L’affaire Khalifa et ses conséquences Le procès de l’affaire Khalifa, qui s’est ouvert lundi dernier devant le tribunal criminel de Blida, durera au moins un mois, ont affirmé hier des sources proches du ministère de la Justice. En plus du patron du groupe, Abdelmoumène Khalifa, exilé depuis 2003 en Angleterre, 104 autres personnes sont poursuivies pour «association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels». Plus de 200 personnes seront convoquées aussi au titre de témoins à charge et à décharge. Il s’agit-là du plus grand scandale financier que l’Algérie ait connu. Le principal accusé dans cette affaire, Abdelmoumène Rafik Khalifa, ancien PDG du groupe «Khalifa», a fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux. Les audiences seront consacrées au volet principal de l’affaire qui porte sur un «trou» de 3,2 milliards de dinars algériens constaté dans la caisse principale de la banque à la suite d’irrégularités dans la gestion des dépôts. La Khalifa Bank, épine dorsale du groupe, avait été mise en liquidation en mai 2003 après la découverte de ce «trou» de caisse, selon l’enquête. La chute de l’empire Khalifa a révélé à partir de 2003 une série de scandales bancaires. Cette affaire allait produire une cascade de scandales financiers, dont l’un des protagonistes fut la Banque commerciale et industrielle d’Algérie (BCIA), deuxième banque privée du pays après Khalifa Bank. La BCIA, liquidée en août 2003 pour «insolvabilité», émettait des traites et des lettres de change qu’elle ne pouvait honorer. Son procès aura lieu à partir du 27 janvier devant le tribunal criminel d’Oran. L’ancien PDG de l’établissement public, la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR), Farouk Bouyacoub, reconnu coupable d’octroi de crédits sans garantie, a été condamné en novembre à trois ans de prison ferme, en même temps que trois cadres de la banque et le directeur général de la société privée bénéficiaire, Digimex. Un autre procès, impliquant trois Algériens, qui viennent d’être extradés par le Maroc, est attendu dans les prochaines semaines. Les trois prévenus sont accusés de «complicité dans le détournement de deniers publics, émission de chèques sans provisions, escroquerie et faux et usage de faux», au détriment de la Banque nationale d’Algérie (BNA). Le principal accusé, Abderrahmane Achour, le «cerveau» de l’affaire du détournement dite de la BNA qui a coûté au Trésor algérien plus de 30 milliards de dinars a été finalement extradé vers l’Algérie après une lourde bataille judiciaire. L’ex-banquier algérien et deux autres ressortissants algériens connus seulement par leurs initiales (H.M. et A.R.). Abderrahmane Achour est présenté comme l’un des principaux responsables de détournements ayant eu lieu entre 2002 et 2005 et portant, pour ce qui le concerne, sur plusieurs centaines de millions de dinars. Au total, ce sont près d’une trentaine de personnes qui sont poursuivies dans le cadre de ce dossier. Près d’une dizaine d’entre elles ont fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux au Maroc et en Grande-Bretagne. Les détournements en question dans cette affaire auraient été facilités par les responsables des succursales de la BNA à Koléa, Cherchell et Bouzaréah. Des hommes d’affaires ayant créé des sociétés fictives ont bénéficié d’importants prêts de l’ordre de plusieurs milliards de dinars sans fournir de garanties pour le remboursement. Les montants ainsi détournés auraient été acheminés vers plusieurs pays à l’étranger. Lesdits responsables de la BNA prélevaient un pourcentage sur les prêts consentis. Depuis 2003, les autorités algériennes ont retiré l’agrément de plusieurs petites banques privées dont la solvabilité leur a paru douteuse. Il s’agit notamment d’Union Bank et de l’Algerian International Bank (AIB), deux petites banques d’affaires, installées dans l’euphorie de l’ouverture du marché. Conséquences de ces révélations de fraudes bancaires: le débat sur la corruption bat son plein en Algérie, alors que le gouvernement vient d’annoncer l’élargissement du champ d’intervention de l’Inspection générale des finances (IGF) aux entreprises publiques économiques pour prévenir de futures malversations. Le président Bouteflika a publiquement tancé son ministre d’Etat et leader du MSP Bouguerra Soltani, qui avait déclaré détenir des «dossiers» sur la corruption impliquant de hauts responsables politiques. Dans un discours télévisé le 9 décembre dernier, le chef de l’Etat a sommé Soltani de remettre à la justice les dossiers qu’il prétend détenir et de «ne pas en faire un fonds de commerce politique».
Posté Le : 10/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com