La date du 24 Février 2015 est un prélude à un redéploiement de l'ExécutifLe Premier ministre est puissamment armé aux plans économique, syndical et partisan.Nouvelle Constitution, remaniement ministériel, relance économique, gaz de schiste, autant de questions qui font toujours l'actualité et agitent la scène politico-médiatique du pays. En ce 24 Février que certains veulent transformer en date de la protestation, le Premier ministre engagera toutes les forces dont dispose le pouvoir dans une offensive politique qui aura pour effet de remettre de l'ordre dans une scène jusque-là occupée par l'opposition.En effet, le 24 Février, anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l'Ugta, prend cette année une toute autre dimension. Les partis de l'opposition qui ont vu naître un mouvement de protestation au sud du pays contre le gaz de schiste, ont enfourché le cheval de la contestation et tentent d'en tirer quelques dividendes politiques. Malgré le refus des citoyens de In Salah de se faire récupérer par qui que ce soit, les animateurs de la Cnltd insistent pour l'accompagnement du mouvement. En l'absence de cause réellement mobilisatrice autour de leur revendication «démocratique», les partis de l'opposition pensent surfer sur la «cybervague» de protestation contre le gaz de schiste pour lui donner un prolongement dans la vie réelle dans quelques villes du nord du pays.Les partis de l'opposition qui ont déjà tenté de «pimenter» la scène politique à travers des déclarations incendiaires, croient avoir bien fait monter la mayonnaise, espérant que celle-ci prendra aujourd'hui. Face à la Grande-Poste à Alger et dans pas mal d'endroits «stratégiques» dans de nombreuses villes du pays, la Cntld fera son premier véritable test de popularité grandeur nature. Cela, non sans avoir pris la précaution de placer le débat en termes de survie pour le pays. Les leaders de ces partis disent, en effet, que l'exploitation du gaz de schiste provoquerait une catastrophe écologique hypothéquant l'avenir de l'Algérie.La donne politique en ce 24 Février 2015 ne se limite pas à l'opposition. En face, il y a un pouvoir qui se renforce et un chef de gouvernement qui dispose de tous les leviers pour convaincre la société. Il faut savoir, en effet, que Abdelmalek Sellal bénéficie du soutien de l'Ugta. La puissante Centrale syndicale, qui a négocié le Pacte économique et social de croissance, est d'abord un allié de taille pour le gouvernement. A ce titre justement, le syndicat constitue un très puissant relais au niveau des travailleurs du secteur public et une partie du secteur privé. Plusieurs millions de travailleurs sont mobilisables par l'Ugta qui, on s'en souvient, avait pu paralyser le pays en 1995. La force de frappe du syndicat majoritaire est réelle, quoi qu'en disent ses détracteurs.A côté de l'Ugta et toujours par le truchement du Pacte économique et social de croissance et grâce aux multiples tripartites, cadre de concertation exclusif à l'Algérie, le gouvernement a réussi à convaincre le patronat national, le fédérant autour d'une stratégie de relance industrielle. Le duo gouvernement-patronat est parvenu à une concordance de vues tellement étroite que les discours de l'un et de l'autre sont en parfaite harmonie. Et lorsqu'on a la puissance financière de nombreuses organisations patronales, dont le FCE, qui en est la locomotive, on ne craint pas grand-chose, notent les spécialistes de la chose politico-économique.Fort de ces deux appuis de taille, le gouvernement Sellal est conforté sur son flan politique par une «coalition» de partis politiques, parmi les plus représentatifs de la scène nationale. On peut dire ce qu'on veut, il est clair que le FLN, le RND et le MPA disposent de bases militantes très visibles. Il n'y a qu'à voir la composition de leurs listes électorales exclusivement composées de militants lors des élections, pour comprendre que chaque formation politique dispose de plusieurs dizaines de milliers d'adhérents. TAJ, l'autre formation du gouvernement, est accréditée d'un poids politique certain au vu de la migration de nombreux cadres du MSP vers le parti de Amar Ghoul.C'est donc, puissamment armé aux plans économique, syndical et partisan que Sellal lance son offensive de charme auprès de l'opinion nationale. Son déplacement à Arzew et Hassi Messaoud est principalement destiné à marquer le double anniversaire de la création de l'Ugta et de la nationalisation des hydrocarbures, mais l'on s'attend à des messages destinés aux Algériens. Des annonces pourraient éventuellement être faites. En plus de la création de wilayas déléguées, le Premier ministre serait porteur d'autres décisions présidentielles en faveur des citoyens du sud du pays, mais plus généralement à toute la communauté nationale.Mais bien plus que les annonces elles-mêmes, la date du 24 Février 2015 est un prélude à un redéploiement du chef de l'Exécutif qui a été quelque peu absent de la scène médiatique, ces dernières semaines.Enfin, l'ensemble des observateurs conviendra que dans le bras de fer à distance, que se livrent pouvoir et opposition, l'avantage est très nettement en faveur du premier.
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Posté Le : 24/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com