Algérie

Sellal somme les entreprises publiques de passer «la vitesse supérieure» Leur «médiocrité» en termes de développement et de création d'emplois soulignée



Sellal somme les entreprises publiques de passer «la vitesse supérieure» Leur «médiocrité» en termes de développement et de création d'emplois soulignée
Evoluant dans la «médiocrité», les entreprises publiques ont été sommées, jeudi, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal de «passer à la vitesse supérieure» en termes de développement et de création d'emplois notamment, en prenant des initiatives qui doivent être «conformes aux intérêts du pays». Le ministre des Finances Karim Djoudi leur réclame plus d'agressivité en termes d'initiatives et de conquête de marchés car elles ne devraient pas «compter éternellement sur l'Etat». Même s'il affirme que «l'Algérie continuera à compter sur le secteur public qu'elle maintiendra en force», ce secteur doit «passer à la vitesse supérieure et ne doit plus faire dans la médiocrité», a souligné Abdelmalek Sellal lors d'une réunion avec les présidents des directoires des 26 sociétés de gestion et de participation de l'Etat (SGP).
Mieux, il gagnerait, selon lui, «à se conformer rapidement aux orientations du plan (d'action) du gouvernement, notamment en matière de création d'emplois et de croissance hors hydrocarbures». «Le moment est arrivé pour se dire la vérité et affronter la réalité économique du pays : sortir de la dépendance envers les hydrocarbures et améliorer la croissance hors ce secteur», a dit Sellal, déplorant que le secteur industriel public «n'évolue pas comme le souhaite le gouvernement».
Tout en rappelant l'énorme effort financier engagé par l'Etat ces deux dernières années pour l'assainissement financier des Entreprises publiques économiques (EPE), Sellal regrettera que même si «beaucoup d'argent a été dépensé, les indicateurs de gestion des entreprises publiques restent en deçà de nos attentes».
Et comme le «problème» des entreprises publiques n'est pas désormais un problème de financement, ces dernières devraient impérativement s'orienter de plus en plus vers le partenariat étranger pour acquérir le management et le savoir-faire nécessaires à leur développement, a recommandé le Premier ministre qui a relevé le recul ainsi enregistré dans les filières métallurgie, ciment, phosphate ou encore agro-industrie qui s'avère pour lui «complètement inexpliqué».
Il fera remarquer en outre que les perspectives de réalisation des objectifs de développement fixés par certains secteurs «sont trop loin par rapport à l'urgence d'engager des actions concrètes et immédiates» notamment dans les filières ciment et médicament. S'agissant de la production du ciment, le groupe public qui détient le portefeuille de cette activité (GICA) s'est fixé comme objectif d'atteindre 60% des besoins nationaux à l'orée de 2017, soit une production supplémentaire avoisinant les 13 millions de tonnes, une perspective jugée toutefois «trop lointaine» par M. Sellal.
Ce dernier a rappelé que la moyenne du déficit accusé en la matière tourne autour de 2 millions de tonnes par an, en particulier durant l'été où la demande bat son plein. De même pour le segment de l'industrie pharmaceutique, où le groupe pharmaceutique public Saidal ne couvre que 5% de la demande interne, contre 35% assurée par les opérateurs privés et 60% par l'importation. «Vous devez reconsidérer vos objectifs», a-t-il lancé aux responsables de ces deux groupes. Evoquant le rôle du secteur industriel dans la lutte contre le chômage, le Premier ministre a rappelé que «toute la bataille du pays tourne autour de la création d'emplois».
Il a reconnu, à cet effet, que le premier trimestre de l'année en cours a enregistré la création de près de 3000 nouveaux emplois par l'ensemble des entreprises relevant des différentes SGP.
«Si l'Algérie ne profite pas de la crise économique tous ses efforts de développement seront vains»
L'Algérie doit, explique encore Sellal, profiter de la crise économique mondiale pour remettre sur pied et relancer son secteur industriel. «Si l'Algérie ne profite pas de la crise économique pour remettre sur pied son secteur industriel, tous ses efforts (de développement) seront vains», a-t-il affirmé, mettant l'accent sur la nécessité d'exploiter tous les moyens possibles pour réaliser la relance du secteur industriel national.
La mise en 'uvre de partenariats publics-privés ainsi que l'identification et la concrétisation d'opportunités de coopération avec des investisseurs étrangers représentent les principales pistes à développer. Certaines firmes étrangères, actuellement en difficultés en raison de la crise en Europe, sont prêtes à investir selon lui en Algérie.
«Vous devez prendre des initiatives conformes aux intérêts économiques du pays et tous les moyens possibles devraient être mis à profit pour relancer le secteur industriel national», a-t-il insisté au passage. Le secteur privé demeure «un allié fondamental pour la concrétisation de cet objectif, même si le secteur marchand public continue de constituer le principal levier de l'action économique publique», continue-t-il.
Il fera remarquer en outre que les perspectives de réalisation des objectifs de développement fixés par certains secteurs «sont trop loin par rapport à l'urgence d'engager des actions concrètes et immédiates».
Pour sa part, le ministre des Finances a estimé que les entreprises publiques industrielles gagneraient à adopter une démarche plus agressive en termes d'initiatives et de conquête des marchés et ne plus continuer à compter exclusivement sur le soutien de l'Etat, appelant ces entreprises de sortir du «tout-Etat».
«Il ne faut pas continuer à penser que tout doit venir de l'Etat, l'entreprise publique doit faire face à son marché, développer son contrôle interne et adopter une gestion économique plus moderne et plus souple», a-t-il soutenu. Plusieurs autres ministres présents à la réunion ont eux aussi mis l'accent sur la nécessité d'un redéploiement sectoriel de ces entités et de libérer les initiatives de leurs gestionnaires.
Ces tirs «groupés» de plusieurs ministres envers les entreprises publiques, longtemps habituées à compter uniquement sur l'Etat qui a continué à financer «la médiocrité», peuvent être interprétés comme une décision des pouvoirs publics de donner un coup dans la fourmilière, mais ils constituent aussi et surtout un aveu d'échec d'une politique du «tout-Etat» qui a montré ses limites.


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