Algérie

Sellal en Russie



Hasard de calendrier, la visite, hier mercredi et ce jeudi, du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Moscou est de celles annonciatrices d'un rebond de la diplomatie algérienne, à un moment où les deux pays sont mis dos au mur avec la crise des prix pétroliers. Autant Alger que Moscou, en cette période de tous les rapprochements, qu'ils soient politique, économique, de défense et sécuritaire, ont besoin de revenir aux fondamentaux de leur coopération. Dans l'agenda de la visite de deux jours, en Russie, de M. Sellal, il y a bien un profond reprofilage du partenariat stratégique qui lie les deux pays, depuis la visite à Moscou du Président Bouteflika, en 2001, mais surtout des contrats et des projets de coopération dans des secteurs sensibles, dont l'énergie, le nucléaire et la défense. Il y a, également, la coopération économique au sens large, notamment, dans les domaines des mines, de l'agriculture, de la communication, du commerce et du ‘business', M. Sellal ayant amené avec lui, dans ses bagages, une forte délégation d'hommes d'affaires algériens.Hier mercredi, au premier jour de sa visite de travail dans la capitale russe, M. Sellal avait, en particulier, discuté avec son homologue Dimitri Medvedev, au cours d'un entretien ensuite élargi aux membres des deux délégations, des questions énergétiques. Alger et Moscou étant des fournisseurs importants de gaz à l'Europe, doivent, selon des experts, avoir une politique commerciale commune pour maintenir intactes leurs parts de marché, dans les pays de l'UE, avec l'arrivée du gaz de schiste américain. L'agence de presse russe ‘Sputnik' rapporte que les deux Premiers ministres, lors de cet entretien, avaient, notamment, discuté d'une possible coopération dans le domaine de l'exploitation, l'extraction et la production d'hydrocarbures de schistes, dont le gaz de schiste ou les shale gas. L'agence russe ‘'Sputnik'' a indiqué, dans son édition en langue anglaise, que M.Sellal avait évoqué avec Dmitri Medvedev la possible coopération de l'Algérie avec « le géant russe Gazprom dans l'extraction de gaz de schiste. » Il poursuit: « Gazprom a certains projets de coopération avec nous. Nous envisageons le développement du gaz de schiste. L'Algérie est le deuxième ou le troisième pays en matière de réserves prouvées de gaz de schiste, et nous pouvons vraiment trouver un moyen de coopérer dans ce domaine. » Il est clair que la coopération énergétique entre Alger et Moscou, en ces temps difficiles pour les pays producteurs, a pris le dessus sur les autres secteurs de coopération, dont le volet agricole. Gazprom a d'ailleurs une représentation commerciale et technique à Alger. Avec le Premier ministre russe, M. Sellal a par ailleurs fait état de « la volonté et la disponibilité de l'Algérie de consolider le partenariat économique » entre les deux pays, avant de préciser que l'Algérie s'oriente vers « la diversification » de son économie pour se libérer « définitivement » de la dépendance des hydrocarbures. Il a rappelé, ainsi, que « l'Algérie possède des potentialités importantes dans le domaine de l'Agriculture », avant d'appeler la partie russe « à pousser davantage le partenariat dans ce secteur », et expliquer la priorité donnée au secteur agricole et à l'industrie, pour construire une économie moins dépendante des hydrocarbures. De son côté, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, a mis en évidence les perspectives de coopération dans le secteur minier, entre les deux pays, avec d'importants projets dans les mines, et la production de matériel de transport ferroviaire. « Nous sommes en train de finaliser deux grands projets de transformation de phosphate qui seront probablement concrétisés dans les prochains jours, à Alger », a précisé M. Bouchouareb à l'APS. En outre, « nous sommes en négociations avancées entre un Institut russe et le groupe industriel public algérien Manal, pour un grand projet d'exploration et de transformation de minéraux découverts en commun », a poursuivi le ministre, estimant que « cette visite vient à un moment où notre relation avec la Russie connaît une ascension particulière, notamment, dans le domaine des mines ».Créer de nouveaux pontsPar ailleurs, M. Sellal, est convaincu que l'Algérie et la Russie « peuvent bâtir des partenariats et créer des ponts ». Rappelant qu'Alger a toujours travaillé pour la paix, et que « nous sommes, aujourd'hui, exportateur de la paix », dans le monde, il est revenu, lors de son entretien avec Dmitri Medvedev, sur la récente visite, à Damas de M. Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Ligue arabe. Une visite qui s'inscrit, a-t-il dit, « dans cette logique visant à parvenir à des solutions politiques, pour les conflits qui se posent actuellement », dans le monde, avant de réaffirmer la position constante de l'Algérie sur le dossier sahraoui, à savoir l'organisation d'un référendum d'autodétermination, pour décider de l'avenir politique de ce territoire. Exemplaire sur le plan politique, de défense et culturelle, la coopération algéro-russe doit, aujourd'hui, « s'améliorer davantage sur le volet économique », a plaidé M. Sellal. La visite de travail de deux jours, à Moscou, de M. Sellal a été sanctionnée par la signature de plusieurs accords et protocoles de coopération, dans plusieurs secteurs, rapportent des agences de presse russes. Outre l'industrie, les mines, l'énergie, l'agriculture ou le commerce, les deux pays ont convenu d'élargir leur coopération, dans le domaine de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques scientifiques. Un protocole d'accord portant, notamment, sur la mise en place de la technologie russe, la coopération dans l'enseignement, la sécurité nucléaire et la formation du personnel, y compris celle des étudiants, a été, ainsi, signé entre le directeur général de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique ‘'ROSATOM'' et le président du Commissariat à l'énergie atomique (COMENA), M. Mohamed Derdour. La Russie, qui a effacé la dette algérienne estimée à 4,7 milliards de dollars, entre 2010 et 2013, après un contrat d'achat de deux sous-marins de classe ‘kilo', a amélioré, depuis, ses échanges commerciaux avec Alger, les portant, en 2015, à 885 millions de dollars contre 175 millions de dollars, en 2002. La délégation algérienne, en plus de 200 hommes d'affaires qui avaient animé un forum économique, hier, dans la capitale moscovite, compte également, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, le ministre de l'Energie, Salah Khebri, de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, et du ministre du Commerce, Bekhti Belaïb.




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