Algérie

SECTEUR DU DEUX-ROUES EN ALGÉRIE


SECTEUR DU DEUX-ROUES EN ALGÉRIE
L'Algérie observe ces dernières années un plus grand usage des deux- roues chez la population. Le marché de la moto est, en effet, en pleine expansion, mais la culture de ce moyen de transport fait défaut sur la route. Les motocyclistes, à travers leur conduite, mettent souvent leur vie et celle d'autrui en danger. Les citoyens se plaignent, plus particulièrement les automobilistes, et pensent que cette catégorie ne se sent pas concernée par le code de la route. C'est aussi l'avis de la police qui, si elle a réussi à imposer la ceinture de sécurité pour les automobilistes, n'arrive pas à le faire pour le port du casque chez les motocyclistes. C'est la contravention la plus fréquente enregistrée par la police en ce qui concerne cette catégorie d'usagers de la route. Et pas seulement, puisque à la base, beaucoup conduisent de grosses cylindrées sans permis de conduire. Pour cela, la police, à qui on reproche une certaine passivité vis-à-vis des motocyclistes, est souvent indexée. Parallèlement, il faut dire que très peu d'auto-écoles assurent le permis de conduire pour moto. Sur la place d'Alger, ils se comptent sur les doigts d'une seule main. Certains en raison du manque de clientèle, alors que d'autres ne voient pas l'utilité d'enseigner le code de la route pour cette catégorie du moment que les panneaux de signalisation et les voies réservées aux motocycles n'existent même pas sur nos routes. L'Algérie, qui dépense des milliards pour la construction de routes, n'a, en effet, jamais envisagé des voies cyclables. Sur ce point, les motocyclistes s'estiment lésés, surtout que les automobilistes pensent généralement que la route leur appartient exclusivement. Dans un autre chapitre, le problème de l'assurance pour moto se pose souvent chez les usagers. Les compagnies d'assurances sont très réticentes. Les raisons peuvent être multiples, mais les spécialistes les résument en un seul point : 80% des motos et scooters assurés ne sont pas conformes, ou bien les propriétaires veulent assurer leurs motos avec un simple reçu. Ce qui rend souvent le dédommagement difficile. Surtout que l'importation des véhicules à deux roues en Algérie ne se fait pas toujours selon la réglementation en vigueur. En plus de la contrefaçon, beaucoup de motos sont importées sans certificat d'homologation ni carte grise.FERRERRO GAZIELLA, REPRÉSENTANTE DU GROUPE PIAGGIO EN ALGÉRIE :«Il faut moraliser et vulgariser le secteur du deux-roues»Peut-on dire que le marché de la moto en Algérie est en pleine expansion ' Si c'est le cas, quelle place y occupe Piaggio 'Nous dirons plutôt que le marché algérien est naissant et qu'il commence timidement à évoluer vers des objectifs prometteurs. Le groupe Piaggio, représenté par son distributeur GNMoto, avec ses firmes Vespa, Aprilia, Moto Guzzi, Gilera, est sur le marché algérien dans le but, évidemment, de s'assurer une place de leader. La renommée internationale de Piaggio, en matière de recherche et de développement continu, pour ce qui concerne surtout la sécurité du véhicule et le respect de l'environnement, l'économie d'énergie, ainsi que l'intégration des nouvelles technologies, donne au groupe Piaggio un avantage certain pour la conquête de n'importe quel marché.La présence de beaucoup de marques sûres n'est-elle pas justement un signe d'épanouissement du marché de la moto en Algérie 'Pas forcément, si l'on considère le marché algérien, où la profusion de marques, apparues ces dernières années, d'origines diverses, notamment beaucoup d'Asie, ne reflète pas toujours un niveau de qualité, de sécurité et de service après- vente, que devrait attendre le consommateur. Cet état de fait crée en quelque sorte une concurrence déloyale, en termes de prix par rapport aux grandes marques affirmées, dont le groupe Piaggio, qui privilégie les critères de qualité, de sécurité, de modernité et de SAV. Ce qui n'est malheureusement pas le cas pour d'autres, qui préfèrent s'investir dans une stratégie purement mercantile.Il y a certaines marques qui font peur sur la route. Peut-on justement parler de contrefaçon dans le domaine de la moto 'Il est clair qu'en matière de contrefaçon, le secteur du deux-roues n'échappe pas à ce fléau. Normalement, un véhicule deux-roues, scooter ou moto, importé selon la réglementation algérienne en vigueur, doit être vendu avec son certificat d'homologation ainsi que sa carte grise, comme un véhicule automobile, la règle est la même. Mais sur le terrain, il en est tout autre, et les infractions à la loi sont légion. Pas d'homologation, ni carte grise, le plus souvent, lors de l'achat de certains véhicules c'est un simple bon de livraison ou reçu qui est présenté.Le problème de l'assurance moto revient souvent chez les usagers. Qu'en est-il réellement 'Je peux comprendre les assureurs, ils ont peur de quelque chose dont ils ne connaissent pas la nature. Les 80% des motos et scooters assurés ne sont pas conformes ou bien les propriétaires veulent assurer leurs motos avec un simple reçu. Si moi j'ai une moto qui n'est pas en règle comment puis-je l'assurer ' S'il arrivait quelque chose, comment l'assurance pourrait-elle payer les dommages ' En ce qui concerne GN Moto, nous livrons tous nos véhicules en parfaite conformité avec la réglementation algérienne et mondiale, avec carte grise, facture et agrément d'homologation. Si nous voulions les exporter dans un autre pays, les immatriculer et les assurer, ils seraient parfaitement en règle.N'est-ce pas les accidents de la route très fréquents chez les motocyclistes qui rendent les assureurs réticents 'Du fait justement que l'Algérie est un marché naissant, il n'existe pas encore une «culture» du deux-roues, telle qu'elle existe dans certains pays, comme par exemple l'Italie. De ce fait beaucoup de jeunes arrivent au scooter ou à la moto sans vraiment avoir reçu la moindre formation. Le respect des règles élémentaires du code de la route est quasiment ignoré, ainsi que les mesures de sécurité passive de base, telles que le casque, les protections, etc. Le résultat est qu'il y a de nombreux accidents, pour la plupart dramatiques, qui, chaque jour, endeuillent des familles. On peut comprendre donc la réticence de certaines sociétés d'assurance. Cela dit, c'est aux organismes compétents d'assurer le respect du code de la route. Donc, il y a un réel problème de fond, à traiter en urgence, et cela relève des pouvoirs publics, qui doivent agir en conséquence, avec les moyens légaux, pour moraliser et vulgariser le secteur du deux-roues, si l'on veut inverser la tendance. Le scooter ou bien la moto sont utiles et nécessaires quand on veut délivrer des médicaments par exemple, du courrier, ou bien des colis urgents. Seulement il faut utiliser un véhicule sûr et construit selon certaines règles et normes étudiées.Quelle idée avez-vous de la sécurité routière et des motocyclistes en Algérie 'Il est un fait indéniable, c'est que vu la congestion des routes algériennes, beaucoup de secteurs et services vont effectuer des transitions vers le deux-roues, comme cela s'est déjà fait depuis longtemps dans d'autres pays. Le deux-roues a de nombreux avantages, mais nous l'avons dit dans la question précédente, tout est une question de respect et d'application des règles et lois en matière de sécurité, du code de la route, de formation, d'adéquation des véhicules aux conditions locales et enfin, très important, la qualité du SAV. Donc, sur tous ces plans, il reste énormément d'actions à entreprendre, à très court terme, comme promouvoir des écoles de formation pour les conducteurs et les mécaniciens.M. M.NAIT EL HOCINE AHMED, COMMISSAIRE PRINCIPAL à LA DIRECTION DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE :«Il faudra revoir les peines à l'encontre des contrevenants»Malgré un dispositif mis en place pour durcir le contrôle des motocyclistes, le commissaire principal à la direction de la sécurité publique de la DGSN, Naït El Hocine Ahmed, pense que cela reste insuffisant. Il suggère, en plus de l'amende, l'intégration de peines complémentaires à l'exemple de la mise en fourrière de la moto du contrevenant.Acrobaties, dépassements dangereux, excès de vitesse, non-respect des panneaux de signalisation, stationnement anarchique... C'est en somme le comportement quotidien des motocyclistes constaté sur la route par la police. Le commissaire principal Naït El Hocine Ahmed estime que «c'est une catégorie d'usagers qui ne se sent pas concernée par le code de la route». Il affirme, en effet, que des instructions ont été données pour durcir le contrôle de cette catégorie vu les dépassements enregistrés, mais il reste que «cela relève du civisme, car nous ne pouvons pas mettre derrière chaque motocycliste un policier». Il considère à ce propos, qu'après la mise en place de ce récent dispositif, il y a eu un petit changement positif, mais que cela reste insuffisant. «Il faudra peut-être revoir les peines juridiques à l'encontre des contrevenants», suggère- t-il. L'amende pour le non-port du casque, qui représente l'infraction la plus courante chez les motocyclistes, est de 2 000 DA, avec immobilisation de la moto jusqu'à cessation de l'infraction, c'est-à-dire jusqu'à ce que le motocycliste ramène son casque. «Beaucoup de motocyclistes ne le possèdent pas et partent généralement l'emprunter chez une de leurs connaissances, le temps de récupérer la moto au niveau du barrage de police. Nous savons tout ça, mais nous ne pouvons rien faire. C'est pour cela que je suggère, en plus de l'amende, l'intégration de peines complémentaires à l'exemple de la mise en fourrière de la moto, surtout pour les infractions qui peuvent être génératrices d'accidents. Il faudra aussi qu'il y ait des spécificités pour certaines infractions», conclut-il.M. M.MOULOUD HADJIRAS, PATRON D'UNE AUTO-ÉCOLE à ALGER :«Je ne veux pas avoir de sang sur les mains»«J'ai acheté une moto pour faire cette catégorie mais j'ai aussitôt vendu et abandonné ce créneau. C'est qu'il y a beaucoup d'accidents et de victimes dans cette catégorie motorisée et je ne veux surtout pas avoir de sang sur les mains. C'est plus par souci de conscience, car ça ne sert à rien d'apprendre à ces jeunes le code de la route alors que les panneaux de signalisation et les voies réservées aux motocycles n'existent même pas sur nos routes. Et puis il faut dire que les usagers ne respectent pas aussi les mesures de sécurité. Pourtant, l'examen du permis de conduire de catégorie motocycle est strict et les ingénieurs font leur travail comme il se doit. Si le candidat ne vient pas avec le gilet, les gants, le casque et les genouillères il est immédiatement renvoyé par l'examinateur. Mais après, la sécurité et la prévention ne suivent pas sur les routes. Il faut dire qu'il y a un réel problème de sécurité routière et la moto a particulièrement ses règles de conduite. Un dos d'âne anarchique ou non signalé peut facilement la renverser et causer mort d'homme. Il y a d'ailleurs à peine deux semaines, en essayant d'éviter un nid-de-poule, deux jeunes hommes à bord d'une moto, à «Café Chergui», ont glissé sous un camion y laissant leur vie sur-lechamp. »M. M.De l'image des petits voyous aux jeunes costumés, en attendant la gent féminine !Dans l'inconscient collectif des Algériens, l'image de la moto est souvent associée aux malfrats et petits voyous. Piétons et automobilistes les évitent, la police leur fait des concessions. Ils sont généralement vus comme étant des gens à problèmes à qui il ne vaut mieux pas avoir affaire. Pour beaucoup, un conducteur de moto ne peut être qu'un chômeur oisif ou un repris de justice qui porte certainement sur lui une arme blanche. Mais est-ce réellement et toujours le cas ' Ces dernières années, la tendance a plus au moins changé et la moto n'est pas d'usage que par cette catégorie de la société. Elle est en passe de devenir un outil de travail quand ce n'est pas un moyen de déplacement pour se rendre au boulot. Face au problème des embouteillages et l'inconvénient du stationnement, beaucoup de jeunes investissent, en effet, dans le scooter. Rapide, facilement maniable, il se faufile dans les bouchons, ne prend pas beaucoup de place et consomme moins de carburant que la voiture. Beaucoup le trouvent pratique. Même les entreprises et commerces qui font du service à domicile se tournent graduellement vers la moto pour assurer certaines livraisons ou services après- vente. Ce n'est donc plus que de repoussantes silhouettes habillées en survêtement et training qu'on aperçoit sur les motos mais aussi de jeunes cadres en costume-cravate ou autres tenues de travail, en attendant que la gent féminine y adhère et inverse totalement la tendance.M. M.Plus de 1 300 accidents de la circulation causés par des motocyclistes depuis le début de l'annéeEntre janvier et juin 2014, la police a enregistré à travers le territoire national 9 325 accidents de la circulation en zones urbaines dont 1 373 sont causés par des motocyclistes. Selon les chiffres communiqués par la direction de la sécurité publique de la DGSN, cette catégorie a commis 5 961 infractions du code de la route durant la même période et dont 2 649 sont liées au port du casque.


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