Décidément, ça bouge au ministère de l'Industrie et des Mines. Le département d'Abdesselem Bouchouareb s'apprête à activer, sous injonction présidentielle, les préparatifs aux fins de mettre sur rail le fort ambitieux plan gouvernemental visant à insuffler une nouvelle dynamique au secteur des mines. Il y a une semaine ont été, pour ce faire, officiellement installés les dirigeants du Groupe Public Manadjim El Djazaïr (Manal), créé en remplacement de la SGP Somines.Ce plan sur lequel d'aucuns nourrissent l'espoir de voir s'apaiser les vulnérabilités économiques accentuées par la crise pétrolière et la décrue des ressources du pays qui en découle, a été élaboré en juin 2014, débattu à l'APN lors de la session de l'automne, et approuvé par Bouteflika lors de l'avant-dernier Conseil des ministres, a indiqué à El Watan Economie le député Smaïn Kouadria, membre permanent de la commission parlementaire des affaires économiques, du développement, de l'Industrie, du Commerce et de la Planification. Il précisera qu'un dispositif de mise en ?uvre de la loi sur les mines a déjà été mis en place et une feuille de route tracée, et que l'équipe dirigeante de Manal doit suivre en vue de «redynamiser le secteur à partir du gaz naturel et des phosphates.A ce titre, il est prévu de réaliser un méga complexe de fabrication de tous types d'engrais phosphatés à forte valeur ajoutée, destinés aussi bien au marché national qu'à l'exportation.» Abdesselem Bouchouareb «semble déterminé» à faire jouer les synergies entre le secteur des mines et de l'industrie. L'idée est que le secteur des mines doit bénéficier de la dynamique enclenchée par la vision pour 2020-2025 en vue de relancer l'industrie nationale et booster les recettes hors hydrocarbures.Seront, dans cette perspective, conduits des programmes d'exploitation et d'études des gisements potentiels miniers de chaque wilaya. «Avec la relance de la recherche minière, il est prévu l'ouverture de nouvelles exploitations minières de zinc et de plomb à Béjaïa, Sétif et Batna, de la baryte (produit utilisé dans le forage des puits pétroliers) à Béchar, de la bentonite à Tlemcen, de l'or à Tamanrasset, le doublement de la production du marbre et de sel, ainsi que la relance des gisements du kaolin à Hammam Dbagh (Guelma), et Milia, du feldspath à Séraïdi (Annaba)», détaille M. Kouadria.Aussi, dans la nouvelle stratégie tracée par le gouvernement, l'accent est particulièrement mis sur le projet intégré portant valorisation optimale du minerai de fer de Gara Djebilet et de Mecheri Abdelazziz. Certes, en la matière, le pays n'en est pas à sa première initiative ? le projet devait être lancé par Sonatrach en 2008 ?, mais plusieurs indicateurs montrent que cette fois sera la bonne car «l'approche est différentes et la prise de conscience générale pour ériger le secteur minier parmi les secteurs réellement productifs et bien portants. D'autant que le président de la République a donné des instructions fermes dans ce sens», estime pour sa part une source proche du Groupe public Manal, propriétaire de la société nationale du fer et des phosphates Ferphos Group.Marché porteurPourtant, durant cette période, une place à prendre sur le marché international du minerai de fer enrichi et des pellets il n'en manquait pas. Et, savoir où aller, comment et avec quels moyens, le ministre de l'Energie et des mines de l'époque ne s'y intéressait que très peu. Avec l'argent qui coulait à flots, sa priorité était, apparemment, de nature tout autre : négocier ses commissions sur les gros contrats pétroliers avec les multinationales.Car, au moment où des industries de traitement du minerai de fer se mettaient en place dans nombre pays en développement et en particulier en Inde qui fournit environ 3% de la production mondiale d'acier, poursuit l'ex-cadre supérieur de la société de fer et des phosphates à laquelle fut également bloquée la route lorsqu'elle projetait de lancer dans divers produits à base de minerai de fer comme l'hématite ? un oxyde de fer fortement utilisé dans l'industrie pétrolière dont les boues de forage pétroliers et qui n'est pas fabriquée en Algérie ?, les décideurs du ministère de tutelle nageaient à contre-courant.Et ce, malgré la fermeté du Conseil des participation de l'Etat (CPE) quant à l'exploitation impérative des deux gisements de Gara Djebilet et Mecheri Abdelazziz vu les avantages considérables que pouvait en tirer le pays : il était notamment question d'exporter le maximum de minerai de fer à partir des ports d'Alger, Oran, Annaba et Makha, de transformer sur place le minerai de fer en éponge de fer ou en modules de réduction direct (DRI), en partenariat avec des pays comme l'Angleterre, la Chine et ceux de l'Union européenne (UE).Etait également envisagée la modernisation du port d'Oran et la mise sur pied d'autres infrastructures portuaires spécialisées à partir desquelles pouvaient être exportées jusqu'à 50 millions de tonnes de minerai vers les pays arabes et l'UE. La transformation de préréduits en acier avec la mise en place d'aciéries électriques sur place et une centrale thermique pour l'exportation de demi-produits (billettes et bromes), ainsi que l'installation en partenariat d'unités de transformation des demi-produits en produits finis (laminoir à fil et rond, produits plats, aciers finis et spéciaux, profilés et autres), étaient les deux autres volets sur lesquels était axé le projet Gara Djebilet-Mecheri Abdelazziz.Par ce projet «mort-né», notre pays entendait s'inscrire dans les perspectives mondiales pour 2006/2009/2012 portant sur la réalisation de nouvelles capacités de production avec des objectifs ciblés totalisant 340 millions de tonnes (dont les 2/3 de façon certaine). Aussi, de 2009 à 2012, ont pu être introduites des capacités supplémentaires de plus de 150 MT, car le marché était en appétit féroce, la consommation mondiale ne cessant de croître d'année en année pour dépasser 1,3 milliard de tonnes/an principalement absorbé par la Chine qui a vu sa demande interne sextupler ; de 125 MT en 2000 à 716 MT en 2012, entraînant de fait une hausse vertigineuse des cours du minerai de fer. Mieux, durant cette même période (2009-2012), la plupart des pays de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord (MENA) avaient développé leur propre production par Réduction Directe du minerai de fer phosphoreux par le gaz naturel disponible en abondance.Ce qui leur a permis de porter leur production de 4 MT à plus de 25 MT/an. Entre-temps, l'Algérie qui estimait pouvoir s'en passer, avait préféré rester hors course. Un projet qui était jugé par voix officielle «économiquement non viable jusqu'en 2009 : les prix prévisionnels à l'exportation étant supérieurs aux cours mondiaux du fait des couts de traitement du minerai de fer et surtout du transport mine-port», les deux points d'achoppement alors mis en avant par le département de Chakib Khelil pour justifier son abandon, bien que Sonatrach ait décroché, une année auparavant, les titres miniers auprès de l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM), s'avère être, quelques années après, un projet fort porteur et déterminant.
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Posté Le : 02/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Naima Benouaret
Source : www.elwatan.com