L’inquiétude est palpable chez les apiculteurs opérant dans la région de Seddouk, sur la rive droite de la Soummam.
En effet, tous les apiculteurs, avec lesquels nous avons eu l’opportunité de discuter font état d’une forte mortalité du cheptel apicole.
«Sur une centaine de ruches, acquises au prix de gros sacrifices, près de 80% sont à présent vides. Je n’ai jamais connu pareille infortune», témoigne un paysan du village Tibouamouchine.
Il en est tombé des nues: «Ce sont des décennies de labeur et d’investissement financier qui se volatilisent», poursuit-il sur un ton amer.
Le déclin des populations d’abeilles est signalé dans tous les villages. Un sinistre sans normes que les gens du métier assimilent à une malédiction face à laquelle ils se sentent impuissants.
«Le nombre autant que la densité des essaims ne cessent de reculer. Ce qui nous a surpris par-dessus tout, c’est l’ampleur inédite de cette mortalité dont on ignore la cause exacte», révèle un exploitant du village Ighil Ouchekrid.
Pour cet apiculteur de la commune de Béni Maouche, il y a réellement péril en la demeure, en ce sens que le déclin des populations d’abeilles est une tendance de fond qui n’épargne aucune localité.
«Les exploitants apicoles de notre commune, et même ceux des circonscriptions limitrophes, comme Bouhamza et M’cisna partagent le même constat amer. Il faut élucider au plus vite ce phénomène et apporter des solutions adéquates avant qu’il ne soit trop tard», suggère-t-il.
«Comme un malheur n’arrive jamais seul, la chute du cheptel s’est accompagnée d’un déclin de la production de miel et des autres produits de la ruche. Les récoltes engrangées cette année sont pour le moins dérisoires», se lamente un fellah du village Aguemoune, exploitant quelques modules de ruches acquis dans le cadre du FNDA.
Indicatrice par excellence de l’état de santé de la nature, l’abeille subit les effets collatéraux de la dégradation de l’environnement. Outre ce rôle de sentinelle, cet insecte mellifère joue un rôle prépondérant dans la pollinisation, contribuant activement à l’amélioration de la productivité agricole.
L’épandage inconsidéré des produits phytosanitaires, dont on ne maîtrise ni le dosage ni le devenir, la pollution outrancière des écosystèmes et l’impact des changements climatiques sont parmi les facteurs qui contribuent à la mise à mal de la filière apicole dont il faut craindre à terme la mise à mort.
«Le bilan de cette année a été pire que celui de la campane précédente, pourtant maigrichon. Le manque à gagner par rapport aux prévisions est de 80% en rendement et de 50% en volume. C’est un désastre sans précédent», affirme un apiculteur du village Imoula, qui a dû se résoudre à remiser ses espoirs au rang des illusions perdues.
Photo illustrative de l'article ajoutée par Akar Qacentina
N. Maouche
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Posté Le : 02/12/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : N. Maouche
Source : elwatan.com du mardi 1er décembre 2020