Algérie

Sellal en toute franchise



Sellal en toute franchise
Une vue de la tripartite«Chaque Algérien a un Etat dans sa tête. Les blocages n'obéissent à aucune logique.»Rassurant mais alerte. Le Premier ministre, Abdelmalek, Sellal, a asséné, hier, ses vérités sur la situation économique du pays. Il fallait rationaliser les dépenses, mais pas la vérité. C'est sur la base de ce principe que M. Sellal a présidé hier les travaux de la 19eme édition de la tripartite (gouvernement- Ugta- patronat).Il a déclaré que l'Algérie est parmi les rares producteurs de pétrole qui continuent de faire de la croissance et de créer des activités et de l'emploi avec 24 386 projets lancés entre 2013 et 2016. «Malgré la violence et les impacts du choc pétrolier, les performances de notre économie et notre capacité à améliorer la croissance demeurent réelles avec notamment: un volume d'importation en baisse de 13,07% par rapport à 2015, des réserves de changes établies à 136,9 milliards de dollars, un taux d'inflation stabilisé à 4,11%, un niveau de liquidité de 1 684 milliards de dinars dans les banques et des crédits à l'économie en augmentation de 9% par rapport à la même période de l'année 2015», a-t-il déclaré, optimiste, en s'appuyant sur «les appréciations positives du FMI».«Les bureaucrates sont des diables»Néanmoins, l'optimisme de Sellal est visiblement relatif, car, bien qu'il considère que «l'Algérie est toujours debout», il n'hésite pas à qualifier la situation qu'elle traverse de «difficile» et de «grave». «Voilà bientôt deux années que les cours mondiaux des hydrocarbures enregistrent une chute spectaculaire et brutale, occasionnent des contractions drastiques des revenus avec une perte de plus de la moitié de nos ressources financières. [...] Je le dis sans démagogie: la situation est dure, vraiment dure, et les contraintes sont réelles avec des lendemains incertains», a-t-il déclaré. De plus, pointant du doigt «les mentalités» qui, selon lui, bloquent les décisions du gouvernement et empêchent leur traduction sur le terrain. «Le problème est dans les mentalités. Chaque Algérien a un Etat dans sa tête. Les blocages n'obéissent à aucune logique», a-t-il regretté, en faisant porter à la bureaucratie la responsabilité de tous les blocages qui entravent le décollage de la machine économique avant de traiter les agents de la machine bureaucratique nationale de «diables».Nouveau modèle économiqueToutefois, appelant les Algériens à se mobiliser autour de la démarche du gouvernement et à ne pas céder «aux sirènes» du pessimisme qui noircissent la situation du pays, le Premier ministre a étalé les grandes lignes du «nouveau modèle économique» que le gouvernement s'apprête à mettre en place afin de parer aux effets de la chute des prix des hydrocarbures et de relancer véritablement l'économie nationale sur des bases solides et dans le cadre d'une démarche cohérente. «Depuis son indépendance, l'Algérie a bâti un modèle politique et social auquel elle tient et ne veut sous aucun prétexte y renoncer. Les Algériens veulent que leur Etat demeure souverain dans ses décisions et solidaire des plus faibles d'entre eux... Préserver ce modèle a un coût qui, jusque-là, était supporté par l'exploitation des richesses naturelles qui ne pourront plus, à l'avenir, garantir sa pérennité. Il nous faut donc aller chercher la croissance ailleurs, c'est-à-dire dans la sphère économique réelle, là où l'entreprise publique ou privée, est la clé de voûte. C'est ce modèle de croissance économique qui est soumis à l'examen de cette tripartite et qui déploie une approche claire et consensuelle jusqu'en 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030. Ledit modèle de croissance intègre un cadrage budgétaire, sur le court et moyen terme, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente fixée par l'autorité politique», a-t-il expliqué, en affirmant que l'objectif de l'action gouvernementale est d'aboutir «à des niveaux soutenables en matière d'équilibres des finances publiques» et «de consolider la justice sociale sans coûts économiques, réformer la fiscalité et mettre le budget au service de la croissance et du développement humain et durable». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé hier à Alger l'installation d'un comité de suivi de la mise en oeuvre des décisions de la tripartite. «L'installation d'un comité de suivi des décisions de la tripartite figurera parmi les recommandations de la réunion», a déclaré M.Sellal qui répondait aux préoccupations des partenaires économiques et sociaux du gouvernement lors de la 19e tripartite. Les travaux de la tripartite se poursuivent à huis clos pour débattre de trois dossiers: le nouveau modèle économique, l'évaluation du pacte économique et social dans les volets investissement et emploi, ainsi que du système des retraites. Sur ce dernier point, à savoir la réforme du système des retraites qui fait couler beaucoup d'encre depuis son annonce, Abdelmalek Sellal aurait dit, à la grande suprise des participants à la réunion, «que ce projet est en cours de maturation».L'âge de départ à la retraite maintenu à 60 ansLe Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé hier qu'il a été convenu entre les partenaires de la tripartite de fixer l'âge de départ à la retraite à 60 ans. Lors de la séance de clôture de la tripartite (gouvernement-Centrale syndicale-organisations patronales), M.Sellal a annoncé un nouveau projet de loi modifiant l'ordonnance 97-13 instituant le départ à la retraite sans condition d'âge. Une commission sera mise sur pied pour élaborer ce projet de loi qui fixe l'âge de départ à la retraite à 60 ans par souci d'équité et de préservation des capacités de la Caisse nationale des retraites, a-t-il ajouté.


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