Comment réduire la facture des importations, favoriser le large accès des malades à leur traitement à un prix décent, développer la production locale en vue de réduire les dépenses de la sécurité sociale et alléger les subventions de l'Etat 'C'est à cette problématique complexe que tentent de répondre les professionnels de la santé et les pouvoirs publics.Il y a lieu effectivement de parler de "panique" face à l'ampleur de l'enveloppe financière annuelle des importations des produits médicamenteux. Cette dernière a atteint, durant les 5 dernières années, une moyenne d'environ 2 milliards de dollars/an. Elle correspond à 80% des besoins en médicaments couverts par l'importation. Malgré les mesures d'encouragement à la production nationale prises par l'Etat, l'Algérie demeure un pays lourdement tributaire du marché extérieur, contrairement à ses voisins tunisiens et marocains qui ont réduit de façon substantielle leur dépendance en développant leur industrie pharmaceutique locale. Selon différentes sources statistiques douanières, notamment le CNIS, les importations de produits pharmaceutiques ont atteint durant le premier semestre de l'année en cours près de 1,2 milliard de dollars contre 953,6 millions de dollars en 2013, soit une augmentation d'environ 26% en valeur.Par contre, en termes de volume, les importations ont reculé de 21%. En vérité, ce marché est parasité par quelques groupes de pression qui transgressent ouvertement la réglementation en important y compris des génériques fabriqués localement, imposant ainsi une concurrence de fait aux produits locaux et décourageant par-là même les initiatives d'investissement dans ce domaine, qu'ils soient publics ou privés. Au demeurant, quand on observe le marché mondial du médicament générique, les pays émergents, à leur tête la Chine qui se positionne en deuxième place après les USA, ont fait des percées significatives. Dans ce contexte, le groupe Saidal se trouve dans une posture délicate, il endosse la lourde responsabilité de dynamiser la production pharmaceutique locale en partenariat avec les grandes firmes internationales. Mais ne se heurterait-il pas aux lobbys de l'import du médicament, qui, et tout le monde le sait, ont souvent provoqué des pénuries organisées à travers des ruptures de stock pour surfer sur les prix au gré de leurs intérêts et bien entendu, au détriment des malades. Cette réalité est reconnue par les pouvoirs publics eux-mêmes. Ainsi, lors du premier Salon international du médicament générique, tenu au Palais des expositions des Pins maritimes, l'ancien ministre de la Santé, dans une déclaration rapportée par l'APS, avait affirmé que "les importateurs conditionneurs ont un délai d'une année, jusqu'à mars 2011, pour se mettre à la production... Cette mesure n'arrange pas certaines personnes qui préfèrent qu'on reste au stade importation emballage... Ces personnes veulent gagner de l'argent rapidement sans faire beaucoup d'efforts".À l'heure actuelle, nous ne disposons pas de bilan sur l'application de l'instruction d'Ouyahia, Premier ministre de l'époque, qui enjoignait aux importateurs conditionneurs de passer dans un délai de deux ans au stade de la production. Selon des sources proches du secteur de la santé, durant l'année 2007, sur 4000 produits enregistrés, 3000 étaient des génériques, dont 1000 fabriqués localement et 2000 importés. Cette situation non seulement obère notre balance commerciale, mais elle constitue également un coût social exorbitant pour le trésor public et une lourde charge financière pour la sécurité sociale. Pour sa part, le président du syndicat national des pharmaciens d'officine a indiqué que "le problème auquel font face les opérateurs reste la loi de 1998. En mai 2008, le gouvernement a introduit quelques modifications concernant les marges bénéficiaires applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments à usage de médecine humaine... La loi met le médicament originel ou princeps et le générique sur la même fourchette de prix, c'est contre la politique du générique". Enfin, selon le professeur Amalou, représentant de la CNAS, 52 millions d'ordonnances sont remboursées annuellement et 20% des médicaments, en majorité importés, absorbent 80% des remboursements par la sécurité sociale. Toujours selon M. Amalou, le générique peut fortement participer à la réduction de la facture des produits pharmaceutiques. Nous sommes donc en présence d'un consensus des différentes parties prenantes pour une politique de développement d'une industrie nationale de production de médicaments génériques. Dans de telles conditions, on peut légitimement s'interroger sur les forces qui tentent de s'opposer à la concrétisation de cette volonté maintes fois affirmée par les autorités. La production locale, qui représente actuellement environ 40% du marché national, devrait atteindre 65% à moyen terme, selon les prévisions des professionnels qui estiment que le potentiel pharmaceutique national actuel permet d'atteindre cet objectif, notamment avec les projets en cours de réalisation d'investissement dans le secteur. Ainsi, le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), Abdelouahed Kerrar, estime que "si les projets d'investissement dans le domaine de l'industrie pharmaceutique se concrétisent, ils permettront de placer l'Algérie en position de force, non seulement pour couvrir le marché national mais surtout pour exporter". Souhaitons-le.A. H.
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Posté Le : 15/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A HAMMA
Source : www.liberte-algerie.com