconsidérer la perception “négative” de ce type d’architecture, a plaidé jeudi l’architecte des monuments historiques, Yasmine Terki. Intervenant à la clôture du festival international des architectures de terre, Yasmine Terki, a estimé “essentielle” l’adhésion des habitants aux efforts des pouvoirs publics dans la revalorisation de ce type de bâti, autrement, dira-t-elle, ces derniers seraient “vains”. S’interrogeant sur les motivations des concernés qui abandonnent “aussi massivement” leurs habitations alors que l’Etat, dit-elle, consacre des sommes colossales pour leur restauration, la conférencière lie cette situation à la posture, d’abord, des pouvoirs publics et à la “vision muséale” qu’ils ont des Ksour et autres cités érigées en terre. Sans infrastructures de base et les services correspondant, ces constructions traditionnelles, même réhabilitées, ne sont pas habitables, soutient-elle, citant en exemple une palmeraie à Béni Abbès (Béchar) que ses habitants n’ont pas réintégrée après restauration, en raison de l’absence de moyens de transports, d’une école, d’une route, etc. “Dans quelques années, le sort de cette palmeraie qui a coûté à l’Etat un budget conséquent sera de “tomber en ruines”, prédit l’architecte qui appelle à revoir les “idées fausses” concernant le bâti en terre. Contrairement aux idées reçues, l’architecture en terre n’est pas plus coûteuse, ni peu résistante aux aléas climatiques et aux exigences de durabilité, rappelle-t-elle, en mettant en cause la politique de construction engagée par l’Etat au lendemain de l’indépendance et qui a favorisé un “modèle importé et standardisé” au mépris des constructions traditionnelles et du matériau local. Ces constructions, rappelle-t-elle encore, offrent les avantage de durabilité, d’économie d’énergie, aussi bien en production qu’en utilisation, de maintien de la diversité culturelle et de la cohésion sociale, du respect des cultures locales et des modes de vivre, et présentent un intérêt certain au plan sanitaire. Aux yeux de l’architecte, adepte du bâti ancestral, “la tradition n’est rien d’autre qu’une modernité ancienne”. Elle constate, par ailleurs, que la “négligence” des centres historiques urbains et ruraux a eu pour effet la disparition du marché de la construction en terre et la perte de la culture constructive et d’entretien. “Au final, et c’est le plus dramatique, les architectes et constructeurs algériens n’ont même pas acquis la maîtrise des matériaux industriels”, se désole-t-elle.



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