Algérie

Seize mois après son lancement, le bilan est fort décevant Amateurisme de bon aloi à défaut de professionnalisme fixé par des lois !



Seize mois après son lancement, le bilan est fort décevant                                    Amateurisme de bon aloi à défaut de professionnalisme fixé par des lois !
Une première année au bilan extrêmement mitigé, une première partie d'une deuxième année où les appréciations des observateurs tendent encore plus vers le pessimisme : on ne peut aucunement dire que l'expérience de la professionnalisation du football en Algérie est une grande une réussite.
Pas même une réussite du tout. Les faits, têtus, accablent et interpellent. La réalité du terrain est aux antipodes des souhaits et autres exigences du pointilleux cahier des charges émis par la FAF et ses 142 articles formulés en dispositions générales, connues de tous mais pas toutes réunies, encore moins appliquées par tous. À commencer par la plus élémentaire et la plus indispensable de toutes : celle du fair-play, l'essence même de ce sport si populaire. En mode professionnel, on ne peut, en effet, guère fermer les yeux sur cette guéguerre langagière de bas étage entre responsables de l'ESS et de l'USMA qui a émaillé le baisser de rideau de cette phase aller et l'attribution-polémique du pourtant honorifique titre de champion d'automne. Les insultes, outrages, menaces de rendre la pareille au retour et autres incriminations qui n'ont, bizarrement, fait réagir aucune autorité footballistique nationale, s'inscrivent d'ailleurs dans le registre du non-respect pur et simple du principe même du sport. Pis, puisqu'il est inconcevable de vouloir s'attaquer à la base de cette tentaculaire violence dans les stades entre galeries et supporters alors que ce sont les responsables, tout en haut de la pyramide, censés donner l'exemple, qui la propagent au gré du 'm'as-tu-vu' et d'une chevalerie qui n'a pas de sens, ni lieu d'être, si ce n'est pour les dirigeants pyromanes qui n'ont plus de place dans ce milieu qui aspire à la professionnalisation, aussi bien au niveau de l'administration que de la mentalité.
Le côté relationnel interclubs étant, donc, encore à faire, il semble également urgent de rétablir, à défaut de parfaire, la crédibilité de l'instance qui gère la compétition professionnelle de façon à fluidifier encore davantage ses rapports avec les principaux acteurs de la Ligue 1, question d'éviter les trop nombreuses polémiques qui ont écorché le décor compétitif des quatre premiers mois de la saison et donné à beaucoup d'intervenants de bien abondantes occasions de remettre en cause la partialité de cette LFP présidée par Mahfoud Kerbadj. Outre ces vices de forme qui ont ouvert la brèche à toutes sortes de polémiques, le plus grand obstacle que les clubs de Ligue 1 n'arrivent pas encore à franchir de façon à pouvoir réellement se 'comporter' en société sportive proprement dite, demeure cette ahurissante incapacité financière à assurer le bon fonctionnement de leurs équipes premières respectives, faute de sources monétaires claires et abondantes.
Exception faite de l'USM Alger, qui nage dans une prospérité jamais connue auparavant par un club algérien, les autres pensionnaires des Ligues 1 et 2 professionnelles souffrent d'une asphyxie qui a déjà causé des implosions un peu partout sur la carte footballistique nationale. Basant encore l'essentiel de leur capital sur les subventions étatiques et les aides à rallonge puisées du fonds public, ces clubs continuent de fait de bricoler en matière de comptabilité. Le MCO, qui a vu le wali d'Oran, Abdelmalek Boudiaf, prendre à la charge du Trésor public, le stage d'intersaison à l'étranger puis les dettes du club au niveau de la commission des litiges de la FAF pour permettre à la direction de Youssef Djebbari de recruter durant le marché hivernal des transferts, demeure une des plus éloquentes preuves de cette dépendance financière. De ces interminables problèmes d'ordre pécuniaire ont découlé, automatiquement, des infractions constatées par tous, punis normalement par les règlements et lois en vigueur, mais aucunement respectés par ces mêmes clubs en banqueroute, sans pour autant que ceux qui sont censés mettre le holà ne lèvent ou ne bougent le petit doigt. La fameuse législation mise en application par la FIFA rendant tout joueur n'ayant pas perçu trois mensualités de suite libre de tout engagement contractuel a, ainsi, été foulée aux pieds, comme l'a si explicitement confirmé une enquête publiée par Liberté dans l'un de ses dossiers hebdomadaires. Ceci pour les principaux axes devant fixer les normes professionnelles. Quant aux autres règles liées essentiellement à l'organisation des rencontres, aux obligations des clubs et des dirigeants, notamment en matière de sécurité, autant dire qu'elles sont restées couchées, noir sur blanc, dans le cahier des dispositions générales de la FAF sans pour autant qu'elles ne soient appliqués, ni plus ni moins. Entre le souhaité, l'exigé et le réalisé, la trop pompeusement dénommée professionnalisation du football en Algérie en est encore à son stade embryonnaire.
Une année et demie après son lancement trop précipité le 17 août 2010, elle n'arrive pas encore à se défaire de ses vieux réflexes qui rappellent beaucoup plus l'amateurisme de bon aloi qu'il n'en appelle au professionnalisme fixé par les lois.
R. B.


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