Une situation de grand chaos est décrite dans plusieurs villes de Libye,
où le nombre de victimes d'une sauvage répression, notamment à Benghazi, fait
encore débat.
Les rumeurs les plus folles circulent, en l'absence d'informations crédibles,
sur des massacres de manifestants dans plusieurs villes du pays, les ONG
revoyant légèrement à la baisse leur bilan. Juste après des manifestations
violentes à Tripoli, l'un des sept fils de Kadhafi, Seif El Islam, a fait cette
terrible mise en garde dans la nuit de dimanche à lundi dans une déclaration
télévisée contre les manifestants qui veulent changer de régime politique en
Libye et le départ de Kadhafi. ‘'Nous combattrons jusqu'à la dernière balle. La
Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des
réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura
des rivières de sang dans toute la Libye. Maintenant tout le peuple libyen est
armé. Je m'adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes.
La Libye n'est pas la Tunisie ni l'Egypte. Notre moral est au plus haut et le
leader Mouammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le
soutenons ainsi que nos forces armées (...) Nous ne lâcherons pas la Libye et
nous combattrons jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à
la dernière balle. En ce moment des chars se déplacent dans Benghazi conduits
par des civils. A Al-Baïda, les gens ont des fusils et de nombreux dépôts de
munitions ont été pillés. Nous avons des armes, l'armée a des armes, les forces
qui veulent détruire la Libye ont des armes», a-t-il averti, avant de souligner
que le pays est ‘'au bord de la guerre civile.
Le bilan des victimes toujours en hausse
Le bilan des manifestations ne cesse de s'alourdir et se compte désormais
en centaines de morts, selon les organisations internationales de défense des
droits de l'Homme. L'organisation Human Rights Watch, qui suit de près la
situation, avance le chiffre de 230 morts, alors que la Fédération
internationale des droits de l'Homme (FIDH) fait état de 300 à 400 morts depuis
le début du soulèvement. L'estimation du bilan des morts «est montée à 233,
selon des informations de sources hospitalières en Libye», a indiqué Human
Rights Watch. Le précédent bilan établi par cette ONG américaine faisait état
de 173 morts. «Depuis Benghazi, les personnels de l'hôpital Al Jalaa ont
indiqué qu'ils avaient constaté 50 morts le 20 février (dimanche), tandis que
l'hôpital du 7 octobre a fait état de 10 morts la même journée, ce qui donne un
total de 60 tués à Benghazi le 20 février», précise HRW dans un communiqué. La
ville de Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli, est le
centre de la contestation et c'est là qu'ont été dénombrées la plupart des
victimes. Selon des Tunisiens interrogés par l'AFP à la frontière, la police
libyenne a déserté dimanche Zaouia, à 60 km à l'ouest de Tripoli, qui est
depuis livrée au chaos. «Il y a des affrontements entre pro et anti-Khadafi
depuis deux jours et la police a quitté la ville dimanche midi.
Kadhafi serait en fuite
Depuis hier, tous les magasins sont fermés, une maison de Kadhafi a été
brûlée. Des gens ont volé les voitures de policiers, il y a des braquages sur
les routes», a raconté Omar Dhawadi, un coiffeur âgé de 30 ans, dont les propos
ont été confirmés par une dizaine de personnes. Les émeutes ont gagné dimanche
la capitale. Selon des témoins contactés lundi par l'AFP, les sièges d'une télévision
et d'une radio publique ont ainsi été saccagés dans la soirée par des
manifestants à Tripoli et des postes de police et des locaux des comités
révolutionnaires ont été incendiés. «Un local qui abritait la télévision
Al-Jamahiriya 2 et la radio Al-Shababia a été saccagé», a indiqué un témoin
sous couvert de l'anonymat. La diffusion de la chaîne de télévision et de la
radio, suspendue dimanche soir, a repris lundi. Mais, l'Internet reste coupé,
alors que les communications téléphoniques sont irrégulières. Selon certaines
informations non confirmées, Mouammar Kadhafi aurait quitté la Libye dimanche
soir.
Plusieurs régions seraient déjà
aux mains des manifestants, alors que les chefs de certaines tribus influentes
ont annoncé leur soutien aux manifestants, et menacent de couper l'exportation
de pétrole. Bref, en Libye, où des massacres seraient commis par les forces de
sécurité, une sanglante fin de règne de l'ère Kadhafi se dessine. Devant la
précarité de la situation, des entreprises, comme le géant pétrolier BP, les
groupes italiens ENI et Finmeccanica, la compagnie pétrolière norvégienne
Statoil, vont rapatrier leurs salariés.
A l'étranger, et face à la répression sanglante des manifestations, des
diplomates libyens en poste à l'étranger ont commencé à faire défection en
Inde, en Chine et auprès de la Ligue arabe. L'Europe a également peur. ‘'Nous
sommes extrêmement préoccupés, nous coordonnons l'évacuation éventuelle des
citoyens de l'Union européenne de Libye, en particulier de Benghazi», a déclaré
lundi la ministre espagnole des Affaires étrangères Trinidad Jimenez, en marge
d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. Enfin, les événements
de Libye ont fait grimper le pétrole à plus de 105 dollars le baril, et fait
chuter plusieurs bourses, dont celle de Milan.
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Posté Le : 22/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com