Algérie

Sellal avoue officiellement la fin d'une époque



Sellal avoue officiellement la fin d'une époque
De notre envoyé spécial à Tiaret, Kamel AmarniLe Premier ministre, Abdelmalek Sellal, muscle sensiblement son discours et hausse le ton de plusieurs crans. «Il faut que tout le monde comprenne que la situation est très très difficile», lâchait le chef de l'exécutif, jeudi dernier, à partir de Tiaret où il était en visite officielle.Une visite que Sellal voulait visiblement mettre à profit pour faire passer quelques messages soigneusement préparés au préalable. Il frappera d'emblée, dès la première halte de sa visite qui le menait à la commune de Aà'n Bouchakif, plus exactement à l'unité de production des véhicules pour la fabrication SAFAV-MB, une usine de fabrication de véhicules de marque Mercedes, qui est un investissement lancé par l'Armée nationale populaire en partenariat avec le constructeur allemand et un fonds émirati. «Mercedes doit conserver la qualité de ses produits fabriqués en Algérie. Nous devons, en la matière, produire ce dont nous avons besoin, localement, en même temps que de nous tourner vers l'exportation. C'est cela notre politique et nous ne reculerons pas. D'ailleurs, je m'adresse ici aux concessionnaires automobiles. Nous leur avons accordé trois ans pour lancer des projets d'investissement, et c'est une obligation de la loi (la loi de finances, Ndlr). Ils sont tenus de lancer des projets de production sinon, ils n'auront plus d'autorisation d'importation en 2017.»Le Premier ministre précisera que les concessionnaires automobiles ont le choix d'investir aussi bien dans des projets de fabrication de véhicules que dans les filières inhérentes comme la pièce détachée. «Cette politique sera également élargie à tous les produits de large consommation comme le médicament, l'agroalimentaire, etc. Nous ne pouvons plus compter uniquement sur le pétrole (”?) Que chacun assume ses responsabilités. Je le dis et le ministre de l'Industrie est là , nous devons absolument apprendre à exporter.»Manifestement, le pouvoir, par la voix du Premier ministre, ne veut plus édulcorer son discours sur la crise induite par la chute brutale des prix du pétrole dont l'impact est considérable sur la situation financière du pays. «Cela fait deux ans que nous subissons le choc pétrolier. Certes, nous maîtrisons bien les choses, mais les gens doivent savoir que la situation est très très difficile.» A l'évidence, Sellal semble bien décidé à anticiper sur les événements en opposant une réponse négative à toute revendication d'ordre social, du type augmentations des salaires en prévision de la prochaine rentrée. Ce discours est même systématiquement répété à chacune de ses haltes, dans plusieurs localités dans la wilaya de Tiaret où il inspectait, jeudi dernier, plusieurs projets industriels, agricoles ou éducatifs. Il reviendra d'ailleurs sur le dossier de retraite anticipée. Comme il le déclarait à Tizi Ouzou le 29 mai dernier, puis à l'occasion de la réunion de la tripartite du 5 juin, Sellal persiste et signe : «Sortir à la retraite à l'âge de 40 ans ' C'est inadmissible, ce n'est plus possible ! Il faut désormais introduire la justice sociale dans ce domaine.»Rappelant la situation catastrophique de la Caisse nationale des retraites, qui n'a dû son salut qu'aux 600 milliards de dinars que le gouvernement avait transférés pour elle, à partir de la Cnas, Sellal insiste sur les soixante ans comme âge minimum autorisé pour le départ à la retraite. «L'espérance de vie des Algériens s'est beaucoup améliorée. Elle est aujourd'hui de 77 ans. Il faut tenir compte de cette réalité. Il faut également savoir que, quand quelqu'un prend sa retraite à 40 ans, c'est celui qui la prend, lui, à 65 ans qui cotise pour lui, et ce n'est pas juste.»Sur sa lancée, Sellal ajoutera même cette phrase «impopulaire» que d'aucuns avaient souvent reprochée à Ahmed Ouyahia. «La crise pétrolière dure depuis deux ans. Nos finances ne sont pas bonnes. Il n'y aura plus d'augmentations des salaires, pas un sou d'augmentation. Nos finances ne le permettent plus.» L'Etat, selon le chef de l'exécutif, s'engage seulement à ne pas abandonner sa politique sociale à travers les transferts sociaux pour soutenir la gratuité des soins, de l'enseignement et des produits de première nécessité. Pour le reste, il faudrait revoir, radicalement, la politique économique du pays. «Nous devons accéder à ce nouveau modèle économique (hors hydrocarbures) d'ici la fin 2013, début 2020», a lancé le Premier ministre qui, à chacune de ses haltes, a insisté particulièrement sur la réduction des délais de réalisation des différents projets lancés ou sur le point de l'être, de même que sur la traque des importations inutiles. Aussi, la Sonatrach doit accompagner ce processus en mettant le cap sur la production : «Il faut que la Sonatrach double au moins sa production car il faut savoir que Hassi Messaoud, par exemple, n'a exploité, jusque-là , que 22% de ses réserves.» Toute l'économie nationale doit se tourner, désormais, vers l'exploration des possibilités d'exporter, répétait également Sellal, tel un refrain.«Des mesures strictespour protéger le bac à l'avenir»Le traumatisme occasionné par le dernier scandale des fuites massives des sujets des épreuves du bac 2016 a poussé, par ailleurs, le Premier ministre à réaffirmer la fermeté de l'Etat face à cette gangrène. En inaugurant un nouveau lycée dans la commune de Aà'n Dzarit, Sellal a fait cette déclaration : «Je profite de cette occasion pour rappeler qu'il est absolument hors de question, illogique d'accepter la triche. Nous n'avons pas intérêt à ce que le niveau baisse dans tous les secteurs. Nous allons prendre des dispositions strictes à l'avenir. Nous allons doter tous les lycées de moyens de brouillage électronique sophistiqués.» Une fuite aussi massive, aussi systématique, œuvre du courant islamo-conservateur qui domine le secteur de l'éducation et à tous les niveaux et qui a déclaré la guerre, ouvertement, à la ministre de l'Education pour des considérations idéologiques, aura-t-elle fini par faire admettre aux pouvoirs publics l'étendue de la métastase islamiste dans le corps de l'école algérienne ' Est-ce à ceux-là , justement, que s'adresse cette énigmatique formule de Sellal, qu'il avait sortie la première fois en mai dernier en parlant des «cadres qui prennent le bâton par le milieu» ' Mystère ! «Ceux-là , nous n'en avons pas besoin», menaçait Sellal ce jeudi. Au premier coup de sommation, en mai, s'en sont suivis des limogeages dans les grandes structures (Banque d'Algérie, les Domaines, l'Autorité de régulation des télécoms, etc.) de l'Etat en plus du remaniement partiel du 11 juin dernier. Que cache, alors, le second coup de gueule de Sellal de ce jeudi '


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