Les salaires dans le secteur privé, aussi bien dans les services que de la production, sont utilisés comme une arme
pour attirer cadres, techniciens et agents qualifiés.
Si le secteur public, réputé trop rigide et très 'grincheux', en assurant toutefois la quiétude du salaire et du poste avec une promotion graduelle garantie, le secteur privé paraît plus agressif et plus dynamique en collant mieux au nouveau changement de marché et des grandes tendances. 'Il ne faut pas croire qu'on déclare la guerre au secteur public, qui a ses qualités et ses défauts. Mais c'est la tendance que dicte la nouvelle option du marché de l'emploi et la mobilité des gens en quête de bons postes et de bons salaires', nous dit M. Djamel, la soixantaine passée, cadre financier retraité, qui retrouve un second souffle et un cadre de travail en tant que directeur financier dans une unité de production agroalimentaire. Il est l'exemple type de gens qui sont arrivés à se recycler facilement dans le secteur privé en étant rémunérés chichement par rapport à ce qu'ils étaient dans le secteur public. Dans une entreprise moyenne privée, ce sont les cadres commerciaux et financiers qui sont les mieux payés dans une fourchette qui va de 10 à plus de 15 millions de centimes. Cette fourchette est encore plus élevée si l'entreprise est plus importante.
Alignement par le bas, envolée en haut
L'entretien devient plus intéressant sur la manière de rémunérer, dont l'esprit et la démarche diffèrent entièrement. Ici tout se discute. C'est la règle générale. Gare à ceux qui ne sont pas initiés dans le domaine. Ils risquent de perdre gros en étant payés à leur 'juste valeur', notamment les candidats à des postes-clés. 'Il faut se familiariser avec les règles et guides sur la discussion des salaires et des postes pour mieux valoriser ses capacités, son aptitude et son expérience', nous dit Djamel pour conseiller les nouveaux cadres en quête de postes de rêve ou pour mieux se positionner et améliorer leur situation sociale.
Si, par le bas, il y a alignement sur le nouveau salaire minimum garanti, fixé à 18 000 DA, suivant la réglementation, pour les autres postes, tout se discute à l'amiable. Il n'y a pas de barème-type à observer comme dans le public. Si bien que l'échelle peut varier d'une entreprise à une autre. Le secteur public a l'avantage pour cette couche moyenne de la quiétude du salaire et les assurances de l'emploi et de la promotion. Le secteur privé, à l'exception de cas d'entreprises émergentes et stables, semble être moins outillé. De plus, c'est dans le secteur privé qu'on rencontre encore des réticences pour les droits des travailleurs avec l'absence de syndicats. Le travail au noir est très fréquent dans les commerces et ateliers de fabrication, situés en dehors des zones industrielles non contrôlées, selon notre interlocuteur.
De bons salaires pour les cadres dirigeants
Pour les postes les plus convoités, les entreprises qui ont des activités sont prêtes à mettre le paquet pour s'attirer les meilleurs cadres qui sont connus dans leur domaine. C'est comme le marché des entraîneurs. Cela se fixe avec des conditions et des obligations de résultats. L'entreprise est prête à payer le prix, et le cadre à assurer la rentabilité optimale avec les moindres erreurs possibles. Là, les plafonds font rêver : les directeurs de société sont payés entre 30 et 50 millions de centimes. Le président d'un groupe industriel de la Mitidja nous révéla que les grandes entreprises privées font dans l'espionnage pour convoiter des cadres qualifiés en offrant de meilleurs salaires et plus d'avantages. Pour cette raison, il préfère ne pas révéler les salaires de ces cadres dirigeants pour éviter des susceptibilités. C'est dire que la 'guerre' d'intelligence n'est pas uniquement à sens unique consistant à pomper les meilleurs cadres du secteur public, mais souvent entre entreprises privées elles-mêmes. Toufik, qui dépasse la quarantaine, plein de dynamise, est, en l'espace de dix ans, passé par plusieurs entreprises. Il avait débuté à 5 millions de centimes, qui était considéré déjà comme un bon départ en 2003 dans une usine de laiterie, pour terminer à 20 millions en étant à la tête du réseau sensible de distribution avant de monter sa propre entreprise de gros. 'Maintenant que je sais comment on fait de l'argent, pourquoi je m'en prive si je peux monter ma propre boîte et gagner et faire gagner de l'argent ' Ayant acquis suffisamment d'expérience et de connaissance des rouages, je me suis senti prêt à tenter une nouvelle aventure et, Dieu merci, ça marche bien.' Aujourd'hui, il développe sa propre entreprise.
Même l'université se plaint
Le cas de cadres qui se transforment en chefs d'entreprise et qui travaillent pour leur propre compte inquiète même les grandes universités. M. Bahmed, recteur de l'université de Blida, nous a indiqué qu'il allait lancer une grande opération de recrutement d'enseignants pour remplacer les contractuels et les partants qui ont préféré soit intégrer le secteur privé, soit monter leurs propres sociétés ou bureaux, notamment les architectes et les informaticiens, attirés par les gros salaires. La question qui se pose est comment les retenir une fois qu'ils ont acquis une bonne expérience, notamment par la recherche d'un cadre adéquat et un bon intéressement pour le moment inégal par rapport à ce que donne l'université. Les entreprises étrangères de statut algérien ou intervenant dans le cadre des grands projets de production et de services, dont les banques, sont aussi les grands bénéficiaires de la nouvelle tendance de la fuite des cerveaux et des agents qualifiés du secteur public vers les entreprises du secteur privé en leur offrant plus et un cadre de travail meilleur.
Comment stopper la saignée
Pour en avoir une idée, nous nous sommes rapprochés de cadres dans des entreprises et des agences de banque au niveau local : les salaires et avantages proposés sont attrayants, et bien chanceux ceux qui y décrochent un poste. Les exigences sont toutefois partagées. Tout se discute au cas par cas. Elles paraissent même plus attrayantes que ce que donne le privé national. De véritables réseaux de fuite de cadres sont aussi organisés. La différence des salaires va du double au triple de ce que donnent le secteur public ou l'administration, de quoi faire réfléchir plus d'un cadre ou technicien qualifié, soucieux d'améliorer son cadre de vie. Il en est ainsi du secteur bancaire et de la téléphonie. Les chefs d'agence touchent un salaire qui va de 12 à 18 millions, contre 7 à 8 seulement pour le public, en plus de certains avantages, comme deux mois de salaires supplémentaires, des primes et autres. Un directeur commercial régional ou divisionnaire touche de 20 à 40 millions, selon les contrats discutés et signés.
S. B.
zakaria 02-11-2011 14:01
Posté Le : 02/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Smail BOUDECHICHE
Source : www.liberte-algerie.com