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Secteur public économique : Les bons PDG se font rares Economie : les autres articles



Secteur public économique : Les bons PDG se font rares                                    Economie : les autres articles
Selon de nombreux hauts responsables de Sociétés de gestion de participations (SGP), de nombreuses entreprises, faisant partie de leurs portefeuilles, ne disposent pas de présidents-directeurs généraux et d'autres sociétés risquent de connaître le même sort dès le prochain départ à la retraite ou l'acceptation de la demande de démission de leurs actuels PDG.
Plusieurs raisons ont été évoquées pour expliquer ce subit peu d'engouement pour cette fonction autrefois très convoitée. Il y a, affirment-ils, d'abord la faiblesse des salaires perçus par ces hauts cadres du secteur public économique qui ne dépasserait guère les
90 000 DA par mois, dans certains cas, variables compris.La rémunération des PDG des EPE, comme du reste, celle des membres des directoires des SGP, n'a pas évolué depuis 12 ans, nous apprend l'un d'entre eux, documents à l'appui. Les employés de la convention collective auraient, selon ce même interlocuteur, bénéficié de quatre augmentations de salaire successives durant cette même période, ce qui fait que certains cadres d'entreprises gagnent aujourd'hui autant, sinon plus, que les cadres dirigeants et parfois même les membres des directoires censés être leurs supérieurs hiérarchiques.
On nous apprend, par ailleurs, que les hauts fonctionnaires des ministères ont également bénéficié de deux importantes augmentations de salaire en l'espace de seulement deux années. Une hausse de 30% en 2010 et une de 108% accordée tout récemment. Un directeur central de ministère gagnerait de ce fait environ 210 000 DA de salaire mensuel aujourd'hui, soit plus du double de celui que perçoit un PDG d'EPE ou un membre de directoire de SGP.
L'autre coup de grâce et non des moindres portés aux entreprises publiques provient des sociétés privées algériennes et étrangères qui n'hésitent pas à octroyer des salaires dépassant allégrement 3 fois le montant de ceux actuellement perçus par les PDG des EPE. Les sociétés étrangères acceptent même d'offrir beaucoup plus, lorsque le postulant dispose d'un bon réseau de connaissances et/ou d'une compétence avérée. Comment alors résister à des offres de salaire et avantages aussi alléchants, notamment lorsqu'on a perdu, au terme de nombreuses déceptions, l'attachement affectif qu'on avait pour le secteur public. On éprouve de ce fait de grandes difficultés à dresser les listes des trois candidats par EPE exigées par les ministres de tutelle pour effectuer le meilleur choix possible de PDG, nous explique un membre de directoire contraint de se rendre à l'évidence que les bons PDG se font de plus en plus rares.
Ambiance anxiogène
La fonction de PDG d'entreprise publique ne fait également pas recette en raison des gros risques pénaux encourus, aussi bien, par les plus hauts responsables des EPE, que par les cadres dirigeants. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, notamment depuis que le président Bouteflika, l'avait promis, l'acte de gestion n'est toujours pas dépénalisé dans notre pays. Le PDG continue à être à la merci d'une pléthore de contrôleurs (agents de sécurité, brigades économiques, IGF, Cour des comptes, commissaires aux comptes, procureurs, walis, ministères et autres) qui peuvent déclencher à leur encontre, à tout moment et à la moindre suspicion, une enquête judiciaire qui peut, souvent injustement, les faire basculer dans l'horreur. Les cas de PDG et de cadres dirigeants traînés devant les tribunaux ou ayant fait des années de prison avant d'être innocentés sont légion dans notre pays aujourd'hui encore. Qu'on ne s'y trompe pas !
Ce désenchantement pour le secteur public économique arrive malheureusement au mauvais moment. L'Etat vient en effet de faire un effort gigantesque en faveur des EPE qu'il vient d'assainir à coups de centaines de milliards de dinars. Leurs comptes (fiscaux, parafiscaux et sociaux) ont tous été apurés, de gros capitaux ont été dégagés pour leurs équipements et il ne restait plus à ces entreprises qu'à repartir sur de nouvelles bases sous la conduite de PDG et cadres dirigeants compétents et dynamiques. Un objectif qu'il sera évidemment bien difficile à atteindre pour toutes les raisons que nous avions évoquées plus haut. Si cette ambiance anxiogène venait à persister dans le secteur public économique, il y a fort à craindre que ces milliards de dinars finissent, comme par le passé, dans les eaux troubles de la mauvaise gestion. Le Premier ministre et président du conseil des participations de l'Etat, Ahmed Ouyahia, serait parfaitement au courant de cette situation à tout point périlleuse pour l'économie du pays. Il serait temps qu'il réagisse.


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