Seïf Al-Islam, héritier présumé de Kadhafi, a été arrêté, hier, dans
le sud de la Libye,
à Obari, une localité située au sud-ouest de l'oasis
de Sebha. Celui qui a pris de l'ascendant en Libye en se prévalant de son
entregent dans les capitales occidentales et à l'étranger en général n'avait
plus de refuge possible.
Ni l'Algérie, ni le Mali où des membres se sont réfugiés n'étaient
disposés à accueillir le plus en vue des fils de Kadhafi qui faisait l'objet
d'un mandat d'arrêt de la Cour
pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité. Tout comme son
paternel arrêté et lynché sans autre forme de procès après son arrestation à
Syrte le 20 octobre dernier et l'ancien chef des services de renseignements
libyens Abdallah Al-Senoussi qui serait, selon la
rumeur, au Mali. En cavale depuis le 23 août dernier, date de sa dernière
apparition publique, Seïf Al-Islam
s'était même résigné à l'idée de se rendre à la CPI avec laquelle il aurait eu des contacts
informels. Seïf Al-Islam, parce
qu'il était le plus en vue du clan des Kadhafi, s'est retrouvé de ce fait
coincé en Libye où il s'est fait arrêter par les hommes du nouveau régime. La
nouvelle a été annoncée par le ministre de la Justice et des Droits de
l'homme au Conseil national de transition (CNT), Mohammed al-Allagui.
Hier, la CPI
disait qu'elle cherchait à obtenir une confirmation officielle auprès des
autorités libyennes de l'arrestation de Seïf Al-Islam. Ayant à l'esprit le lynchage de Kadhafi, l'organisation
Human Rights Watch a rapidement publié un communiqué invitant le CNT à
«respecter ses obligations juridiques internationales» et de le remettre à la CPI. HRW a exigé des
forces de sécurité de Zeintan qui détiendraient Seïf Al-Islam et du CNT à ce que Seïf Al-Islam «soit traité avec
humanité au cours de sa détention».
L'organisation estime que la remise de Seïf Al-Islam à la
CPI n'empêchera pas des poursuites devant des tribunaux
libyens mais que le CNT a de nombreux défis à relever alors qu'une procédure
judicaire demande beaucoup de ressources et de capacités. A priori, une
liquidation de Seïf Al-Islam
de la même manière que son père reste une possibilité même si cela paraîtra
grossier.
L'ARROSEUR DES «AMIS» OCCIDENTAUX
L'enjeu immédiat est de savoir qui jugera Seïf Al-Islam, la
CPI ou des juridictions libyennes. Des membres du CNT veulent
qu'il soit jugé en Libye pour meurtre et corruption avant de comparaître devant
la justice internationale. Seïf Al-Islam
qui fonctionnait comme un Premier ministre et ministre des Affaires étrangères
parallèle en connaît beaucoup sur les liens du régime avec les responsables
occidentaux. Il est, selon certains analystes, le principal «arroseur» de
dirigeants occidentaux avec qui il a conclu les arrangements qui ont permis à la Libye de Kadhafi de revenir
sur la scène internationale. Et à ce titre, sa vie pourrait être menacée, beaucoup
ayant intérêt à éviter l'étalage des «échanges fructueux» avec la Djamahirya
de Kadhafi. Seïf Al-Islam
était le seul membre du clan dont on ignorait le sort depuis la liquidation de
son père. Les autres membres de la famille sont éparpillés entre l'Algérie et
les pays du Sahel. Agé de 39 ans, Seïf Al-Islam est le plus âgé des sept enfants de Mouammar et Safiya Kadhafi. Il était «l'héritier», celui qui était
pressenti de manière quasi officielle à la succession d'un Mouammar Kadhafi qui
n'a en définitive jamais passé la main. Pas même à son fils qui a joué pendant
des années au «réformateur» en s'entourant de jeunes et en lançant des médias
privés (télévision, journaux et sites internet).
MOUAMMAR, AU POUVOIR JUSQU'AU BOUT
Une bonne partie des cadres libyens formés en Occident ou en contact avec
lui souhaitait une «normalisation» du pays et une sortie de l'informe Djamahirya et avait placé leur espoir dans Seïf Al-Islam. La plupart le
lâcheront après le début de la révolte de Benghazi. Tout comme les «amis»
occidentaux sur lesquels Seïf Al-Islam
a beaucoup «investi». A la suite de son père, il a fait un discours menaçant
qui a été présenté comme une preuve de l'impératif d'une intervention de l'Onu
pour protéger les civils. «S'il n'y a pas un accord sur les réformes… il y aura
des rivières de sang dans toute la
Libye (…). Nous allons détruire les éléments de la sédition…
Nous n'allons pas abandonner un pouce de la Libye». Mais la partie était déjà finie lorsque la Ligue arabe a exclu la Libye et demandé une
protection internationale des Libyens. Si Kadhafi avait passé la main à son
fils, il y a cinq ans, la «révolution» aurait-elle eu lieu ? On ne connaîtra
pas la réponse, l'histoire ne s'écrivant pas avec des «si». Mais ce que
l'histoire retiendra est que Kadhafi, jusqu'à la dernière minute, n'a pas lâché
le pouvoir. Pas même à son «réformateur» de fils.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 20/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com