Secrétariat national de l'UGTA : Une élection au «forceps»

Le suspense aura duré toute la journée. La réunion de la commission exécutive nationale (CEN) de l'UGTA organisée hier à l'hôtel Essafir s'est déroulée globalement dans le calme, mais pas dans la sérénité puisque le climat était pour le moins «délétère» dans la salle «Abdelhak Benhamouda» où 264 syndicalistes étaient venus élire le bureau du secrétariat national qui sera composé d'une douzaine de membres. Il faut savoir que le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a annoncé la couleur dès la matinée. «Chassez de vos esprits tout règlement de compte», a-t-il averti d'emblée lors de son allocution d'ouverture.

Le patron de la centrale syndicale qui a eu certainement vent la veille de l'éventualité de la survenue de «problèmes» lors de cette réunion intervenant après le 12ème congrès, tenu il y a quatre mois et qui a vu Sidi Saïd succéder à lui-même, a été tantôt tranchant et offensif, tantôt réconciliant et rassembleur. Tout le monde aura compris dans la salle que le secrétaire général de l'UGTA s'adressait à deux belligérants sans les nommer ni donner d'indication sur leurs motivations. «Aujourd'hui, ce n'est pas une journée pour les conflits et il est impératif que les camarades surmontent les faux problèmes», dira Sidi Saïd. «Les conflits sont exclus», dit-il sur un air menaçant. Et de souligner que «la responsabilité est lourde et que personne n'a le droit de blesser son frère».

Sidi Saïd semblait parler à un groupe de syndicalistes en particulier mais à aucun moment il ne désignera quelqu'un. «L'UGTA, c'est la prospérité des travailleurs, de tous les syndicalistes et de la République», tente-t-il de convaincre en rappelant à chaque fois les sacrifices de nombre de syndicalistes de l'UGTA, dont certains «sont morts pour la cause», a-t-il indiqué devant les membres de la commission exécutive nationale venus des quatre coins du pays. «Je fais appel à votre coeur, votre conscience pour faire de l'UGTA une organisation qui relève toutes les difficultés», poursuit-il encore en exhortant l'assistance à «l'alléger du fardeau» qu'il porte sur le dos.

A 10 h 30, soit à peine 30 minutes après le début des travaux de la CEN, la séance fut levée pour permettre aux candidats de postuler pour les 12 postes dont sera constitué le secrétariat national. Sidi Saïd n'a laissé aucune chance aux syndicalistes présents à la réunion de «perturber» la séance comme cela s'est passé lors de la tentative d'élection du secrétaire général adjoint lors du 12ème congrès de l'UGTA et qui a vu deux clans se battre pour le même poste. En marge de la réunion, Sidi Saïd s'est abstenu de faire une quelconque déclaration à la presse mais paraissait serein et quelque fois même n'hésitant pas à raconter des blagues aux journalistes qui étaient à l'écoute. Dans les coulisses, on parle d'une réunion organisée par Salah Djenouhat avec ses partisans mais aucune information n'a filtré sur ce qui s'y est dit.

14 h 15, retour à la salle des réunions. Sidi Saïd reprend encore une fois la parole et rappelle encore une fois que le choix des électeurs «doit être responsable». «Mon conseil c'est de voter pour l'intérêt général», a-t-il déclaré en remerciant au passage les candidats qui se sont retirés de la course. En tout, la liste a été arrêtée à 26 candidats qui postuleront pour 2 postes pour le Sud, 4 pour l'Est, 3 pour l'Ouest et 3 autres pour ce qui est de la région centre. Quelqu'un dans la salle a voulu donner de la voix mais a vite été remis à l'ordre par Sidi Saïd qui lancera que «celui qui est contre, la porte est ouverte». Sur ce, la séance fut encore suspendue pour rassembler toutes les candidatures.

16 heures passées, les 264 membres de la CEN reprennent leurs places dans la salle pour procéder à l'élection à bulletin secret des 12 membres du secrétariat national de l'UGTA. Le patron de la centrale syndicale est descendu de la tribune pour aller s'asseoir à côté de Salah Djenouhat puis quittera la salle et disparaîtra quand son téléphone a sonné. Le vote s'annonce long.