Depuis ce mois de décembre, c'est tout le dispositif relatif à la prise
en charge de la grippe A (H1N1) en Algérie qui a dû être réadapté. La raison:
une évolution de la situation épidémiologique marquée, selon les autorités
sanitaires, par une circulation «active et avérée» du virus H1N1 à travers
l'apparition de «cas autochtones» et surtout de formes encore plus «sévères».
Selon les praticiens, un maillon important dans ce dispositif du fait qu'il en
constitue la première ligne de front, la situation est appelée à se compliquer
davantage durant les prochaines semaines. A moins qu'on ne mette tout en oeuvre
pour rattraper dès à présent et tant que la situation est maîtrisable,
l'ensemble des carences qui sont constatées, précise-t-on. Car, en théorie,
l'organisation générale de ce dispositif semble ne rien laisser au hasard.
L'Etat a, en effet, mis en place tous les moyens humains et matériels pour
faire face à la menace.
En plus des centres de contrôle
sanitaire aux frontières, des centres de référence, toutes les structures
relevant des directions de la santé et de la population (DSP) sont mises à
contribution d'une manière ou d'une autre dans ce dispositif de lutte. Cela va
des établissements hospitaliers (EH) aux établissements publics de proximité
(EPSP), en passant par les établissements publics hospitaliers (EPH) et les
établissements publics spécialisés (EHS). Il y a également les centres
hospitalo-universitaires (CHU) et l'ensemble de leurs services dits «à haut
risque» tels que les services d'épidémiologie, de maternité, des urgences et de
réanimation. Même le secteur privé joue un rôle prépondérant, en matière de
veille notamment.
Dans la pratique, en revanche, c'est
une tout autre histoire. Les médecins font état de «délais trop longs» en ce
qui concerne les résultats des prélèvements envoyés pour analyse à l'Institut
Pasteur à Alger. «Au tout début, on pouvait savoir dans un délai de 24 heures
si un cas suspect était positif ou négatif au virus H1N1. L'Institut Pasteur
d'Alger nous répondait pratiquement le lendemain. Aujourd'hui, il faut attendre
jusqu'à une semaine, voire 10 jours», affirment les spécialistes. Pour ces
derniers, cela pose un sérieux problème, non seulement pour la prise en charge
des cas suspects, mais aussi pour les sujets dits «en contact avec les cas
suspects». En d'autres termes, cela remet en cause les mesures dictées par le
ministère en matière de «prophylaxie des sujets contacts».
En effet, si le ministère a donné
des instructions fermes pour traiter au Tamiflu et dans les 48 heures «les
sujets en contact avec les cas suspects», il a également conditionné la
prescription de ce traitement par «un résultat positif» des prélèvements opérés
chez les cas suspects, expliquent les médecins. En d'autres termes,
précisent-ils, l'Institut Pasteur doit en théorie rendre les résultats des
prélèvements dans un délai ne dépassant pas les 48 heures pour permettre un
traitement à temps des sujets en contact avec les cas suspects. Or, avec une
demande en constante hausse émanant des 48 wilayas du pays, l'Institut Pasteur
d'Alger trouve de plus en plus de difficultés à rendre dans les temps exigés
les résultats de ces prélèvements.
Aussi, estime-t-on, cette forte
demande, aussi élevée soit-elle, risque de s'accentuer davantage vu l'adoption
de nouveaux critères par le ministère exigeant ces prélèvements. En effet,
selon les instructions de la tutelle, les prélèvements chez les adultes se font
en priorité pour les patients présentant une température supérieure ou égale à
39°C ou inférieure ou égale à 35°C. Parmi les critères, il y a aussi la
fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, l'apparition d'un foyer
pulmonaire, des troubles de vigilance ou encore la présence d'une quelconque
détresse respiratoire. La liste des sujets nécessitant un prélèvement comporte
également les patients présentant un syndrome grippal à risque de complication,
tels les femmes enceintes et les surpoids morbides. Par ailleurs et selon ces
mêmes instructions, doivent faire l'objet de prélèvement les patients
présentant un syndrome grippal associé à une des pathologies suivantes: maladie
respiratoire chronique, maladie cardiaque congénitale ou acquise, maladie
rénale, diabète ou encore déficit immunitaire.
A Oran, par exemple, où une
trentaine de prélèvements sont envoyés chaque semaine pour analyse à l'Institut
Pasteur d'Alger, on se demande pourquoi ne pas effectuer ces analyses au niveau
de la wilaya. L'Institut Pasteur dispose d'une antenne à Oran. L'équipement
nécessaire pour ce type d'analyses (PCR) est également disponible. Il suffit de
ramener les réactifs et former le personnel pour assurer des analyses dans des
délais compris entre 4 et huit heures, estiment les spécialistes. En plus,
ajoute-t-on, toute la région ouest en profiterait sans compter le fait que ça
diminuerait la pression sur l'Institut Pasteur d'Alger. Pour nos sources, il
faudrait penser dès maintenant à envisager la décentralisation de ce type
d'analyses. C'est la seule façon, estiment nos sources, d'être efficace en cas
d'épidémie particulièrement au niveau des collectivités fermées (prisons,
centre de psychiatrie...). Les nouvelles instructions du ministère de la Santé
comptent également de nouveaux critères imposant «l'hospitalisation» ainsi que
des instructions expliquant les modalités relatives au «confinement à
domicile».
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Posté Le : 21/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com