Algérie

Séisme



Le verdict est donc tombé. S'il y a bien eu un séisme meurtrier à Boumerdès en mai 2003, il n'y a pas «d'affaire du séisme» de Boumerdès. La justice a été dite et les accusés relaxés. Fin de partie ? Ce serait trop facile de le dire.

L'affaire a été voulue exemplaire par l'administration et il faut bien tirer quelque enseignement du verdict qui disculpe les accusés. La justice a, en quelque sorte, censuré l'administration qui avait été fortement critiquée après le séisme. Son dossier est vide. La relaxe générale de l'ensemble des accusés devrait être un séisme pour une administration qui semble avoir cherché à orienter la colère de l'opinion publique. Les juges n'ont, en définitive, pas suivi l'administration dans sa démarche. Après tout, la justice se devait de dire le droit, de juger sur pièces et non de répondre aux colères et aux angoisses de l'opinion publique. Sortir de ce cadre serait faire de la politique et de la pire des manières.

La justice a estimé, sur ce dossier, ne pas disposer d'éléments probants pour condamner les ingénieurs et les entrepreneurs poursuivis. Elle renvoie le débat sur le séisme à son point de départ. Qui est responsable ? La fatalité seulement ? L'absence de suivi de la part des organismes publics en charge du secteur de la construction ? On n'en sait rien. La justice a signifié qu'elle n'a pas à arbitrer un débat sur les responsabilités des uns et des autres. A l'examen du dossier à charge, elle a considéré qu'il n'existait pas motif à condamnation.

A l'évidence, dans des cas de figure similaires, l'administration devrait veiller, au moins, à s'assurer qu'elle a un dossier consistant à faire valoir. Dans le cas de ce procès, organisé en « spectacle exemplaire », l'affaire se retourne contre l'administration. Elle se retrouve dans la posture d'accusée, soupçonnée d'avoir voulu organiser une diversion en désignant des coupables présumés pour un problème qui la concerne directement. Les responsabilités éventuelles des défaillances dans les constructions, les choix des terrains, des autorisations de bâtir, restent à trouver.

Pour les gens de Boumerdès, comme pour les Algériens, des questions demeurent sans réponses. Elles le demeureront sans doute. Les gens ont fait difficilement leur deuil après les pertes subies, mais il reste un fond d'angoisse: les leçons ont-elles été vraiment tirées de ce désastre ? La question coule de source. Si les entrepreneurs désignés comme responsables sont blanchis par la justice et si aucune administration n'arrive à désigner où se situent les défaillances, comment pourrait-on tirer un quelconque enseignement pour l'avenir ? Certes, les lois et les règlements ont été revisités après le séisme, mais est-on sûr que le problème était dans les textes ? On en parlera au prochain séisme. Car, de cela on est sûr, il y en aura d'autres.




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