Algérie

Sellal face aux ranc'urs intercommunautaires



Sellal face aux ranc'urs intercommunautaires
Abdelmalek Sellal se rend à Ghardaïa avec la posture de celui qui a déjà irrigué, en dizaines de milliards de dinars, les wilayas déjà visitées au titre de programmes complémentaires qui viennent renforcer, à chaque fois, les programmes de développement du quinquennat 2009-2014. Rien donc d'exceptionnel, à ce titre, concernant Ghardaïa, sinon que les projets qui seront inscrits auront leur portée socio-économique sur l'une des plus importantes wilayas du Sud. L'exception, elle, est du côté de la gestion politique des conflits entre communautés mozabite et chaâmbie.Le Premier ministre est en effet devant un cas complexe d'inimitié communautaire que les jeunes des deux parties semblent avoir prise à leur compte. Les affrontements épisodiques qui surviennent entre les deux communautés et dont il est démontré aujourd'hui qu'ils sont appelés à se répéter, n'ont pas encore trouvé de réponse qui structure pour une démarche de réconciliation définitive. De nombreux sociologues se sont penchés sur cette question, arrivant, chacun de son côté, à des conclusions qui se contredisent mutuellement. Néanmoins, la plus plausible semble être celle qui rationnalise les causes de ces conflits, en les situant dans leur sphère objective, celle de la problématique socio-économique. Pour l'auteur de cette analyse, les Mozabites et les Chaâmbis s'affrontent sur le terrain de leurs différences, mais ce sont les problèmes d'ordre social et économique qui les y incitent et non leurs différences ethniques, théologiques ou même de parcours historique proprement dites. Si les Chaâmbis étaient contents de leur sort en tant que communauté et en tant que jeunes, ils ne se seraient pas opposés au projet de donner un nom de Mozabite illustre à l'université de Ghardaïa. Et si les Mozabites n'étaient pas tant prisonniers d'un désir de singularisation communautaire, ils n'auraient pas tant insisté pour que cette université porte ce nom, sachant que cette démarche allait certainement poser problème. Abdelmalek Sellal a certainement bien mûri sa perception de cette question, face à tant de jalousie manifeste, et ne tombera pas dans le piège de l'arbitrage communautaire. Comment peut-on en 2013, au sein d'une cité policée par les lois de la République, tomber dans des conflits intercommunautaires ' C'est cela la question qu'il convient de se poser pour apporter à ce problème la réponse qui convient, qui est celle de travailler, dès maintenant, à réinscrire les deux communautés dans la modernité. Sortir dans les rues pour affronter ses concitoyens, au risque de donner la mort, est un acte qui relève d'une autre ère, et non de la modernité, car l'Etat républicain a balisé, par ses lois et leur application implacable, les frontières qui séparent la citoyenneté de la non-citoyenneté. Le chômage, la mal-vie, l'oisiveté, ce sont des fléaux sociaux qui minent la cohésion intercommunautaire, alors que le traditionalisme excessif, la religiosité dévote non assumée par les jeunes, le refus de quelques aspects de la modernité susceptibles d'intégrer la jeunesse à une certaine universalité, aggravent la situation et doublent le malaise social lié aux attentes socio-économiques d'une inquisition obstinée qui rend impossible toute vie libérée des carcans de la tradition en dehors du choix de l'auto bannissement. Ce n'est certainement pas la visite d'une journée qui permettra au Premier ministre, qui a prouvé à chacune de ses escales qu'il avait une perception très aiguë des réalités profondes de nos terroirs, de s'attaquer à une question aussi complexe, dont d'ailleurs les réponses économiques et de projets infrastructurels de portée multisectorielle constituent une partie de la réponse. Mais il faut parier sur l'audace si coutumière à Abdelmalek Sellal qui,en virtuose confirmé, du discours de proximité, trouvera certainement les mots qui traduiront le message fort dont deux communautés toutes deux Algériennes, ont cruellement besoin pour cesser de se croire au moyen-âge et de se mettre au diapason des enjeux de l'heure qui se posent à leur wilaya en particulier et à toute l'Algérie en général. Le reste, c'est-à-dire les écoles, l'eau, les routes, les infrastructures socio-sanitaires, les zones industrielle et d'activités, les espaces de loisirs, de villégiature, etc., c'est une affaire de moyens financiers aujourd'hui disponibles et objet d'une générosité inédite des pouvoirs publics. Il s'agit pour les populations locales d'être à la hauteur de ces acquis. La modernité, le vrai progrès sont ce prix.


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