L'ONS a publié les dernières statistiques relatives au secteur industriel public. Il en ressort que la production du secteur a chuté de 2,6 % au premier semestre 2010 par rapport à la même période de l'année dernière. Cette baisse est le résultat aussi des chutes enregistrées au cours des premier et deuxième trimestres de 2010 avec respectivement -2,7 % et -2,6%. Il faut espérer que ce n'est pas là une tendance lourde qui risque d'hypothéquer la stratégie des pouvoirs publics de redynamiser le secteur industriel en général.Selon les indications de l'ONS, la cause de cette baisse est due aux industries manufacturières qui ont connu un recul de -6,1 % au cours du 1er semestre 2010 après avoir enregistré une hausse prometteuse de 3,1 % au 2e semestre 2009. A l'exception du secteur «Bois et papier» qui progresse de 9,8 %, tous les autres secteurs ont régressé de manière inquiétante au 1er semestre 2010 par rapport à la même période de 2009. Qu'on en juge à travers quelques chiffres. Les industries sidérurgiques, métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE) ont reculé de -15,5%; la chimie, le caoutchouc et le plastic ont chuté de -11,5 %; l'agro-alimentaire a régressé de -9,3 %; les matériaux de construction, malgré le maintien de la dépense publique en faveur du BTPH, a certes faiblement reculé de -2,8 %. Le secteur des hydrocarbures a connu, quant à lui, une légère progression de 0,9 % au 1er semestre 2010 par rapport au 2e semestre 2009.Quand on analyse les chiffres relatifs à cette conjoncture, l'on ne peut s'empêcher de relever que les baisses sont importantes et qu'ils permettent de conclure que le secteur public industriel est dans une mauvaise passe. Certes, la crise mondiale n'a pas fini de faire des ravages mais, une chose est sûre, elle ne peut expliquer à elle seule le marasme constaté d'un secteur-clé pour le développement futur. En effet, les pouvoirs publics misent considérablement sur sa relance pour fortifier la croissance économique sur des bases saines et durables d'une part et contribuer ainsi à l'émergence d'une économie productive capable de soutenir la concurrence étrangère et dégager des surplus à l'exportation, d'autre part. Cette nouvelle approche est consignée dans la nouvelle doctrine économique, financière et commerciale mise en œuvre dans le cadre de la Loi de finances complémentaire pour 2009.Les pouvoirs publics ont consacré une enveloppe de 333 milliards de dinars pour la mise à niveau de 14 EPE d'importance, c'est-à-dire celles qui pourraient contribuer à modifier favorablement la structure de la croissance. Or, il se trouve que les secteurs qui ont connu une chute de leur production entre le 1er semestre 2009 et celui de 2010 figurent justement parmi les bénéficiaires de cette enveloppe. A cette initiative, il faut souligner que le programme 2010-2014 alloue à l'industrie une enveloppe de 2000 milliards de dinars.Les objectifs visés par toutes ces mesures est de faire émerger une économie productive, d'une part et encourager les moyens nationaux de réalisation, d'autre part. En outre, l'instauration du crédit documentaire vise indirectement à protéger des pans entiers de l'économie nationale contre les importations «sauvages». Par ailleurs, la revalorisation des salaires du secteur public économique et l'augmentation du SNMG auraient dû agir comme un stimulant pour améliorer la productivité et, in fine, la production, tout en portant les efforts sur le prix et la qualité des produits.Les contreperformances du secteur public productif doivent attirer l'attention des autorités pour envisager soit des mesures drastiques de redressement, soit la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie industrielle avec comme axe central la recherche de partenaires étrangers. L'Etat ne peut indéfiniment recourir à de la dépense publique pour soutenir un secteur industriel qui a du mal à faire sa mue. Les ressources publiques vont se raréfier progressivement, ce qui pose déjà la problématique de leur utilisation de manière rationnelle et efficiente. Il y a donc une réflexion à engager dès maintenant pour envisager son avenir avec responsabilité et sérénité.Il faut également souligner que l'environnement de l'entreprise est loin d'être parfait pour lui permettre de progresser favorablement. Beaucoup de réformes restent à parachever dans des secteurs vitaux comme le secteur bancaire ou l'administration économique en général. A l'avenir, le secteur bancaire doit se substituer impérativement à la dépense publique pour le financement des entreprises. C'est une règle de l'économie de marché et l'intervention de l'Etat, dans ce cadre, ne peut àªtre qu'exceptionnelle. C'est la raison pour laquelle il est urgent de faire émerger un marché financier digne de ce nom.L'ONS aurait dû accompagner les résultats de l'activité du secteur public industriel par ceux du secteur privé pour avoir une vue d'ensemble de la situation de l'industrie algérienne, en général. Cette approche pourrait aussi aider les pouvoirs publics à mesurer les problèmes à prendre en charge et l'efficacité des politiques mises en œuvre.
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Posté Le : 13/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Par le Dr Salah Mouhoubi.
Source : www.horizons.com