Algérie

Seize personnalités des deux rives interpellent le sommet de l'UPM : «Ayez l'audace, l'Union est possible»



Avant même de poser ses premiers jalons, l'Union pour la Méditerranée est destinataire d'un premier courrier. Sous forme transparente de lettre ouverte. Des personnalités des deux rives en appellent à «l'audace» des participants au sommet constitutif de Paris.

Devançant la quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement attendus sur les bords de la Seine, seize noms visibles de l'Euroméditerranée élaborent, à leur manière, une sorte de feuille de route de l'UPM. Dans un style de plaidoyer et d'interpellation à la fois, ils mettent sur la table méditerranéenne des pistes sur le chemin d'une «union possible».

Les signataires de la «Lettre ouverte» ont choisi de s'inviter au sommet de l'UPM, via les colonnes du journal français «Le Monde». En connaisseurs des caps méditerranéens, ils lancent, à qui veut bien les entendre, que les deux rives ont «trente ans pour réussir ensemble» leur ancrage.

Rédigé par deux familiers des questions euromed, l'académicien français Erik Orsenna et notre collaborateur Akram Belkaïd, le texte a été endossé par d'anciens responsables politiques des deux rives. S'y trouvent, entre autres, un ancien chef d'Etat, le Mauritanien Ould-Mohamed Vall, d'anciens Premiers ministres - le Français Alain Juppé, l'Algérien Mouloud Hamrouche et l'Italien Romano Prodi -, un ex-commissaire, le britannique Chris Patten, l'ancien patron du Quai d'Orsay, Hubert Vedrine, l'ancien ministre des Finances, Fathallah Oualalou, et le Palestinien Yasser Abd Rabo, l'ancienne garde des Sceaux du gouvernement Jospin, la députée Elisabeth Guigou.

Salut fort à l'appui, ils se réjouissent de l'avènement - «enfin» - d'une démarche euroméditerranéenne «à la mesure des défis de la mondialisation». Une logique de rassemblement à l'image de ces régions «qui savent unir leur Nord et leur Sud», allusion à l'américaine Alena et à l'asiatique Asean.

Déplorant le «retard» de la Méditerranée «dans ce mouvement de régionalisation», les signataires de la «Lettre ouverte» inscrivent l'initiative de Sarkozy dans la case des opportunités à ne pas rater. Confrontées à une somme de défis au rang desquels la démocratie, le climat, les migrations, la démographie, l'énergie, le développement, les deux rives sont à un tournant.

«L'alternative est claire : nous unir ou nous marginaliser», mettent en garde les seize personnalités dans leur adresse à la quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement attendus au Grand palais de Paris. «L'avenir ne se prévoit pas, il se prépare et se construit» par jalons successifs. Le premier consiste à doter l'Euroméditerranée d'une «perspective politique» aujourd'hui absente.

Censé la lui donner, le processus de Barcelone, pour réel qu'il soit, n'a pas réussi les objectifs qu'il s'était assigné dans ce registre. D'où une stratégie méditerranéenne en panne et, surtout, brouillée. «Sans vision de l'avenir qui ancre les deux rives», toute tentative d'activer les courants méditerranéens resterait vaine aux yeux des signataires. A défaut de cap clair, «les investisseurs renâclent, les politiques publiques communes tardent, les risques s'amoncellent».
Plus grave que cela, «le retard s'accroît» entre, d'un côté, l'Europe et les autres «pôles leaders» du monde, et de l'autre, entre les pays de la rive sud et les pays émergents d'Asie et d'Amérique. A l'heure de la mondialisation au rythme irrésistible, l'idée chère à Nicolas Sarkozy résonne comme une occasion à saisir dans l'esprit des auteurs de la «Lettre ouverte». Dans la compétition mondiale «qui s'exacerbe, l'Europe et les pays sud de la Méditerranée ont un puissant intérêt commun : définir ensemble une stratégie de développement durable et se donner les moyens politiques de la réaliser».

Un succès de l'UPM sur le long terme est tributaire d'une «forte impulsion politique» et d'un rapprochement entre les deux rives qui «ne saurait se résumer au simple voisinage» ou à la mise en place d'une zone de libre-échange. L'avancée du chantier voulu par Sarkozy et replâtré par l'Allemagne et la Commission européenne suppose de «tracer un destin commun», de jeter les bases d'une «union». Les signataires du texte appellent les chefs d'Etat et de gouvernement à «assumer cette ambition» unitaire.

Autre plaidoyer des seize personnalités, la nécessite pour l'UPM de se saisir, en les ouvrant sérieusement, de sujets qui fâchent et de dossiers délicats. Entre autres, le Proche-Orient, dossier «le plus urgent», l'immigration et le codéveloppement. Pour peu que cette démarche soit de mise, «une Union est possible, riche de tous les progrès pour l'ensemble de nos populations».

Aussi, les signataires de la «Lettre ouverte» se livrent-ils à une dernière recommandation avant de mettre un point final. «Ayez l'audace qu'il faut pour faire, de ce sommet, la reconnaissance d'un ancrage historique et le début d'un destin partagé. Le temps presse. A vous de jouer».








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