Algérie

Seddouk



Seddouk
Les exploitants font face à la surabondance de l'offre, à de charges d'exploitation élevées et un prix de gros de poulet plombé. Beaucoup ont été poussés à baisser le rideau.La filière avicole a du plomb dans l'aile dans la région de Seddouk. Les exploitants font grise mine. Leur désarroi est décliné sur tous les tons. «Les temps sont durs et l'avenir promet d'être encore plus sombre», clame un aviculteur du village Takaâts, niché en surplomb de la ville. «Nous sommes des victimes expiatoires des dysfonctionnements affectant cette filière et de la frilosité des pouvoirs publics à accomplir la mission de régulation qui leur est dévolue», enfonce un autre citoyen, propriétaire d'un bâtiment d'élevage de poulet de chair, au village Tibouamouchine.La baisse sensible et durable du prix de la volaille cristallise les inquiétudes et nourrit les appréhensions. Plombée par une surabondance de l'offre et une consommation contenue par la poussée inflationniste, l'effondrement de la mercuriale de la viande blanche semble s'inscrire dans la chronicité. Cela arrange, naturellement, les affaires du consommateur, qui trouve en ces prix cassés l'occasion rêvée de satisfaire son instinct carnassier, en faisant le plein de vitamines.Pour les aviculteurs en revanche, c'est un manque à gagner incommensurable. Car, autant le marché évolue au ras des pâquerettes, autant les charges d'exploitation se hissent à des niveaux jugés rédhibitoires par les exploitants. «Le renchérissement n'épargne aucun produit : l'aliment, les vitamines, les antibiotiques. Ajouté à cela une facture énergétique salée et la rémunération des employés et faites vos comptes !», lâche, décontenancé, un aviculteur de M'cisna, qui se dit «acculé à la ruine».Dans le souci de réduire les coûts de production, certains éleveurs fabriquent eux-mêmes leur aliment. Mais là aussi, les intrants sont touchés par la hausse des prix. «Le relèvement des prix du maïs et du soja a annihilé tous mes efforts d'investissement et réduit à néant mes dividendes», nous confie un exploitant de la localité de Sidi Saïd.Un autre citoyen dirigeant une exploitation familiale à Amalou atteste qu'il travaille à fonds perdus. «Depuis plusieurs mois maintenant, le prix de gros du poulet n'a jamais atteint le seuil de 200 DA le kilo. Ce prix ne permet même pas d'amortir nos charges, encore moins espérer un quelconque bénéfice», soutient-il, en confessant songer à abandonner l'activité.Pour limiter la «casse» signale-t-on, d'aucuns tentent d'éliminer les intermédiaires, en écoulant eux-mêmes leur cheptel. Peine perdue. «Même en s'improvisant vendeurs, livreurs et abatteurs, les bénéfices ne sont pas au rendez-vous» dira, dépité, un aviculteur du village Biziou. «A ce rythme, s'inquiète-t-il, la filière file droit dans le mur». Notre interlocuteur, nous informe que beaucoup d'exploitants ont fini par jeter l'éponge et mis la clé sous le paillasson, tandis que d'autres s'apprêtent à leur emboîter le pas.Chez les producteurs d'?ufs, c'est le même topo. Les gallinacés ne sont plus ces poules aux ?ufs d'or, générant de juteux dividendes. Le vent a tourné. «Les ?ufs sont cédés à 220 DA le plateau de 30 unités. On est dans les limites du prix de revient, sans tenir compte de la mortalité du cheptel, laquelle a tendance à augmenter par ces temps de canicule», explique un aviculteur de Bouhamza, confessant avoir préféré mettre son exploitation sous scellés. Et il ne compte pas, promet-il, reprendre du service de sitôt. Sinon quand les poules auront?des dents !


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